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Les succès de John Kerry mettent George Bush en difficulté

Le candidat à l'investiture démocrate a remporté les primaires du Tennessee et de Virginie. L'un de ses rivaux, le général Wesley Clark se retire. Face à cette dynamique, le président américain est contraint d'entrer en campagne plus tôt que prévu et de s'expliquer sur son passé

Sauf imprévu, John Kerry sera L'ADVERSAIRE DÉMOCRATE de George Bush à l'élection présidentielle du 2  novembre. Les nouvelles et larges VICTOIRES du sénateur du Massachusetts dans les primaires de VIRGINIE et du TENNESSEE, mardi 10  février, ne laissent pratiquement plus aucune chance à ses concurrents de lui contester l'investiture. L'un d'eux, WESLEY CLARK, a d'ailleurs abandonné la compétition. JOHN EDWARDS, qui espérait confirmer sa domination dans le SUD, n'arrive qu'à la deuxième place. Cette victoire plus précoce et plus nette que prévu contraint M.  Bush à ENTRER EN CAMPAGNE plus tôt qu'il ne le souhaitait. La Maison Blanche a ainsi dû répondre, mardi, aux questions sur le SERVICE MILITAIRE effectué par M.  Bush dans la garde nationale, qui s'attaquent à la crédibilité du "président de guerre".

Washington de notre correspondant

Les nouvelles victoires remportées par John Kerry, arrivé en tête des primaires démocrates en Virginie et dans le Tennessee, mardi 10  février, font du sénateur du Massachusetts l'adversaire quasi inévitable de George Bush lors de l'élection présidentielle de novembre. Avec respectivement 52  % et 41  % des voix, M.  Kerry l'a emporté largement, dans ces deux Etats du Sud, devant John Edwards (27  % et 26  %) et Wesley Clark (9  % et 23  %), qui espéraient démontrer leur audience dans cette partie du pays. M.  Clark a décidé de se retirer de la compétition. "Les Américains votent pour le changement, à l'est et à l'ouest, au nord et, maintenant, au sud", a déclaré le vainqueur.

Les règles de participation aux primaires sont variables, d'un Etat à l'autre, mais ce sont presque uniquement des électeurs démocrates ou indépendants qui participent à la désignation du candidat démocrate. En quatre semaines, cette partie de l'électorat a manifesté clairement sa volonté de créer les meilleures conditions pour mettre un terme, à la fin de l'année, à la présidence de M.  Bush. Alors que les républicains pariaient sur la division du camp démocrate et sur une bataille confuse, qui aurait pu déboucher sur une convention démocrate sans vainqueur évident, à Boston, en juillet, la dynamique créée autour de M.  Kerry oblige le président en place à entrer en campagne plus tôt qu'il ne le prévoyait.

ÉTATS DE SERVICE

La Maison Blanche en a donné une démonstration éloquente, mardi, en transformant la conférence de presse quotidienne du porte-parole, Scott McClellan, en trois quarts d'heure d'explications sur le service militaire de M.  Bush. L'engagement du président dans la garde nationale - ce qui permettait, à l'époque, d'éviter d'être envoyé au Vietnam - avait déjà provoqué des interrogations, en 2000. Aujourd'hui, M.  Bush se définit comme un "président de guerre", chef des armées d'un pays attaqué, qui a mené deux interventions et qui occupe militairement l'Irak. Face à lui, M.  Kerry, engagé volontaire, blessé et décoré au Vietnam, met en avant ses états de service pour empêcher les républicains de se présenter comme plus solides, en matière de sécurité, que des démocrates suspects de sous-estimer les menaces ou d'hésiter à employer la force.

La polémique sur l'enrôlement de M.  Bush dans la garde nationale a deux aspects. Il y a, d'abord, le choix fait par ce fils de famille de 21  ans, dont le père était, alors, député du Texas, et qui semble avoir bénéficié de protections pour devenir aviateur dans la garde nationale de cet Etat, en 1968. Ensuite, M.  Bush, quittant le Texas pour l'Alabama, en 1972, afin de travailler sur la campagne d'un candidat au Sénat, a obtenu son transfert dans la garde nationale de cet Etat, mais semble ne pas s'y être beaucoup montré. "Le président a rempli ses obligations", a déclaré M.  McClellan en brandissant des photocopies de documents, retrouvés, paraît-il, lundi, et établissant que M.  Bush a perçu une solde, ce qui démontrerait qu'il a bien accompli les tâches qui lui étaient attribuées.

