Transidentité - analyse

Japonais


Avant de commencer, voici la liste des délimiteurs utilisés dans iTrameur:

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ATTENTION à ne pas oublier l’espace en début de liste


Tout d’abord, il faut savoir qu’en japonais, “transgenre” se dit “トランスジェンダー”. Si on devait le retranscrire en utilisant alphabet cela nous donnerait “toransujendaa”: on peut constater qu’en réalité le terme japonais a été calqué directement de l’anglais “transgender”, comme il arrive communément en japonais lorsqu’il s’agit de “nouveaux” mots. Ceux-ci sont facilement reconnaissables car écrits en katakana.

Mais comme les emprunts en japonais ne sont pas notre sujet, nous n’allons pas expliciter plus que ça, mais si la question vous intéresse, nous pouvons vous renvoyer vers la page wikipédia sur ce sujet, qui nous semble plutôt complète (et ici, vous avez une liste non exhaustive si vous voulez voir d’autres exemples de garaigo, ces fameux emprunts).

Analyse

Analyse des formes de "トランス"

Après cette petite parenthèse, débutons notre analyse du corpus japonais sur iTrameur, en commençant par consulter le dictionnaire sur les formes de “トランス” (“trans”):

Dictionnaire des formes de トランス

*transji & transje: quand on regarde dans les concordances, on se rend compte qu’il s’agit de “transgenre”, mais qui a été probablement mal tokenisé.

**transgenre: celle ci est une orthographe différente et plus rare, mais pas nécessairement incorrecte. La différence avec la manière dont “transgenre” est plus généralement écrite, soit “トランスジェンダー”, c’est l’allongement à la fin, symbolisée par “ー”, qui signifie que le “a” final est un “a” long, alors que dans cette retranscription, le “a” est court.

***transgender health: quand on regarde dans les concordances, on se rend compte qu’il s’agit en réalité d’une partie du nom de l’association WPATH ( World Professional Association for Transgender Health )

A noter que les résultats proviennent de la première page uniquement; les deux autres pages ne sont pas tellement pertinentes, car elles contiennent des mots n’apparaissant qu’une fois ou deux, et sont pour beaucoup des dérivés des mots que nous venons de voir.

Maintenant, si nous nous intéressons à la ventilation de la forme ayant le plus d'occurrences, soit “トランスジェンダー” ("transgenre"), et plus précisément à sa fréquence relative (qui correspond ici au nombre d'occurences du mot dans le texte / nombre d'occurrences du mot dans le corpus), nous obtenons ce graphique:

Ventilation de トランスジェンダー

On peut remarquer que l’occurrence du mot “トランスジェンダー” varient entre 0 et 223 occurrences, dont la majeure partie se trouve entre 25 et 125 occurrences environ (oui c’est un assez grand ordre de grandeur...). Pour ce qui est du jap_3-23.txt, qui est à 0, il s’agit probablement d’un des textes où le mot a été mal tokenisé, car si nous regardons dans notre corpus cette partie-ci, on retrouve bel et bien le mot, et à priori bien orthographié:

screen トランスジェンダー

Si on regarde maintenant les cooccurrences, nous nous retrouvons avec ceci:

cooccurrences de トランスジェンダー

La cooccurrence qui revient le plus est le terme “人びと” que l’on retrouve une seconde fois plus bas sous la forme “人々”. Il s’agit en réalité du même mot, prononcé “hitobito”: le caractère “々” n’a pas de lecture ou de signification propre, puisqu'il s’agit du kanji de répétition (appelé kurikaeshi), c’est-à-dire qu’il indique la répétition de la syllabe précédente (mais dans certains cas, notamment dans des sons commençant par “h”, le “h” se transforme en “b”, comme ici avec “hitobito”), et il peut arriver que dans certains cas, comme “人びと”, le kanji de répétition soit remplacé par les hiragana, quand il n’y a pas d’ambiguïté possible.

Quant à la signification, le terme renvoie aux “gens”, un peu comme un équivalent de “people” en anglais. Quand nous nous penchons sur les occurrences du terme près de celui de transgenre, on retrouve beaucoup l’expression “トランスジェンダーの人びと” ("toransujendaa no hitobito"), soit “les personnes transgenres”: il peut donc renvoyer à un groupe de personne en particulier s’il est lié avec le mot précédent par la particule の. Une autre possibilité pour dire “les personnes transgenres” serait d’utiliser たち, qui est un suffixe pour marquer le pluriel, et qui est également présent dans le tableau. On retrouve dans les occurrences les termes “トランスジェンダーの人たち” ( “人” que nous venons de voir, et est donc prononcé “hito”, est le caractère (ou kanji) représentant une personne) qui confirme le fait que les deux expressions sont interchangeables.

