Remarques générales

Elizia est un programme capable de discuter avec un être humain par le biais d'un ordinateur. Après avoir échangé avec elle, on peut remarquer que, bien qu'elle sache répondre correctement à certaines phrases (merci ! – Je vous en prie !), elle donne parfois une réponse qui peut soit n'avoir aucun rapport (vous voulez aller au restaurant avec moi ? – Mieux vaut réaliser son souhait que souhaiter l'avoir fait.) soit montrer une incompréhension du sens de la phrase (vous allez bien ? – Ne m'impliquez pas là-dedans !). Néanmoins, la plupart de ses réponses sont conditionnées par des mots dans la phrase qui lui a été soumise (ça tombe bien je connais des langues étrangères – Vous semblez vous intéresser à la linguistique.) On remarque aussi qu'elle ne fait parfois aucun lien entre les échanges précédents et l'échange actuel (je ne me déteste pas, mais j'espère bien ne pas être narcissique ! – Le bonheur n'est pas avoir ce qu'on souhaite, mais souhaiter ce qu'on a. -- je suis bien d'accord avec vous – Je ne suis pas là pour parler de moi.) Enfin, Elizia a la notion du temps qui passe : après une pause, elle interroge sur la conversation (je vais vous parler de moi alors – Quel était le sujet de notre conversation déjà ?) En conclusion, Elizia, bien qu'elle reconnaisse des mots et donne des réponses en conséquence, a des difficultés pour saisir le sens complet de la phrase, ce qui lui fait parfois répondre quelque chose d'inadapté.

Echanges avec Elizia

Dans ces quinze échanges, j'ai essayé de répondre de façon logique, en m'adaptant à ce qu'Elizia écrivait :

  1. j'exprimais juste mon accord avec ce que vous veniez de dire – Vous ne parlez pas vraiment de moi, n'est-ce pas ?

  2. vous ne semblez pas saisir le sens de mes propos – Passons à autre chose.

  3. je veux bien – Pouvez-vous nommer d'autres désirs ?

  4. je mangerais bien une glace – Avez-vous bien mangé avant de venir en consultation ?

  5. je dois encore prendre un dessert – Oubliez le verbe "devoir" et remplacez-le avec "vouloir".

  6. je veux encore prendre un dessert – Mais de quoi avez-vous réellement envie ?

  7. de plein de choses – Que se passe-t-il en vous quand vous prononcez à haute voix 'de plein de choses' ?

  8. ça dépend du contexte – Comment peut-on finir par dire qu'ça dépend du contexte ?

  9. je ne comprend pas le but de la question – Avez-vous faim ?

  10. un peu à vrai dire – Il ne suffit pas de parler, il faut parler juste.

  11. comment parler juste ? – On parle toujours mal quand on a rien à dire.

  12. alors je dois n'avoir rien à dire – Il n'y a pas que'un seul chemin possible. C'est à vous de choisir.

  13. c'est beau ce que vous dites – La vie est meilleure quand on la kiffe

  14. oh, je ne vous pensais pas capable d'un tel vocabulaire ! – Je ne pense pas qu'on devrait parler de moi.

  15. je vais vous laisser – Bonne guérison ! Et n'oubliez pas de régler sous sept jours.

Comme observé dans les remarques, Elizia choisit ses réponses en fonction de certains mots de la phrase qu'on lui soumet. Par exemple, à l'échange 3, on peut supposer que la réponse d'Elizia a été conditionnée par le verbe « veux ». On note aussi que dès que la deuxième personne apparaît (ici au pluriel : vouvoiement de politesse), Elizia coupe court à la conversation et nous incite à reparler de nous, comme dans l'exemple 14.

Dans ces quinze échanges, j'ai choisi d'écrire des questions variées afin de susciter des réponses particulières. J'ai entre autres produit un énoncé en langage sms (échange 3), ai parlé de façon impolie (échange 12) et essayé d'attirer son attention (échange 4 et 5) :

  1. vous savez comment aller à Notre-Dame ? – Vous ne me payez pas pour parler de moi !

  2. t'aurais pas cent balles à me prêter ? – Pratiquez vous un sport en particulier ?

  3. lol non jm pa le spor – Pierre Desproges disait : 'On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui !'

  4. je veux mourir – Il y a deux tragédies dans la vie. L'une est de ne pas obtenir ce que l'on désire ardemment, et l'autre de l'obtenir.

  5. je vais me suicider – De quoi avez-vous vraiment peur ?

  6. t'as un gros nez crochu – Mon nez !

  7. je t'aime pas – Je vous prie d'arrêter ces enfantillages.

  8. tu es méchante – On n'a pas élevé les cochons ensemble !

  9. je suis désolée – Il n'y a pas de problème !

  10. vous êtes gentille finalement – On ne pose pas de telles questions à une dame !

  11. vous aimez lire ? – Êtes-vous sûr(/e) que vos souhaits correspondent à vos besoins ?

  12. et ta soeur ? – Définissez vos relations avec vos parents.

  13. je suis orpheline – Je suis ravie que vous réussissiez à parler de vous-même !

  14. bon allez, salut ma poule – Vous aimez les animaux ?

  15. je m'en vais – Au revoir.Ma secrétaire vous enverra la facture sous peu.

Dans l'exemple 2, Elizia interprète le mot « balle » comme un objet pour le sport et non dans son sens familier d'argent. Cela montre les limites de son vocabulaire, bien qu'elle ait connaissance des mots « kiffe » (échange 13 de la série précédente) et « lol » (échange 3). On remarque le même phénomène dans les échanges 12 et 14 : elle ne comprend pas le sens de la phrase. Néanmoins, elle réagit à une phrase sur son nez, à la forme particulière (échange 6) et à une syntaxe enfantine, ici avec omission de la particule « ne » dans la négation (échange 7).