L'importance prise par cette affaire est révélatrice du problème de crédibilité qui affecte M.  Bush. "C'est 2000 qui recommence", a-t-il répondu, dimanche, sur NBC, quand il a été interrogé à ce sujet, en faisant allusion aux doutes qui s'étaient exprimés sur son aptitude à diriger la première puissance du monde. Cependant, les Américains l'ont vu à l'œuvre et s'interrogent, aujourd'hui, sur l'inexistence des armes de destruction massive qui étaient censées justifier la guerre en Irak.

Dans la campagne anticipée à laquelle il est contraint, M.  Bush compte sur l'un des atouts qui l'ont aidé il y a quatre ans  : son style simple et accessible d'homme "avec qui on pourrait boire une bière", comme le résument les commentateurs. Il en a donné un exemple en discutant d'économie avec les salariés d'une usine d'automobiles, lundi, à Springfield, dans le Missouri. "Quand vous entendez -les démocrates- dire qu'ils vont annuler les baisses d'impôts de Bush, cela veut dire qu'ils vont augmenter vos impôts, et c'est une erreur, c'est de la mauvaise économie", a-t-il martelé.

TIR DE BARRAGE

A mesure qu'il est devenu plus clair que l'adversaire serait M.  Kerry, les limiers parlementaires se sont mis au travail. Le palmarès de l'élu démocrate - vingt ans au Sénat - est passé au crible. "Les gens ne connaissent pas John Kerry", observe Matthew Dowd, l'un des principaux organisateurs de l'équipe Bush, qui va se charger d'éclairer le public. Le sénateur du Massachusetts est déjà présenté par les "bushies" comme un faux centriste et un vrai "libéral de Nouvelle-Angleterre", un de ces Yankees de gauche, impopulaires dans l'Amérique du Middle West, du Sud et de l'Ouest.

Sur le site Internet de la campagne de M.  Bush, l'un de ses animateurs, Kenneth Mehlman, a annoncé, mardi, que les républicains vont harceler M.  Kerry de questions sur ses votes. Le sénateur du Massachusetts a voté, en 1991, contre la première guerre contre Saddam Hussein. Il lui est reproché, aussi, d'avoir approuvé des réductions de crédits pour la défense et le renseignement. M.  Mehlman a aussi mis en cause M.  Kerry pour avoir affirmé que la guerre contre le terrorisme est "principalement un problème de renseignement et de police". L'équipe de M.  Bush prépare un tir de barrage de publicités télévisées contre M.  Kerry. Il pourrait être déclenché rapidement, afin de le contraindre à la défensive.

Patrick Jarreau

Les excuses d'une vedette de Fox News

Bill O'Reilly, l'un des journalistes vedettes de la chaîne de télévision conservatrice Fox News, qui a activement soutenu l'intervention américaine en Irak, a présenté, mardi 10  février, ses excuses au public. "J'avais tort. Cela ne me fait pas du tout plaisir, et je pense que les Américains devraient être très inquiets de tout ce qui se passe", a dit le journaliste, naguère l'un des plus virulents avocats de la guerre contre l'Irak. Bill O'Reilly s'est dit "aujourd'hui beaucoup plus sceptique au sujet de l'administration Bush", notamment depuis les déclarations de l'ancien inspecteur en chef David Kay, selon lesquelles Saddam Hussein ne possédait plus d'armes de destruction massive. Le présentateur ne pense pas que George Bush ait menti délibérément, mais il a en revanche accablé le directeur de la CIA, George Tenet. "Je crois que chaque Américain devrait être très préoccupé du niveau de nos services de renseignement", a-t-il ajouté. - (Reuters.)



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