§ "A bas les traîtres. A bas Bush. Vive la oumma (nation irakienne)." C'est la phrase qu'a prononcée Saddam Hussein en réapparaissant, en robe, un Coran à la main, dans la salle du Haut Tribunal pénal irakien, lundi 13 février. L'ex-dictateur et les sept dignitaires de l'ancien régime, qui avaient boycotté les deux dernières audiences, n'ont pas changé de ton : les co-accusés ont perturbé leur procès en insultant et interrompant le juge qui, selon eux, les a fait comparaître contre leur gré. A 14 h 45 (12 h 45 à Paris), ils ont finalement fait ajourner la séance à mardi. "Tu n'es rien. Honte à toi. J'ai été forcé de venir devant ce tribunal", a rapidement lancé Saddam Hussein à Raouf Rachid Abdel Rahmane, le nouveau juge avec lequel il a commencé un bras de fer. Depuis son entrée en fonction le 29 janvier, le juge est visé par la défense, qui demande sa révocation pour suspicion légitime, car le magistrat est originaire d'un des villages kurdes gazés en 1988. Le président déchu et les autres dignitaires sont poursuivis pour le massacre de 148 villageois chiites dans les mois et les années ayant suivi une attaque du cortège présidentiel en 1982 à Doujaïl, au nord de Bagdad. Ils risquent la peine de mort mais plaident non coupables. "JUGEZ-MOI EN MON ABSENCE" Dès le début de la séance, le chaos s'est à nouveau installé dans la salle. Barzan Al-Tikriti, demi-frère du président déchu, s'est battu avec ses gardes avant de finalement s'asseoir par terre, dos au juge. Saddam Hussein a de nouveau défié le président du tribunal : "Exercez votre prérogative et jugez-moi en mon absence." "Nous allons agir selon les procédures et nous n'allons pas tolérer de discours politiques et les entraves que vous mettez à la bonne marche du tribunal. La cour appliquera la loi à ceux qui tentent de saboter sa tâche", a martelé en réponse le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane. Saddam Hussein et certains de ses anciens collaborateurs n'ont pas participé aux deux dernières audiences du procès, imitant ainsi leurs avocats qui avaient quitté la salle le 29 janvier. Le 2 février, le juge avait annoncé que les accusés étaient "écartés" du procès pour avoir suscité le chaos. Dimanche, une source proche du tribunal avait laissé entendre qu'ils pourraient être amenées à comparaître de force lundi. Les co-accusés ont de nouveau refusé les avocats commis d'office proposés en remplacement de leurs défenseurs, volontairement absents : "Nous voulons les avocats que nous avons choisis", a répondu Saddam Hussein, au nom des anciens dignitaires. "Ils ont été frappés dans la cour devant vous et Barzan a été frappé aussi devant vous. Ce n'est pas un tribunal, c'est un jeu." LE JUGE PEINE A RELANCER LE PROCÈS Le demi-frère du président déchu, qui souffre d'un cancer du côlon, a également demandé à être relâché. "Je suis malade, je meurs, laissez-moi mourir avec ma famille", s'est-il emporté. L'audience de la journée devait notamment être consacrée à la déposition de deux anciens collaborateurs de Saddam Hussein, selon une source judiciaire : Ahmed Khoudayir, qui dirigeait les services présidentiels et Hassan Al Obeidi, ex-chef des renseignements extérieurs. Mais les deux hommes ont refusé de témoigner "de force". Affirmant qu'il avait été mené au tribunal menotté et les yeux bandés, Khoudayir a affirmé n'avoir aucun souvenir des événements de Doujaïl. Les procureurs comptent sur les témoignages d'anciens collaborateurs du dictateur déchu pour établir sa responsabilité dans la répression de Doujaïl, où l'ex-président venait d'échapper à un attentat. Depuis son ouverture en octobre, le procès des anciens maîtres de l'Irak est en souffrance : le nouveau juge, adepte d'un bras de fer plus frontal avec les accusés, peine à relancer la procédure. Il est entré en fonction après que le procès, critiqué de la part d'organisations internationales de défense des droits de l'homme, a essuyé une série de revers, dont la démission de son premier président, le juge kurde Rizgar Amine, qui a invoqué de trop fortes pressions politiques. Dimanche, le principal avocat de la défense, Khalil Al-Doulami, avait annoncé, avant de se rétracter, que ses clients débuteraient une grève de la faim pour protester contre l'illégalité de la cour et dénoncer leurs conditions de détention. § "A