Une notion compliquée

Anglais

Coocurrences pour refugees

Ce qu'il faut remarquer en anglais c'est la présence de nombreux pays ou habitants : on retrouve syrian, german, Hungary... Il est important de le souligner car ces mots sont non seulement souvent absents des autres langues mais en plus ils montrent l'importance que portent les journalistes anglais à la mention de ces trois pays. Le cas syrien est moins caractéristique de la presse anglosaxone donc nous n'en parlons pas ici. Tandis que l'Allemagne et la Hongrie sont curieux car ce sont deux pays exécutant une politique complètement opposée en matière d'immigration. En effet, alors que l'Allemagne est, depuis la chute du Mur, un pays d'accueil, en particulier pour l'immigration turque et de l'ex-Yougoslavie plongée dans les années 90 dans la terrible poudrière des Balkans, à l'inverse, la Hongrie a toujours maintenu une politique plus fermée, et encore plus depuis la crise des réfugiés avec une fermeture systématique de ses frontières.

Ainsi, il est curieux de trouver dans les contextes de "refugees" deux noms de pays radicalement opposés en matière de politique d'immigration si ce n'est à titre de comparaison ou de dénonciation de cette politique opposée.

Un autre terme qui vient corroborer la thèse de la comparaison entre différents pays est "border" ou frontière en français. En effet, l'apparition de ce terme à un nombre de fréquences élevé laisse penser qu'il s'agit bien d'ouverture ou de fermeture des frontières des pays dits "d'accueil".

Nous trouvons ensuite des termes tragiques comme "suicide", "kills" ou "bomber", mots assez transparents, qui reflètent l'horreur que traversent les populations de réfugiés.

Enfin le mot le plus étrange de notre liste est "dollar". Après vérifications, il s'agit bien d'un mot propre*. On peut donc imaginer plusieurs scénarios dans lesquels l'argent et les réfugiés sont liés : d'abord pour le fait que certaines familles aient dû payer pour fuir, se sauver ; d'autres pour des raisons plus prosaiques (vol, fouille de décombres...). Enfin, la raison qui finalement revient le plus lorsqu'on lit les articles sur les réfugiés est celle des aides financières apportées par les Etats-Unis à ces groupes de réfugiés du Proche-Orient.

Concordances refugees
Tagcloud anglais

Français

Cooc français

A la différence des articles anglais, les journaux français mentionnent peu ou prou les pays concernés d'une façon ou d'une autre par les réfugiés. Cependant, il ressort des mots plus proches d'une certaine façon de la réalité quotidienne des réfugiés "camps", "mouvements", "chaotique", "demandeurs", "asile". Il est d'autant plus curieux de relever cette particularité : seuls la presse françaises parlent de camp. Serait-que pour les journalistes espagnols ou japonais, leur mention n'est-elle pas indispensable ? La réponse la plus vraisemblable est que dans le cas des pays cités juste avant, leur rapport aux vagues de réfugiés est bien plus lointaine que pour la France. En effet, il n'y presque aucun camp en Espagne, et le Japon a une politique d'immigration très fermée qui sous-entend qu'aucun camp n'est présent non plus sur leur teritoire, nous le verrons plus loins, le Japon est très éloigné de ces problèmes de mouvments de réfugiés. Le Japon n'est ps non plus une destination de choix pour les réfugiés syriens en l'occurence.

D'autre part, un mot apparaît très souvent, c'est l'ONU. Quel est le rôle de l'organisation dans cette crise, fait-elle partie des "solutions" dont il est question dans les mots fréquents ? Ce sont des questions que nous sommes en droit de nous poser compte tenu de la situation actuelle de la gestion de la crise par les plus grandes instances mondiales.

Pour finir, le terme, ou plutôt les termes qui en fait fonctionnent ensemble sont "demandeurs" et "asile". Il est curieux de voir que les articles français sont les seuls à en parler. Il est évident que la crise des réfugiés est vécue différemment selon les pays mais ce qu'il faut remarquer ici c'est le nombre élevé d'occurences de ces deux entrées lexicales. Il aurait été intéressant d'étudier également, pour ce mot, des articles allemands, dont la politique en matière d'immigration ressemble plus à celle de la France qu'à celle de l'Espagne, ne parlons même pas de celle des USA... Cette notion d'asile démarque les articles français des autres langues.

