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du bon usage de la confrontation

Le point de vue sur " La responsabilité des historiens face à l'histoire coloniale" (Le Monde du 20 septembre) constitue une heureuse contribution pour ouvrir, hors des sentiers minés par les mémoires opposées, une voie plus assurée et plus raisonnée à une histoire coloniale qui peine encore à se constituer d'un strict point de vue scientifique.

On doit cependant observer que les auteurs, pourtant spécialistes reconnus de la question, s'en tiennent à des propositions très générales au regard des enjeux de l'histoire coloniale. Qui n'adhérerait à leur intention d'établir la véracité des faits " pour" en proposer des explications les moins subjectives possibles ? Cela ne constitue pas une méthode spécifique et ne trace pas un véritable programme d'action.

Il y a près de cinquante ans, en pleine guerre d'Algérie, Germaine Tillion introduisait courageusement l'idée d'un bilan de la colonisation française en confrontant ce qu'elle appelait " nos bonnes oeuvres et notre malfaisance" (in Les Ennemis complémentaires, réédition Tirésias, 2005). Elle entendait par " bonnes oeuvres" la masse d'instruction et d'expérience moderne mise à la disposition de la population algérienne par la France - car il ne faut pas oublier, à notre actif, que les masses algériennes sont, de loin, les plus évoluées du monde arabe. Et elle ajoutait : " J'entends par malfaisance le barrage que nos compatriotes d'Algérie ont constitué devant l'irruption des jeunes élites musulmanes, barrage qui contraignit à s'expatrier les jeunes cadres qui ne consentirent pas à être chez eux des "exilés de l'intérieur˜."

Ce dont l'histoire coloniale a besoin pour progresser, c'est d'une confrontation la plus large possible des faits et des opinions, méthodique et sans a priori, indépendante de la bonne conscience coloniale comme du politiquement correct anticolonial.

Paul Stouder

Grosrouvre (Yvelines)



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