§ § Actuellement en tournée au Proche-Orient, Condoleezza Rice a décidé de faire un crochet par le Liban, jeudi 23 février. Le but de cette visite inopinée de quelques heures, entourée de mesures de sécurité draconiennes, était "d'apporter un soutien au peuple et au gouvernement libanais qui poursuivent leurs efforts pour recouvrer pleinement leur souveraineté", a expliqué la secrétaire d'Etat américaine. Après avoir rencontré le cardinal maronite Nasrallah Sfeir, chef de la plus importante communauté chrétienne du Liban, Mme Rice s'est entretenue avec le premier ministre, Fouad Siniora. M^me Rice a en outre rencontré le président du Parlement, Nabih Berri, chef du mouvement chiite Amal, proche de Damas, et les deux chefs de la majorité parlementaire antisyrienne, le député et chef druze Walid Joumblatt et le député Saad Hariri, fils de l'ex-premier ministre, assassiné en février 2005. PAS D'ENTRETIEN AVEC ÉMILE LAHOUD La secrétaire d'Etat américaine a en revanche soigneusement évité de rencontrer le chef de l'Etat prosyrien Emile Lahoud. "Je lui ai parlé dans le passé et mon message était que sa responsabilité, en tant que président du Liban, était de s'inquiéter de la souveraineté" du pays, a rappelé Condoleezza Rice. Interrogée lors d'une conférence de presse sur l'éventuel successeur du président Lahoud, dont la majorité parlementaire demande le départ, elle a répondu en riant : "Ce n'est pas moi qui décide qui dirige le Liban, c'est au peuple libanais de décider." SERGE BRAMMERTZ À DAMAS Au moment même où le nouveau chef de la Commission d'enquête de l'ONU sur l'assassinat du dirigeant libanais Rafic Hariri, Serge Brammertz, était reçu pour la première fois à Damas, M^me Rice a aussi invité la Syrie à coopérer pleinement avec les Nations unies. Elle a souligné la nécessité d'appliquer la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce texte, adopté en 2004, demande notamment le désarmement des combattants du Hezbollah chiite, soutenu par Damas et Téhéran, et l'élection d'un président en respectant les règles constitutionnelles. La secrétaire d'Etat américaine a enfin affirmé avoir évoqué, au cours des précédentes étapes de sa tournée au Proche-Orient, avec le président égyptien, Hosni Moubarak et le roi Abdallah d'Arabie saoudite, une initiative arabe pour débloquer l'enquête de l'ONU sur l'assassinat de Rafic Hariri. A Ryad, des diplomates ont évoqué une initiative égypto-saoudienne pour trouver une formule permettant à la commission de rencontrer le président syrien, Bachar Al-Assad, sans toutefois demander publiquement une audition.