De la langue au palais ...

Une étude multidimensionnelle des comportements alimentaires sur les cinq continents

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Le Trameur par J.F.

Nous allons à présent utiliser un logiciel de textométrie nous permettant de calculer les coocurrents de notre motif poulet en Anglais (chicken), Français, Espagnol (pollo) et Indonésien (ayam). Pour les détails du logicielvoir ici.
Le choix de ce motif résulte de la fréquence de présence de celui-ci dans les nuages de mots ou il était représenté dans plusieurs langues (hormis en japonais ou les habitudes alimentaires doivent différer sur ce point). Le démarche étant toujours la même, observer la présence du motif dans l'onglet section (voir ci-dessous pour l'anglais) puis ensuite utiliser la section « cooc » contexte chicken

Cooccurrence

Observons maintenant les résultats :
cooccurrent chicken
en Anglais
cooccurrent pollo
en Espagnol
cooccurrent poulet
en Français
cooccurrent ayam
en Indonésien

Le cas du japonais reste particulier puisque la phrase japonaise se construit sans espace le logiciel ne peut découper les mots, ceci explique les résultats incohérents sur le motif 肉じゃが
contexte 肉じゃが
en Japonais

Complément d'analyse sur le trameur par D.G.



Le Trameur est un logiciel de textométrie servant à extraire les co-occurrents et co-fréquents d'un mot au sein d'un texte. Pour ce faire, il faut paramétrer le logiciel en fonction de nos recherches. Nous concernant, il a fallu inscrire les délimiteurs et vérifier l'encodage de chaque corpus en UTF-8. Le seul problème qui s'est posé pour nous concerne le corpus en japonais, que nous n'avons pas réussi à faire fonctionner sur le Trameur.

Dès lors que ces paramétrages sont terminés, l'on peut maintenant se mettre au travail.

Le mot sur lequel nous travaillons avec le Trameur est le mot "poulet", dans chacune des langues étudiées. Étant le mot le plus fréquent tous corpus confondus, ce choix s'est naturellement imposé à nous.

Et là, surprise! Les co-fréquents extraient de chaque analyse de nos corpus par le Trameur ne sont pas les mêmes! Non seulement ils ne sont pas les mêmes, mais certains registres sont aussi totalement absents de certains corpus.

Commençons par le français. Comme vous pouvez le constater, les co-fréquents du corpus français sont peu nombreux. On peut également se rendre compte qu'ils ne sont quasiment constitués que d'ingrédients: "arachides", "tomate", "poisson", "gésiers", "boeuf". Pour le reste, "gabonaise", "sénégalaise" et "Bénin" font surement référence à l'origine géographique des recettes en question. On peut donc en déduire que les ingrédients les plus souvent cuisinés avec le poulet dans les pays francophones subsahariens sont la tomate et les abats.

Nous nous sommes posés la question à savoir si dans ce contexte là le Trameur avait obtenu un résultat probant. Il nous semble qu'encore une fois, la petitesse de notre corpus ne soit pas innocente à la petitesse de nos résultats.

Poursuivons avec l'indonésien. Les co-fréquents sont ici beaucoup plus nombreux. Ils sont issus de deux registres prédominants, les aliments et condiments, et les modes de cuisson. Les mots masak et masakan sont respectivement « cuisiner » et « la cuisine » (la nourriture, et non la pièce). En effet, pour les aliments et condiments nous avons: pedas, « pimenté » (référence à la sauce au piment) ; sate « brochette » (en l'occurrence, de poulet) ; kacang « cacahuètes » et fait référence à la sauce sate qui est une sauce aux cacahuètes ; kecap « sauce sucrée/sauce soja » ; telur « oeuf » ; sayur « légume » ; lele « lele » (poisson de rivière) ; kue « gateau » ; sambal « sauce piment » typiquement indonésienne. Les modes de cuisson quand à eux sont : bakar « grillé » ; goreng « frit ».

Concernant l'indonésien, le Trameur a extrait un panel extrêmement représentatif des habitudes culinaires du pays. En effet, les deux modes de cuisson privilégiés sont la friture et la grillade ; la grillade étant pour les viandes, et la friture pour tous les autres types d'aliments et la viande. De plus, les sauces cités ici sont les sauces les plus consommées en Indonésie. Les sauces kecap, sambal et kacang sont les trois sauces incontournables dans ce pays ! La majorité des repas sont composés de ces sauces, et les listes de recettes créées autour de ces condiments sont non-exhaustives. Le lele est également le poisson le plus consommé sur le territoire indonésien intérieur, loin des mers. Les œufs sont également présents aussi bien dans les mets faits à partir de viande que pour le « riz » nasi, et les « pâtes aux œufs » mie.

Avant que l'on ne réalise ce trameur, j'avais parié avec Johan que ce serait le résultat obtenu, et ce le fut ! Concernant la cuisine à base de poulet, il n'y a pas plus représentatif de la culture gastronomique indonésienne.

Passons maintenant à l'anglais. Dans le corpus anglais, les co-occurrents les plus fréquents sont similaires à ceux trouvés en indonésien. Cette fois-ci, l'on trouve autant de types de cuissons que d'aliments.

Voici les types de cuissons : roasted « rôti », braised « braisé », barbecued et BBQ « au barbecue », fried « frit », oven « au four », slow « feu doux ». On y trouve également quelques aliments : honey « miel », parmesan « parmesan », cider « cidre », apple « pomme », buttermilk « babeurre », sandwiches « sandwich », lemon « citron », pie « tarte », garlic « ail », et vinegar « vinaigre ». Pour finir, nous y retrouvons nos fameux pork « porc », que les anglais et américains aiment tant manger à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Une fois de plus, les résultats du Trameur sont conformes à une réalité gastronomique américaine, à la réalité gastronomique populaire. Les ingrédients cités ici sont parmi les plus accessibles financièrement, et les plus communs.

Pour finir, le corpus espagnol. Ce coup-ci, rien à voir avec les trois autres corpus. Il y a très peu de mot, tel que ça l'était pour le corpus français, sauf que cette fois-ci les co-occurrents ne sont même pas un minimum représentatifs de la gastronomie de la région. On y trouve quelques ingrédients : arroz « riz », omelette « omelette », et queso « fromage ». Les autres mots les plus fréquents sont : comida « la cuisine/la nourriture », receta / recetas « la recette / les recettes », et les mots de liaison con « avec », de « de » et a « à / au ». Il n'y a donc aucune information ni intéressante ni représentative de l'Amérique Latine à tirer de cette analyse du Trameur.

Finalement, l'utilisation du Trameur nous a laissé penser qu'il fallait des corpus fournis d'un très grand nombre de textes pour pouvoir en tirer des informations conséquentes et représentatives.