§ Douze ans après l'ouverture d'une enquête fleuve dont les rebondissements médiatico-politiques ont secoué jusqu'à l'Elysée, le procès sur des malversations financières de l'office HLM de Paris (OPAC) qui auraient servi au financement occulte du RPR s'ouvre lundi 23 janvier à Paris. Abus de biens sociaux, trafic d'influence, faux en écriture, etc., 49 prévenus comparaissent devant le tribunal correctionnel, anciens responsables de l'OPAC et dirigeants d'entreprises de BTP (bâtiments travaux publics) qui auraient versé des pots-de-vin pour obtenir des marchés auprès du plus gros office HLM de France. En revanche, annulation ou non lieu, les grands noms du RPR un temps mis en examen ne s'assoieront pas au banc des accusés : ni Michel Roussin, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac, ni Robert Pandraud, ex-président RPR du conseil régional d'Ile-de-France, ni surtout Jean Tiberi, ancien maire de Paris, président de l'OPAC. LES CONFESSIONS DE JEAN-CLAUDE MÉRY Pourtant l'affaire, qui a contribué à l'arrivée de la gauche à Paris, avait paru un temps menacer jusqu'au sommet de l'Etat avec, en mars 2001, la convocation comme témoin, par le juge Eric Halphen, de "Chirac, Jacques", qui n'était pas venu. En septembre 2000, le président avait été mis en cause par un personnage clef de l'affaire, le "consultant" Jean-Claude Méry, mort en juin 1999, dont les "confessions" enregistrées sur une cassette vidéo en mai 1996 avaient été rendues publiques. M. Méry, qui aurait touché, selon les enquêteurs, quelque 38 millions de francs (5,7 millions d'euros) en "commissions", y décrivait longuement un système de trucage des marchés publics parisiens servant au financement politique, parlant notamment de 5 millions de francs qu'il aurait remis en cash à Michel Roussin, en présence de Jacques Chirac, alors premier ministre. Cette bombe avait fait rouvrir le dossier. Mais, finalement, tous les actes concernant Jacques Chirac seront annulés pour vice de forme. La découverte, lors d'une perquisition chez Jean Tiberi, d'un "rapport" controversé signé par sa femme Xavière, l'épisode rocambolesque Schuller-Maréchal où le beau-père du juge Halphen est incité à la corruption, l'ouverture d'une instruction annexe dans les Hauts-de-Seine, le déssaisissement du juge Halphen... peu d'affaires auront autant ébranlé le mouvement gaulliste. UNE VASTE ORGANISATION DE DÉTOURNEMENT Et pourtant, lundi, ce sont des anonymes qui seront face au juge jusqu'au 5 avril, sauf le dirigeant d'entreprise Francis Poullain, celui avec qui tout commence, en janvier 1994, quand le fisc transmet à la justice un dossier sur des factures suspectes honorées par plusieurs de ses sociétés de BTP. Très vite, la justice va se pencher sur les comptes de l'OPAC, découvrir ceux de Méry et retracer, facture à l'appui, tout ce que les enquêteurs décrivent comme une vaste organisation de détournement des marchés publics parisiens. Comptes en Suisse, sociétés écrans aux Bahamas ou Panama, liquide, fausses factures, etc., la panoplie des affaires de corruption est mise à jour, comme ces "dons" que les sociétés du groupe Poullain versent au Centre d'art contemporain de Meymac, petite ville de Corrèze dont le maire n'est autre que Georges Perol, directeur de l'OPAC, autre prévenu. Avant sa mort, cependant, Jean-Claude Méry n'a reconnu qu'avoir "incité" les entrepreneurs à apporter leur obole au RPR, sans admettre avoir participé à un financement illégal. A la clôture de l'instruction, le juge Armand Riberolles, qui a remplacé le juge Halphen en septembre 2001, doit reconnaître que l'enquête n'a pas établi "formellement l'implication personnelle de responsables au sein de l'appareil politique du RPR", malgré de nombreux témoignages. § Douze ans après