bas les traîtres. A bas Bush. Vive la oumma (nation) irakienne." C'est la phrase qu'a prononcée Saddam Hussein en réapparaissant, en robe, un Coran à la main, dans la salle du Haut Tribunal pénal irakien, lundi 13 février. L'ex-dictateur et les sept dignitaires de l'ancien régime, qui avaient boycotté les deux dernières audiences, n'ont pas changé de ton : les co-accusés ont perturbé leur procès en insultant et interrompant le juge qui, selon eux, les a fait comparaître contre leur gré. A 14 h 45 (12 h 45 à Paris), ils ont finalement fait ajourner la séance à mardi. "Tu n'es rien. Honte à toi. J'ai été forcé de venir devant ce tribunal", a rapidement lancé Saddam Hussein à Raouf Rachid Abdel Rahmane, le nouveau juge avec lequel il a commencé un bras de fer. Depuis son entrée en fonction le 29 janvier, le juge est visé par la défense, qui demande sa révocation pour suspicion légitime, car le magistrat est originaire d'un des villages kurdes gazés en 1988. Le président déchu et les autres dignitaires sont poursuivis pour le massacre de 148 villageois chiites dans les mois et les années ayant suivi une attaque du cortège présidentiel en 1982 à Doujaïl, au nord de Bagdad. Ils risquent la peine de mort mais plaident non coupable. "JUGEZ-MOI EN MON ABSENCE" Dès le début de la séance, le chaos s'est à nouveau installé dans la salle. Barzan Al-Tikriti, demi-frère du président déchu, s'est battu avec ses gardes avant de finalement s'asseoir par terre, dos au juge. Saddam Hussein a de nouveau défié le président du tribunal : "Exercez votre prérogative et jugez-moi en mon absence." "Nous allons agir selon les procédures et nous n'allons pas tolérer de discours politiques et les entraves que vous mettez à la bonne marche du tribunal. La cour appliquera la loi à ceux qui tentent de saboter sa tâche", a martelé en réponse le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane. Saddam Hussein et certains de ses anciens collaborateurs n'ont pas participé aux deux dernières audiences du procès, imitant ainsi leurs avocats, qui avaient quitté la salle le 29 janvier. Le 2 février, le juge avait annoncé que les accusés étaient "écartés" du procès pour avoir suscité le chaos. Dimanche, une source proche du tribunal avait laissé entendre qu'ils pourraient être amenées à comparaître de force lundi. Les co-accusés ont de nouveau refusé les avocats commis d'office proposés en remplacement de leurs défenseurs, volontairement absents : "Nous voulons les avocats que nous avons choisis", a répondu Saddam Hussein, au nom des anciens dignitaires. "Ils ont été frappés dans la cour devant vous et Barzan a été frappé aussi devant vous. Ce n'est pas un tribunal, c'est un jeu." LE JUGE PEINE À RELANCER LE PROCÈS Le demi-frère du président déchu, qui souffre d'un cancer du côlon, a également demandé à être relâché. "Je suis malade, je meurs, laissez-moi mourir avec ma famille", s'est-il emporté. L'audience de la journée devait notamment être consacrée à la déposition de deux anciens collaborateurs de Saddam Hussein, selon une source judiciaire : Ahmed Khoudayir, qui dirigeait les services présidentiels et Hassan Al Obeidi, ex-chef des renseignements extérieurs. Mais les deux hommes ont refusé de témoigner "de force". Affirmant qu'il avait été mené au tribunal menotté et les yeux bandés, Khoudayir a affirmé n'avoir aucun souvenir des événements de Doujaïl. Les procureurs comptent sur les témoignages d'anciens collaborateurs du dictateur déchu pour établir sa responsabilité dans la répression de Doujaïl, où l'ex-président venait d'échapper à un attentat. Depuis son ouverture en octobre, le procès des anciens maîtres de l'Irak est en souffrance : le nouveau juge, adepte d'un bras de fer plus frontal avec les accusés, peine à relancer la procédure. Il est entré en fonction après que le procès, critiqué de la part d'organisations internationales de défense des droits de l'homme, a essuyé une série de revers, dont la démission de son premier président, le juge kurde Rizgar Amine, qui a invoqué de trop fortes pressions politiques. Dimanche, le principal avocat de la défense, Khalil Al-Doulami, avait annoncé, avant de se rétracter, que ses clients débuteraient une grève de la faim pour protester contre l'illégalité de la cour et dénoncer leurs conditions de détention.