§ Certains parlent du "miracle de saint Romano". Le programme de la gauche italienne, que Romano Prodi devait dévoiler samedi 11 février à Rome, jour de l'ouverture de la campagne officielle pour les élections législatives des 9 et 10 avril, relève en effet du prodige. L'ancien président de la Commission européenne, chef de file de l'opposition de centre-gauche, a réussi l'exploit de rassembler sur un document unique les nombreuses formations, souvent très divisées, de l'Unione. Du retrait immédiat des troupes italiennes en Irak aux mesures en faveur du Mezzogiorno, les régions pauvres du sud, les différents leaders ont finalement donné leur accord, dans la soirée du 9 février, à l'issue d'un sommet mouvementé. Fausto Bertinotti, le dirigeant du Parti de la refondation communiste, a estimé qu'il s'agissait d'"un programme réussi au-delà des prévisions les plus optimistes". A l'autre bout de l'éventail, le démocrate chrétien Clemente Mastella, leader du petit parti centriste UDEur, s'est déclaré "d'accord à 99 %" avec un texte qui doit beaucoup à "l'habile et intelligente médiation de Prodi". Les Verts saluent "un programme sérieux avec des choix forts sur l'énergie". A la manière d'une navette qui perd quelques tuiles lors de son entrée dans l'atmosphère sans que la suite du vol s'en trouve affectée, la coalition a enregistré, au moment de la signature, le retrait (sans doute provisoire) de deux minuscules formations. Le Mouvement des républicains européens, dont le rôle fondateur de la coalition n'aurait pas été assez reconnu. Et le mouvement radical de l'ancienne commissaire européenne Emma Bonino, à propos du pacs et du financement des écoles privées. "Deux divergences sur plus de 200 pages, c'est peu", a relativisé M. Prodi, décidé à obtenir "un accord total" dans les prochaines semaines. Bien que sensible, en raison de l'influence de l'Eglise catholique sur l'électorat, une question de société comme le pacs n'est pas l'essentiel d'un programme dont les priorités sont d'ordre économique et social. Selon l'hebdomadaire L'Espresso, qui en révélait les grandes lignes, vendredi 10 février, le texte est "d'inspiration radicalement alternative au centre droit qui a gouverné ces cinq dernières années". "Nous avons produit un document qui est un projet de gouvernement, non pas une simple liste de slogans électoraux", s'est félicité M. Prodi. La baisse du coût du travail pour relancer la compétitivité économique, demandée avec insistance par le patronat italien, est l'une des mesures préconisées : dès la première année, un gouvernement Prodi baisserait de 5 % la fiscalité sur le travail qui pèse sur les employeurs et les salariés. Romano Prodi compte aussi s'attaquer à la précarité de l'emploi et aux bas revenus. "La mobilité pendant le temps de la formation est très utile, mais la précarité qui dure dix ans est un délit, a-t-il affirmé jeudi sur RAI 1. Un jeune ne peut pas rester dix ans dans la naphtaline avec des contrats de trois mois séparés par des périodes de chômage. Il faut inciter à embaucher. Pour cela, le coût du travail à durée indéterminée ne peut plus continuer à être supérieur à celui du travail temporaire." Silvio Berlusconi a aussitôt expliqué que la promesse de réduire la fiscalité sur le travail était impossible à tenir car elle coûterait 20 milliards d'euros. Au moins est-ce une critique sur le fond, car jusque-là la campagne électorale a surtout été marquée par des échanges d'injures et des procès d'intention. Après avoir monopolisé le petit écran, M. Berlusconi devra se plier, à compter du 11 février, à la loi qui répartit le temps d'antenne entre les partis pendant la campagne. Au cours de ces dernières semaines d'intense propagande, le retard du centre droit sur la gauche en matière d'intentions de votes serait passé d'une dizaine de points à moins de 5 %. Moins à l'aise que son rival devant les caméras, Romano Prodi mise sur le sérieux de son programme pour maintenir ou accroître l'écart d'ici aux élections. La droite raille une "union de façade", s'attendant à une reprise rapide des divisions. Le parti de Fausto Bertinotti, qui avait causé la chute du premier gouvernement Prodi en 1998, est particulièrement observé. Tout en critiquant "un déficit de démocratie" dans l'élaboration du programme, Refondation communiste estime toutefois qu'il "correspond au virage politique, économique et social que nous avions réclamé avant la rupture en 