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Les chasseurs de tourterelles du Médoc marquent une pause

Bordeaux de notre correspondant

Pour la première fois depuis vingt ans en Médoc, il y a eu, jeudi 1er  mai, beaucoup plus de vendeurs de muguet au bord des routes que de chasseurs de tourterelles dans les pylônes. Aucun barrage, ni de chasseurs, ni de gendarmes, n'était visible sur les 100  km de route qui vont de Bordeaux (Gironde) au port du Verdon à travers le prestigieux vignoble, la forêt où n'ont pas encore été effacées les traces de la tempête de décembre  1999, et les marais qui terminent au nord cette immense presqu'île.

Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), a quitté, comme chaque année, la banlieue de Bordeaux au petit matin pour commencer ce qui était d'habitude un chemin de croix. Aucun obstacle nulle part. Juste quelques insultes au passage, près de certains pylônes devenus des étapes classiques. Pour M.  Bougrain-Dubourg, le combat a fini par porter ses fruits  : il souligne que le nombre des pylônes est tombé de 3  200 en 1983 à 513 en 1999 et 224 aujourd'hui. Les chasseurs rappellent que la tourterelle fait courir le risque d'une amende de 3  000 euros, d'un retrait du permis de conduire et de la saisie du fusil lorsqu'elle est chassée en dehors de la période autorisée (d'août à février).

Une vingtaine de procès verbaux ont été dressés en 2002, même s'ils ont tous bénéficié de la loi d'amnistie. Enfin, la gendarmerie a multiplié les contrôles d'alcoolémie sur le chemin du retour où la convivialité avait souvent plus d'importance que le tir d'un oiseau immangeable en cette saison  : jadis on l'attrapait au filet pour l'engraisser et le servir aux repas de communion.

Il y a eu surtout la prise de conscience par une majorité de chasseurs et de responsables de la fédération et de Chasse, pêche, nature et tradition (CPNT) de ce que les irréductibles médocains nuisent beaucoup à leur image collective. Les consignes ont été strictes. Pas un incident. Ils attendent aussi la décision de la Cour de justice de la Communauté de Luxembourg, qui doit se prononcer sur une question préjudicielle posée par le Conseil d'Etat sur les possibilités de dérogations à la directive Oiseaux de 1979. L'avocat général doit rendre ses conclusions le 6  mai.

Les chasseurs bénéficient d'un nouvel allié  : l'île de Malte. Candidate à l'Union européenne, elle a obtenu une dérogation à la directive afin de continuer à chasser la tourterelle de passage au printemps. Et ils mettent en avant un nouvel argumentaire  : une chasse strictement limitée à l'arrondissement de Lesparre et à ses habitants, à partir de pylônes recensés, avec des cahiers de prélèvements strictement tenus et des commissions mixtes de comptage. "La tradition, ça ne s'exporte pas, note Henri Sabarot, président de la fédération des chasseurs de Gironde. Cela passe sans doute par un cadre dérogatoire, mais ce que nous recherchons, c'est une solution satisfaisante sur le plan sociologique et cynégétique."

Pierre Cherruau



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