§ Un Afghan a été tué, lundi 6 février, lors d'une manifestation dans l'Est du pays, à Mihtarlam, capitale de la province de Laghman. Le cortège protestait contre la publication, au Danemark et dans le reste de l'Europe, de caricatures du prophète Mahomet, et demandait la fermeture de l'ambassade du Danemark. Selon des responsables locaux, la police a ouvert le feu, tuant une personne et faisant au moins cinq blessés. § Un Afghan a été tué, lundi 6 février, lors d'une manifestation dans l'est du pays, à Mihtarlam, capitale de la province de Laghman. Le cortège protestait contre la publication, au Danemark et dans le reste de l'Europe, de caricatures du prophète Mahomet, et demandait la fermeture de l'ambassade du Danemark. Selon des responsables locaux, la police a ouvert le feu, tuant une personne et faisant au moins cinq blessés. Lundi également, des centaines d'Indonésiens se sont rassemblés, dans le calme, devant l'ambassade du Danemark à Djakarta. "Au nom de l'islam, nous sommes prêts à combattre quiconque insulte le message d'Allah", a lancé à la foule un des organisateurs du rassemblement. Environ trois cents membres du Parti de la justice et de la prospérité (PKS), un parti islamiste, étaient présents. Ils ont brandi des banderoles affichant en anglais et en indonésien : "Le gouvernement danois doit s'excuser pour avoir diffamé Mahomet le Prophète." En quittant les lieux, les manifestants ont laissé derrière eux un cercueil recouvert d'un linceul, sur lequel était reproduit le drapeau danois ainsi qu'une inscription : "La liberté de la presse ne signifie pas que vous puissiez insulter notre prophète Mahomet." VIOLENCES A BEYROUTH Dimanche à Beyrouth, des manifestants ont incendié le consulat du Danemark. Le bilan fourni lundi par la police fait état de un mort, asphyxié par les flammes touchant le bâtiment, et d'une cinquantaine de blessés dans les heurts avec les forces de l'ordre. Brandissant des drapeaux noirs et verts, avec la profession de foi musulmane "Il n'y a de dieu que Dieu et Mahomet est son prophète", les manifestants ont aussi lapidé des églises et des commerces dans le quartier chrétien d'Achrafiyé. "Quelques milliers" de personnes, répondant à l'appel d'un groupe inconnu baptisé "Mouvement national pour la défense du prophète Mahomet", ont également incendié des voitures de police et de pompiers dans ce quartier. La plupart avaient le visage masqué et certains portaient un keffieh à damiers rouge et blanc. Selon le premier ministre libanais, Fouad Siniora, une centaine de Palestiniens et de Syriens ont été arrêtés. Il a estimé que ces actes de violence "font partie du plan de déstabilisation dont est victime le Liban depuis plusieurs mois", en référence à la vague d'attentats qui frappe ce pays depuis octobre 2004. "ACTES INITIÉS À DAMAS" De son côté, Saad Hariri, chef du groupe majoritaire au Parlement libanais, a dénoncé dimanche depuis Paris "les actes de violence initiés à Damas et exportés à Beyrouth", et a appelé au calme après les violences à Beyrouth. Il a indiqué que des "non-Libanais" avaient été arrêtés lors de ces manifestations. "Leur nationalité sera révélée pour identifier d'éventuels étrangers infiltrés dans cette manifestation. Quiconque a lancé une pierre sur une église, une voiture, une ambassade en paiera le prix le plus élevé ", a-t-il assuré. Dans la soirée, plusieurs milliers de Libanais se sont retrouvés près du centre-ville pour dénoncer les violences et lancer des slogans antisyriens. Le ministre de l'intérieur libanais, Hassan Sabeh, a démissionné après les émeutes. Par ailleurs, quelque 3 000 Egyptiens ont manifesté sans incident au Caire en appelant à la rupture des relations avec le Danemark et la Norvège. "Tout sauf le Prophète", "Boycottez le Danemark et la Norvège", scandaient-ils. Une vingtaine de Palestiniens en armes ont peint un grand X sur la porte du Centre culturel français à Naplouse (Cisjordanie) et l'inscription : "fermé jusqu'à ce que votre pays présente ses excuses". Ils ont placardé un tract appelant au boycottage des produits français et danois, mais demandant de ne pas enlever des ressortissants européens par vengeance. Environ un millier de personnes, selon la police, ont également manifesté dimanche à Paris pour protester contre la publication de caricatures de Mahomet. La manifestation, qui s'est déroulée sans incident, est partie de la place de la Nation à 11 h 45 pour se rendre à celle de la Bastille à 15 h 25, a précisé la préfecture de police de Paris, qui ignore l'identité des organisateurs de ce défilé spontané. CONDAMNATIONS Samedi, les bâtiments des ambassades du Danemark et de la Norvège à Damas avaient été incendiés. Les manifestants avaient aussi saccagé les bureaux de l'ambassade du Chili, pénétré dans les représentations danoise et suédoise et brûlé un drapeau américain. Le Danemark a appelé dimanche ses ressortissants à quitter le Liban. Dimanche, le chef de la diplomatie danoise Per Stig Moeller a qualifié les attaques de "totalement inacceptables", soulignant que la Syrie avait "manqué à son devoir" de protéger l'ambassade. Quant à la Norvège, son premier ministre Jens Stoltenberg a annoncé dimanche qu'il allait demander des indemnisations à Damas. Le grand mufti de Syrie, cheikh Ahmad Badreddine Hassoun, a dit "regretter" ces actes, de même que le ministère syrien des affaires étrangères. La Maison Blanche a condamné "dans les termes les plus forts" ces attaques, dans un communiqué diffusé samedi soir à Crawford (Texas, Sud), où se trouvait le président George W. Bush. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a aussi condamné ces attaques, en soulignant qu'"incendie et destruction ne peuvent pas être des moyens pour corriger des erreurs" commises par des médias européens. Le président afghan, Hamid Kharzaï, s'est dit "très offensé" par les caricatures mais a appelé les musulmans au calme. Le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, a "désapprouvé" ces "regrettables et déplorables incidents", qui "portent gravement atteinte à la véritable image de l'islam". En Irak, le ministre des transports a annoncé le gel de tous les contrats avec le Danemark et la Norvège. En Jordanie, les rédacteurs en chef de deux journaux qui avaient publié les caricatures en les accompagnant d'un "appel à la raison" des musulmans et qui avaient été arrêtés samedi ont été relâchés dimanche sans caution, selon l'un d'eux. Ils ont comparu devant la justice pour "atteinte au sentiment religieux".