l'ouverture d'une enquête fleuve dont les rebondissements médiatico-politiques ont secoué jusqu'à l'Elysée, le procès sur des malversations financières de l'office HLM de Paris (OPAC) qui auraient servi au financement occulte du RPR s'ouvre lundi 23 janvier à Paris. Abus de biens sociaux, trafic d'influence, faux en écriture, etc., 49 prévenus comparaissent devant le tribunal correctionnel, anciens responsables de l'OPAC et dirigeants d'entreprises de BTP (bâtiments et travaux publics) qui auraient versé des pots-de-vin pour obtenir des marchés auprès du plus gros office HLM de France. En revanche, annulation ou non-lieu, les grands noms du RPR un temps mis en examen ne s'assiéront pas sur le banc des accusés : ni Michel Roussin, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac, ni Robert Pandraud, ex-président RPR du conseil régional d'Ile-de-France, ni surtout Jean Tiberi, ancien maire de Paris, président de l'OPAC. LES CONFESSIONS DE JEAN-CLAUDE MÉRY Pourtant, l'affaire, qui a contribué à l'arrivée de la gauche à Paris, avait paru un temps menacer jusqu'au sommet de l'Etat avec, en mars 2001, la convocation comme témoin, par le juge Eric Halphen, de "Chirac, Jacques", qui n'était pas venu. En septembre 2000, le président avait été mis en cause par un personnage-clé de l'affaire, le "consultant" Jean-Claude Méry, mort en juin 1999, dont les "confessions" enregistrées sur une cassette vidéo en mai 1996 avaient été rendues publiques. M. Méry, qui aurait touché, selon les enquêteurs, quelque 38 millions de francs (5,7 millions d'euros) en "commissions", y décrivait longuement un système de trucage des marchés publics parisiens servant au financement politique, parlant notamment de 5 millions de francs qu'il aurait remis en argent liquide à Michel Roussin, en présence de Jacques Chirac, alors premier ministre. Cette bombe avait fait rouvrir le dossier. Mais, finalement, tous les actes concernant Jacques Chirac seront annulés pour vice de forme. La découverte, lors d'une perquisition chez Jean Tiberi, d'un "rapport" controversé signé par sa femme Xavière, l'épisode rocambolesque Schuller-Maréchal où le beau-père du juge Halphen est incité à la corruption, l'ouverture d'une instruction annexe dans les Hauts-de-Seine, le dessaisissement du juge Halphen..., peu d'affaires auront autant ébranlé le mouvement gaulliste. UNE VASTE ORGANISATION DE DÉTOURNEMENT Et pourtant, lundi, ce sont des anonymes qui seront face au juge jusqu'au 5 avril, sauf le dirigeant d'entreprise Francis Poullain, celui avec qui tout commence, en janvier 1994, quand le fisc transmet à la justice un dossier sur des factures suspectes honorées par plusieurs de ses sociétés de BTP. Très vite, la justice va se pencher sur les comptes de l'OPAC, découvrir ceux de Jean-Claude Méry et retracer, facture à l'appui, tout ce que les enquêteurs décrivent comme une vaste organisation de détournement des marchés publics parisiens. Comptes en Suisse, sociétés-écrans aux Bahamas ou au Panama, liquide, fausses factures, etc., la panoplie des affaires de corruption est mise au jour, comme ces "dons" que les sociétés du groupe Poullain versent au Centre d'art contemporain de Meymac, petite ville de Corrèze dont le maire n'est autre que Georges Perol, directeur de l'OPAC, autre prévenu. Avant sa mort, cependant, Jean-Claude Méry n'a reconnu qu'avoir "incité" les entrepreneurs à apporter leur obole au RPR, sans admettre avoir participé à un financement illégal. A la clôture de l'instruction, le juge Armand Riberolles, qui a remplacé le juge Halphen en septembre 2001, doit reconnaître que l'enquête n'a pas établi "formellement l'implication personnelle de responsables au sein de l'appareil politique du RPR", malgré de nombreux témoignages.