1998". § Certains parlent du "miracle de saint Romano". Le programme de la gauche italienne, que Romano Prodi a dévoilé samedi 11 février à Rome, jour de l'ouverture de la campagne officielle pour les élections législatives des 9 et 10 avril, relève en effet du prodige. L'ancien président de la Commission européenne, chef de file de l'opposition de centre-gauche, a réussi l'exploit de rassembler sur un document unique les nombreuses formations, souvent très divisées, de l'Unione. Du retrait immédiat des troupes italiennes en Irak aux mesures en faveur du Mezzogiorno, les régions pauvres du sud, les différents leaders ont finalement donné leur accord, dans la soirée du 9 février, à l'issue d'un sommet mouvementé. Fausto Bertinotti, le dirigeant du Parti de la refondation communiste, a estimé qu'il s'agissait d'"un programme réussi au-delà des prévisions les plus optimistes". A l'autre bout de l'éventail, le démocrate chrétien Clemente Mastella, leader du petit parti centriste UDEur, s'est déclaré "d'accord à 99 %" avec un texte qui doit beaucoup à "l'habile et intelligente médiation de Prodi". Les Verts saluent "un programme sérieux avec des choix forts sur l'énergie". A la manière d'une navette qui perd quelques tuiles lors de son entrée dans l'atmosphère sans que la suite du vol s'en trouve affectée, la coalition a enregistré, au moment de la signature, le retrait (sans doute provisoire) de deux minuscules formations. Le Mouvement des républicains européens, dont le rôle fondateur de la coalition n'aurait pas été assez reconnu. Et le mouvement radical de l'ancienne commissaire européenne Emma Bonino, à propos du pacs et du financement des écoles privées. "Deux divergences sur plus de 200 pages, c'est peu", a relativisé M. Prodi, décidé à obtenir "un accord total" dans les prochaines semaines. Bien que sensible, en raison de l'influence de l'Eglise catholique sur l'électorat, une question de société comme le pacs n'est pas l'essentiel d'un programme dont les priorités sont d'ordre économique et social. Selon l'hebdomadaire L'Espresso, qui en révélait les grandes lignes, vendredi 10 février, le texte est "d'inspiration radicalement alternative au centre droit qui a gouverné ces cinq dernières années". "Nous avons produit un document qui est un projet de gouvernement, non pas une simple liste de slogans électoraux", s'est félicité M. Prodi. La baisse du coût du travail pour relancer la compétitivité économique, demandée avec insistance par le patronat italien, est l'une des mesures préconisées : dès la première année, un gouvernement Prodi baisserait de 5 % la fiscalité sur le travail qui pèse sur les employeurs et les salariés. Romano Prodi compte aussi s'attaquer à la précarité de l'emploi et aux bas revenus. "La mobilité pendant le temps de la formation est très utile, mais la précarité qui dure dix ans est un délit, a-t-il affirmé jeudi sur RAI 1. Un jeune ne peut pas rester dix ans dans la naphtaline avec des contrats de trois mois séparés par des périodes de chômage. Il faut inciter à embaucher. Pour cela, le coût du travail à durée indéterminée ne peut plus continuer à être supérieur à celui du travail temporaire." Silvio Berlusconi a aussitôt expliqué que la promesse de réduire la fiscalité sur le travail était impossible à tenir car elle coûterait 20 milliards d'euros. Au moins est-ce une critique sur le fond, car jusque-là la campagne électorale a surtout été marquée par des échanges d'injures et des procès d'intention. Après avoir monopolisé le petit écran, M. Berlusconi devra se plier, à compter du 11 février, à la loi qui répartit le temps d'antenne entre les partis pendant la campagne. Au cours de ces dernières semaines d'intense propagande, le retard du centre droit sur la gauche en matière d'intentions de votes serait passé d'une dizaine de points à moins de 5 %. Moins à l'aise que son rival devant les caméras, Romano Prodi mise sur le sérieux de son programme pour maintenir ou accroître l'écart d'ici aux élections. La droite raille une "union de façade", s'attendant à une reprise rapide des divisions. Le parti de Fausto Bertinotti, qui avait causé la chute du premier gouvernement Prodi en 1998, est particulièrement observé. Tout en critiquant "un déficit de démocratie" dans l'élaboration du programme, Refondation communiste estime toutefois qu'il "correspond au virage politique, économique et social que nous avions réclamé avant la rupture en 1998".