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Pour la population palestinienne de Jéricho, le "retrait" israélien est une "mise en scène"

L'armée israélienne n'a levé qu'un seul point de contrôle, avant de l'installer un peu plus loin. Jéricho est la première des cinq villes sur lesquelles Tsahal devait desserrer son étau

Jéricho (cisjordanie) de notre envoyée spéciale

Pour les Palestiniens qui contemplent le camion-grue en action, l'opération tient au mieux d'une "belle mise en scène", au pis d'une "tromperie".

Massés derrière la barrière du point de contrôle d'Al-Douyouk, au nord-ouest de Jéricho, voyageurs et curieux ne manifestent pas le moindre signe de joie lorsqu'un soldat descend le drapeau israélien de sa position et l'enroule consciencieusement le long de sa hampe. Les quelques blocs de béton et la guérite qui suffisaient à bloquer l'entrée et la sortie de la ville, depuis 2001, s'éloignent sur le camion.

Il est 15  heures mercredi 16  mars, et chacun regagne sa voiture ou son taxi collectif, espérant un passage rapide. Mais les ordres n'ont visiblement pas suivi les discours. Malgré la remise officielle de la ville de Jéricho, par l'armée israélienne, aux forces de sécurité palestiniennes, les soldats installent des herses sur la route et poursuivent, "jusqu'à nouvel ordre", les contrôles d'identité. "Nous assumons à présent les responsabilités sécuritaires dans la région de Jéricho", a pourtant déclaré le commandant palestinien Ahmad Eid quelques instants plus tôt.

Jéricho est la première des cinq villes palestiniennes autour desquelles l'armée israélienne est censée desserrer son étau, en vertu des accords qui ont suivi le sommet du 8  février, à Charm el-Cheikh, en Egypte.

Symboliquement, l'accord sur Jéricho rend aux Palestiniens une forme d'autonomie disparue depuis plus de quatre ans  : outre le démantèlement du barrage d'Al-Douyouk, où demeure un point d'observation fortifié, l'entrée au check-point principal de la ville s'effectuera désormais sans vérification. Seules les sorties seront contrôlées et, d'ici quatre semaines, la présence israélienne pourrait se faire plus discrète.

Sans attendre, des policiers palestiniens armés ont déployé quelques drapeaux et planté leurs propres points de contrôle aux entrées de la ville. Ils sont chargés de garder sous contrôle les militants des organisations radicales. Ils pourraient aussi prévenir l'accès de Jéricho aux Israéliens. Avant l'Intifada, des milliers d'entre eux fréquentaient assidûment son casino... Mais, en dépit de ces quelques signes de souveraineté retrouvée, le scepticisme règne. Y compris chez le gouverneur du district, Sami Musallam. "L'accord sur Jéricho va dans la bonne direction, reconnaît-il. Mais le but est de lever tous les barrages de Cisjordanie et de reprendre les négociations dans le cadre de la "feuille de route" -le plan de paix international- pour mettre fin à l'occupation."

MÉFIANCE GÉNÉRALE

Plus concret, le directeur de l'usine qui met en bouteille l'eau de source locale affiche une même réserve. "Bien sûr, la suppression d'un barrage peut diminuer nos coûts de transport, indique Mohammad Amjad Shaheen, mais l'accès aux autres grandes villes palestiniennes reste entravé, et les dizaines de check-points, sur les routes, nous font perdre un temps précieux pour les livraisons."

Le jeune homme, originaire d'Hébron, dispose d'un permis de circulation, mais vit toute la semaine à Jéricho. "Entre les deux villes, il y a cinq à six barrages, je ne rentre que le week-end", dit-il. Louant les efforts du président Mahmoud Abbas pour améliorer la vie des Palestiniens, M.  Shaheen voudrait croire à une réelle détente. Comme ce propriétaire d'un restaurant qui, après des mois de silence, vient de lui commander deux palettes de bouteilles, "grâce au démantèlement du check-point".

L'homme de la rue ne se fait guère d'illusions. "Je ne crois pas aux bonnes intentions des Israéliens,assène Mohammad, un Bédouin sexagénaire, bloqué à Al-Douyouk. Et puis que signifie la levée d'un seul barrage quand je mets quatre heures au lieu d'une pour aller à Bethléem  ?"

La complainte est récurrente et la méfiance générale, d'autant que deux autres entrées de la ville demeurent pour l'instant totalement bloquées et que, à 10  kilomètres de là, un barrage ralentit toujours l'accès à Ramallah. "Les Israéliens partent aujourd'hui, mais ils peuvent revenir dès demain s'ils le veulent...", s'inquiète Mourad, un employé de banque habitant le village d'Ojja, situé à 5  kilomètres de Jéricho.

En rentrant chez lui, mercredi en fin d'après-midi, le jeune homme a vu ses craintes confirmées. La guérite retirée quelques dizaines de minutes plus tôt sous ses yeux à Al-Douyouk trône désormais au milieu de la route à l'entrée de son village. Des blocs de béton attendent sur le bas-côté. Un nouveau point de contrôle est en passe d'être installé, pour vérifier l'accès des Palestiniens à la vallée du Jourdain.

Stéphanie Le Bars

Fonds européens et terrorisme  : pas de preuve

L'Office européen de lutte antifraude (OLAF) a transmis à la Commission, jeudi 17  mars, le résultat de l'enquête qu'il a diligentée, à partir du 6  février 2003, sur d'éventuels détournements de fonds européens par l'Autorité palestinienne. Il indique qu'"il n'a pas été possible de trouver des éléments de preuve suffisants permettant de conclure que des attaques terroristes ou des activités illégales ont été financées" par cet argent. Il précise toutefois qu'"on ne peut exclure que certains des avoirs de l'Autorité palestinienne puissent avoir été utilisés par certains individus à d'autres fins que celles prévues".

L'eurodéputé démocrate-chrétien allemand Armin Laschet a indiqué au Monde que "l'OLAF fait le même constat que le Parlement européen en 2003, à savoir qu'il n'est pas possible de prouver l'existence de détournements, faute de pièces comptables, mais qu'il n'est pas possible non plus de prouver qu'il n'y a pas eu de détournements". Il regrette que la Commission ait versé des fonds européens "sous forme d'aide budgétaire directe jusqu'en 2003", c'est-à-dire "sans les affecter à un projet précis". Il estime toutefois qu'"une page est tournée" depuis la mort d'Arafat et l'élection de son successeur, Mahmoud Abbas. - (Corresp.)



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