Tagcloud français

Espagnol

Ce qu'il faut remarquer avec les contextes du réfugié c'est le grand nombre d'occurrences de pays d'amérique latine. On peut relever le Mexique, mais également Cuba, le Salvador... Il est intéressant de voir que les articles espagnols parlent moins de la crise syrienne (dont il n'est d'ailleurs que très peu fait mention globalement) que du concept absolu de réfugié. L'apparition des mots "detenidos" ou "naufragio" montrent qu'il ne s'agit pas seulement des réfugiés du Proche-Orient mais de tous les réfugiés des pays touchés par une crise, peu importe son origine et ses conséquences.

En outre, ce sont les seuls articles où l'on retrouve le mot "misiones". Il est important de le signaler car si l'on suit l'actualité espagnole, on sait qu'il y a peu, de grandes aides matérielles ont été fournies aux communautés latino-américaines sur le sol des Etats-unis. Des aides non seulement significatives mais aussi officielles, ce qui compromet les choix politiques du pays.

Le mot qui nous a le plus interloqué est celui d'"elecciones". Il est curieux de voir apparaître la notion d'élections en temps de crise mondiale. Mais encore une fois, les élections présidentielles du mois de décembre en Espagne ont été l'occasion de revoir les enjeux politiques de la participation active de l'Espagne à une solution collective pour la crise des réfugiés

Cooc espagnol
Concordances refugiados
Tagcloud espagnol

Japonais

Le cas japonais est particulier. En effet, les mots les plus fréquents sont "gouvernement" (政府) et "abe" (安倍). Abe Shinzo est le premier ministre japonais, d'ailleurs on vous laisse deviner quel est le troisième mot le plus fréquent ... c'est bien "premier ministre" (首相) qui truste la troisième place du podium. En fait, la plupart des articles font mention des déclarations du chef du gouvernement après la crise. Cependant, à part le mot 'islam' et le mot 'europe', aucune autre indication ne nous permet de deviner qu'il s'agit bien de la crise des réfugiés du Proche-Orient. Le pays à revenir le plus souvent est le Myanmar (la Birmanie, "ミャンマー"), effectivement au printemps 2015, des catastrophes en Birmanie couplées aux tensions avec les pays voisins ont provoqué l'arrivée massive de réfugiés birmans en Indonésie, dont l'accueil aura été plus pacifique que les experts japonais pensaient.

Les occurrences du terme "frontières" (国境) sont également nombreuses, mais il nous est difficile d'imaginer le japon comme terre d'asile. Par sa culture protectionniste et son économie anti-progressiste, le Japon est l'antéchrist de l'Allemagne en matière d'immigration. Nous n'allons pas digresser sur la politique japonaise en matière de main d'oeuvre étrangère mais la réputation de pays xénophobe suffit à montrer la haute improbabilité de voir le Japon recevoir les réfugiés de Syrie. On peut supposer encore une fois que dans les articles, on parle des frontières de l'"Europe", mot assez fréquent, ou celles de l'Indonésie dont nous parlions à l'instant.

De façon plus générale, le cas du japonais a été compliqué à traiter et nous n'avons pas pû utiliser les contextes japonais dans le Trameur. Nous avons tenté une segmentation avec chasen qui nous permis d'obtenir une segmentation des mots dans un fichier texte séparé mais nos résultats se basent principalement sur les nuages de mots et la lecture détaillée des articles.

Conclusions

En définitive, ce qu'il faut retenir c'est que la proximité culturelle et géographique des pays dont nous étudions les articles de presse, avec les réfugiés syriens est déterminante. En effet, plus les pays sont en contact direct avec ces réfugiés, et plus les articles concerneront au plus près ces questions. De plus, on peut supposer qu'au delà d'une proximité quelle qu'elle soit, les auteurs ont également été plus proches de ces réfugiés de sorte que leurs textes permettent au lecteur de se faire une idée plus précise, et complète de ce que vivent ces populations. Pour les mêmes raisons, les articles de journaux mexicains ou japonais sont incapables d'apporter la précision parfois tragique sur ce que subissent ces communautés que possèdent des articles britanniques ou du Monde.

Nous montrons aussi que chaque langue se réfère aux "réfugiés" les plus proches géographiquement, et chaque mouvement migratoire ne fait pas face aux mêmes problèmes. De même, à travers cette étude on peut apercevoir quelle est la politique de chaque pays en matière d'immigration. La France cherche des solutions, parle de "camps" pour les "réfugiés" qui deviennent des "demandeurs d'asile" alors que le Japon fait ressortir la voix du Premier ministre et parle au final assez peu des réfugiés eux-mêmes.

* qui a été laissé après nettoyage du corpus