Ensuite, nous retrouvons les termes 女性 ("josei") et 男性 ("dansei"), qui renvoient respectivement à “genre féminin” et “genre masculin”. Quand nous consultons les phrases où apparaissent ces cooccurrences il est aussi bien question du genre auquel s’identifie les personnes transgenres, que le genre à la naissance de ces personnes, le caractère 性 renvoyant aussi bien à “genre” qu’à “sexe” (il n’existe pas d’autre mot pour différencier les deux en japonais).

Cependant, on observe que les occurrences de “genre féminin” sont quasiment deux fois plus élevées que “genre masculin”; est-ce un hasard ou bien y a-t-il une explication? On peut voir dans certaines phrases les mots “女性差別”, 差別 (se prononçant “sabetsu”) désignant les discriminations envers les femmes. La question doit probablement être abordée dans certains articles en listant différentes discrimination notamment sur le genre, d’où son nombre d’occurrences plus élevé, mais ce n’est qu'une simple hypothèse.

A la suite de ça nous avons le mot 嫌悪 (“ken’o”), soit “dégoût”, “haine” ou encore “répugnance”, qui nous ramène à notre thématique de base, à savoir les discriminations subies par les personnes transgenres. Quand on regarde les phrases liées, le mot suit directement celui de transgenre, et est utilisé pour définir トランスフォビア (toransufobia), soit la transphobie.

Ensuite, les mots que nous continuons de voir ne sont pas vraiment pertinent: 在住 signifie “vivant à” est là pour indiquer l’endroit où vit la personne qui témoigne, ノンバイナリー ou “non-binaire” (qui n’appartient à aucun genre) mais qui n’entre pas tellement dans notre sujet, ou encore “アフリカ” qui peut sembler plus étonnant, vu qu’il s’agit de “Afrique” ou “africain”, qui était là pour qualifier une personne témoignant.


Analyse du terme "トランスフォビア"

Maintenant, nous nous penchons sur la ventilation du mot transphobie, “トランスフォビア” en japonais:

Ventilation de トランスフォビア

On constate que le mot est présent dans 5 textes seulement, et qu’il est mentionné entre 5 à 52 fois environ. Les autres textes doivent plus employer d'autres mots comme discrimination (差別), ou parler de ce sujet sans mettre de mot dessus, plutôt qu’emprunter ce terme anglais.

En ce qui concerne les cooccurrences, là non plus il n’y a pas grand chose à dire pour être honnête:

cooccurrences de トランスフォビア

Il y a peu de cooccurrence, et certaines ne sont pas tellement pertinentes, mais nous allons voir d’un peu plus près ceci: tout d’abord, le mot 嫌悪 (“ken’o”) revient à nouveau, ce qui n’est pas étonnant vu ce que nous avons observé précédemment; le mot est présent généralement pour définir ce qu’est la transphobie:

cooccurrences phrases de トランスフォビア et 嫌悪

1- “[...] et ce qui s’appelle la transphobie (la haine des transgenres)”

2- “dans cette haine on retrouve la transphobie et l’homophobie”

3- “transphobie (la haine des transgenre) et [...]”

4- “conseil contre la transphobie (la haine des transgenres)” (le “conseil contre” n’est pas certain, car il manque une partie de la phrase pour en être sûr)

5- “l’expression de la transphobie (la haine des transgenres)”

6- “la transphobie (le fait d’haïr les transgenres)”

7- “la haine des transgenres qu’est la transphobie est [...]”

Ensuite nous avons le mot コツ qui apparaît dans les deux phrases ayant un sens similaire “conseils pour lutter contre la transphobie”. Puis, nous avons “なぜ” (“nazé”), qui veut dire “pourquoi” et “起きる” (“okiru”), qui d’habitude a le sens de “se lever” mais qui ici veut dire augmenter, et qui sont liés dans deux phrases telles que: “なぜトランスフォビアが起きるのか ?”, qui veut tout simplement dire “Pourquoi la transphobie augmente-t-elle?”

Après cela, il nous reste (si on laisse de côté le point d’interrogation et la parenthèse) マネジメント, qui est un emprunt de l’anglais “management”, et qui apparaît pour parler de la transphobie au travail, mais son occurrence est faible.


