§ "L a volonté du peuple haïtien doit être respectée." Lors de la conférence de presse qu'il a donnée mardi 14 février, la voix de René Préval était calme et mesurée, mais ses propos étaient lourds de menaces. Le candidat à l'élection présidentielle a parlé "d'erreurs grossières" lors du scrutin et d'une "probable fraude à grande échelle". Une semaine après avoir voté, les Haïtiens attendaient toujours mardi les résultats finaux de l'élection présidentielle, dans un climat alourdi par trois jours de manifestations massives à Port-au-Prince, ayant fait un mort et plusieurs blessés. D'après les derniers chiffres officiels, René Préval arrive en tête du scrutin avec 48,76 % des voix, après la comptabilisation de 90,02 % des suffrages. Ses partisans accusent les autorités d'avoir manipulé les chiffres pour l'empêcher d'être élu au premier tour. "Nous sommes certains de l'avoir emporté au premier tour", a annoncé René Préval, avant de demander à la commission électorale de cesser de reporter l'annonce des résultats officiels. "MANIFESTER, MAIS DANS LE RESPECT DE L'ORDRE" Pour sa première conférence de presse depuis le début des manifestations, il y a trois jours, René Préval s'est dit "préoccupé" par les violences qui ont eu lieu dans les rues de Port-au-Prince, et a réaffirmé le droit de ses partisans à "manifester, mais dans le respect de l'ordre." "Je demande au peuple haïtien d'être mûr, responsable, et non violent", a-t-il poursuivi. L'ancien président Leslie Manigat, qui arrive en deuxième position dans le décompte des voix avec 11,83 % des suffrages, a déclaré qu'il n'était pas question pour lui de se retirer. "C'est clair comme de l'eau de roche : si un candidat obtient 50 % des voix plus une, je m'incline". Si ce n'est pas le cas, "un deuxième tour est nécessaire", a ajouté l'ex-président, 75 ans, renversé en 1988 par un coup d'Etat militaire après quelques mois de pouvoir. Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé mardi toutes les parties en présence à respecter les résultats, à s'abstenir de toute violence et à travailler à la réconciliation nationale. § Après quatre jours de manifestations, et la découverte de bulletins de vote dans une décharge, la présidence haïtienne a annoncé, mardi 14 février au soir, la création d'une commission d'enquête pour examiner les accusations de fraude lors du premier tour de l'élection présidentielle, le 7 février. La journée avait été marquée par la première conférence de presse de René Préval, dont les partisans réclament dans la rue qu'il soit proclamé vainqueur, tandis que la commission électorale s'en tient à des chiffres provisoires : cet ancien président, qui fut proche du président déchu Jean-Bertrand Aristide, obtiendrait 48,76 % des voix, après le décompte de 90,02 % des bulletins. "MANIFESTER, MAIS DANS LE RESPECT DE L'ORDRE" "La volonté du peuple haïtien doit être respectée", a déclaré René Préval, parlant "d'erreurs grossières" lors du scrutin et d'une "probable fraude à grande échelle". Il s'est dit "préoccupé" par les violences à Port-au-Prince, qui ont fait un mort et plusieurs blessés lundi, et a réaffirmé le droit de ses partisans à "manifester, mais dans le respect de l'ordre." "Je demande au peuple haïtien d'être mûr, responsable, et non violent", a-t-il poursuivi."Nous sommes certains de l'avoir emporté au premier tour", a annoncé René Préval, avant de demander à la commission électorale de cesser de reporter l'annonce des résultats officiels. L'ancien président Leslie Manigat, second avec 11,83 % des suffrages, a lui refusé de se retirer, sauf si "un candidat obtient 50 % des voix plus une", c'est-à-dire l'emporte dès le premier tour. RAPPORT ESPÉRÉ DANS TROIS JOURS Les partisans de René Préval ont manifesté de plus belle, dans la soirée, quand les médias ont relayé la découverte de bulletins encore fumants, pour la plupart en faveur de leur candidat, dans une décharge du quartier de Truitier, à Port-au-Prince. "C'est absolument inacceptable", s'est indigné Rosemond Pradel, secrétaire général du Conseil électoral provisoire, précisant que le transport des suffrages était de la responsabilité de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah). "Je ne peux répondre de ce problème, mais nous allons mettre sur pied une commission d'enquête", a-t-il annoncé. Celle-ci sera composée de représentants du gouvernement, du Conseil électoral et de la plate-forme l'Espoir du candidat Préval. De son côté, le gouvernement "suggère de ne pas publier les résultats de la présidentielle en attendant le rapport" de cette instance, espéré dans les trois jours. Le porte-parole de la Minustah, David Wimhurst, a expliqué que les urnes devaient être scellées et empaquetées puis placées dans un conteneur sous la protection des casques bleus. Il a émis l'hypothèse que les bulletins retrouvés dans la décharge proviennent des neuf bureaux de vote mis à sac le jour de la consultation, ce qui a entraîné l'annulation de quelque 35 000 suffrages. Il a aussi évoqué l'éventualité d'une manipulation orchestrée par des scrutateurs. Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé mardi toutes les parties en présence à respecter les résultats, à s'abstenir de toute violence et à travailler à la réconciliation nationale.