Analyse du terme "差別"

Pour conclure notre analyse du corpus japonais, nous finissons par le mot discrimination, 差別 (“sabetsu”), et comme précédemment nous allons nous pencher d’abord sur la ventilation du mot, selon la fréquence relative:

Ventilation de 差別

Ce qui nous surprend, c’est qu’on peut constater que le mot n'apparaît pas dans certains textes: 9 au total, et certains ne contenaient pas non plus le mot “transphobie”. On peut supposer que les articles traitaient de ce sujet sans jamais faire référence directement à ces mots. Pour les mots présentant cette occurrence, cela varie entre 2-3 occurrences environ à 200. Les résultats sont donc très disparates comme vous pouvez le constater.

Attardons nous maintenant aux cooccurrences:

Cooccurrences de 差別

En regardant la liste des termes et leurs cooccurrents, on constate que la plupart des termes sont utilisés ensemble, et expriment plus ou moins la même idée. Regardons donc le premier mot le plus utilisé avec discrimination: c’est celui renvoyant à “prohibition” ou “interdiction”, soit 禁止 (“kenshi”). Dans les contextes où il apparait aux côtés de “discrimination”, il prend le sens de “anti”, ce qui nous donne “ 差別禁止” pour “anti discriminatoire” ou “anti discrimination”. Comme expliqué précédemment, cette formulation est très souvent liée avec d’autres mots du tableau, notamment les termes pour “ordonnances”, “loi”, etc. On peut donc supposer qu’il s’agisse d’un terme plutôt juridique, apparaissant dans des articles ayant pour sujet un texte de loi anti discriminatoire pour lutter contre la transphobie.

Que peut-on donc tirer de toute cette analyse?

Les termes entrant plus ou moins dans notre thématique et ayant le plus d’occurrences sont “トランスジェンダー” (transgenre, 759 occurrences), 性別 (“seibetsu”, distinction des sexes, 460 occurrences) que nous n’avons pas mentionné précédemment et 差別 (“sabetsu”, discrimination, 247 occurrences). Contrairement à ce que l’on pensait, le mot “transphobie”, soit トランスフォビア n’est pas tant mentionné que ça, peut-être qu’il n’est pas encore très répandu dans la langue japonaise, au même titre que toute notre thématique. Après tout, il a été assez compliqué de rassembler 50 articles sur notre thème, on peut supposer que cela est dû au fait que la question commence tout juste à être abordée dans ce pays.

Si nous comparons les occurrences de nos trois mots analysés par fréquence absolue, nous obtenons ceci:

Ventilation des trois mots jp

Sans surprise, on remarque que le mot transgenre (rouge) est en général plus utilisé (avec deux pics à 137 et 180 occurrences), alors que le mot “transphobie” (orange) est effectivement quasi inexistant, comparé notamment à “discrimination” (en jaune).

Par ailleurs, en japonais le mot pour discrimination semble avoir une connotation plus “officielle”, car le mot est très utilisé pour parler de la législation vis à vis des droits des transgenres, et de ce qui est fait pour lutter contre les discriminations envers ces personnes, tandis qu’en français nous utilisons ce mot aussi bien dans des documents juridiqes que dans le langage courant.

Autre chose étonnante, lors de nos recherches d’articles, nous croisions de temps à autres l’expression “性同一性障害” (“Seidou itsusei shougai”) que l’on peut traduit par “dyphorie de genre”: il s’agit d’un terme médical pour décrire la détresse d’une personne transgenre face à un sentiment d'inadéquation entre son sexe assigné et son identité de genre. Cette expression a même été utilisée pour chercher les derniers articles manquant, et pourtant nous ne sommes pas parvenues à retrouver correctement l’expression: elle n’était trouvable qu’en tapant le dernier mot “障害”, les deux autres mots étant introuvables… Mais en regardant les cooccurrences on pouvait croiser l’expression. Nous avons donc tenté de regarder les cooccurrents mais nous n’avions pas de résultats particuliers à constater, donc nous ne l’avons finalement pas intégré à l’analyse.

En ce qui concerne des thématiques s’étant dégagées, nous en avions parlé dans le nuage de mots, mais on retrouve celui de la législation, avec les termes de “loi” (法律 “houritsu”), “interdiction” (禁止 “kenshi”) ou encore “droit”/ “privilège” (権利 “kenri”) par exemple. Ensuite il y a le thème de la santé, avec “opération” (手術 “shujutsu”) ou “soins médicaux” (医療 “iryou”) notamment. Nous avons également des termes étant lié à des discriminations ou à la place dans la société avec “discrimination” (差別 “sabetsu”), “obstacle”/ “barrière”/ “difficulté” (障害 “shougai”), “société” (社会 “shakai”) “reconnaitre”/ “admettre” (自認 “jinin”), etc.

Si vous souhaitez comparer les occurrences des mots-clés "transgenre", "transphobie" et "discrimination" entre les langues du projet, il suffit de vous rentre dans l'onglet "Analyse"!