§ Les quotidiens Le Progrès de Lyon, Le Dauphiné libéré, Le Bien Public et Le Journal de Saône-et-Loire, journaux régionaux du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse, ex-empire Hersant, et leurs imprimeries vont passer sous la coupe de France Est Médias, groupe de L'Est républicain, le quotidien de Nancy, allié au Crédit mutuel. Le groupe élargit ainsi son assise de l'Alsace aux Alpes. L'annonce officielle du rachat du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse devait être officialisée au cours d'un comité d'entreprise extraordinaire, lundi 6 février, à Nancy dans les locaux de l'acquéreur. C'est finalement le groupe France Est Médias qui l'a emporté sur les deux autres candidats en lice, l'éditeur espagnol Vocento, associé à Sud Ouest, et le fonds britannique Mecom, dont les offres financières étaient pourtant supérieures. France Est Médias aurait déboursé environ de 270 à 285 millions d'euros pour cette opération, annonce le site Internet des Echos. "Le fait que ce soit une offre franco-française a pesé dans la décision", faisait valoir ce week-end un observateur. Au sein des divers journaux concernés et de la chaîne Télévision Lyon Métropole (TLM), l'inquiétude est vive, les syndicats dénonçant cette nouvelle opération de concentration. Les salariés ont appris la cession de leur groupe par Dassault dans la presse, mais ignorent encore les modalités de la vente. Des syndicats devaient être reçus par la direction du Progrès, lundi 6 février. "Les salariés sont mis devant le fait accompli sans jamais avoir été entendus par l'un ou l'autre des candidats. Nous aimerions savoir ce que le nouvel actionnaire va faire de ce groupe démesuré", dénonce un journaliste du Progrès. Dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes (SNJ) s'inquiète des dangers de "cette transaction qui débouche sur la constitution d'un des premiers groupes de presse du pays", et souligne que l'empire de L'Est républicain, adossé au Crédit mutuel et à France-Antilles (propriété de Philippe Hersant) s'étendra de manière continue sur tout l'est de la France, de la frontière belge à la frontière italienne. Le groupe France Est Médias a l'intention de rapprocher Les Dernières Nouvelles d'Alsace et L'Alsace, contrôlé par le Crédit mutuel. Les trois syndicats des Dernières Nouvelles d'Alsace redoutent la formation d'un ensemble détenant un quasi-monopole de la presse quotidienne régionale sur tout l'est de la France, avec 1,3 million d'exemplaires par jour. VASTE RESTRUCTURATION Le SNJ craint que cette concentration ne se traduise par la mutualisation des reportages et la généralisation des échanges de contenus, qui permettrait à l'acquéreur de réaliser des économies. Le syndicat s'interroge aussi sur la dimension politique de cette cession. Plus largement, les salariés s'inquiètent des moyens financiers du groupe lorrain. Le SNJ rappelle que le groupe de L'Est républicain est endetté à hauteur de 45 millions d'euros. Or il acquiert un groupe dont l'endettement se monte à 200 millions d'euros. Le pôle Rhône-Alpes emploie environ 2 500 salariés et totalise un chiffre d'affaires d'environ 350 millions d'euros. Dans tous les cas, selon plusieurs professionnels, l'acquéreur ne pourra éviter une vaste restructuration. "Ce que nous craignons, explique un journaliste du Progrès, c'est une nouvelle casse sociale. On a vécu il y a deux ans le rachat de Dassault, où la clause de cession avait masqué un plan social déguisé. Résultat : 50 départs n'ont jamais été remplacés." La rédaction lyonnaise note, avec une certaine ironie, le retour en Rhône-Alpes, à travers France-Antilles, de la famille Hersant qui avait dominé le paysage de la presse, en 1986, en rachetant Le Progrès. France-Antilles, propriétaire de L'Union de Reims, détient 48 % dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace et environ 28 % de L'Est républicain. Cette opération devra obtenir l'avis des autorités de la concurrence. Le groupe Dassault, qui a acheté la Socpresse en juin 2004, poursuit son désengagement. Une fois l'opération Rhône-Alpes bouclée, le groupe industriel se sera séparé de l'ensemble de ses quotidiens régionaux. La vente des journaux de Rhône-Alpes était prévue depuis longtemps. Peu de temps après le rachat de la Socpresse, Serge Dassault avait déclaré : "La première chose à faire est de réduire les déficits ou de vendre les journaux qui perdent de l'argent." Il s'est délesté du pôle des journaux de l'Ouest (Le Courrier de l'Ouest, Presse Océan et Le Maine libre), vendu à Ouest France, et du pôle de La Voix du Nord cédé au Belge Rossel. Par ailleurs, le groupe de presse belge Roularta a acquis 35 % de L'Express Expansion (groupe Socpresse) fin novembre, l'idée de Roularta étant d'en prendre le contrôle. Un rendez-vous est pris en 2007 avec Dassault. Par ailleurs, le groupe vient de céder Valmonde à Pierre Fabre. Dassault va pouvoir concentrer ses efforts sur Le Figaro, ce dont Serge Dassault rêvait. Il aura récupéré environ 500 millions d'euros, tandis qu'il a payé un peu plus de 1 milliard d'euros pour acquérir la Socpresse en 2004. § Les quotidiens Le Progrès de Lyon, Le Dauphiné libéré, Le Bien Public et Le Journal de Saône-et-Loire, journaux régionaux du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse, ex-empire Hersant, et leurs imprimeries vont passer sous la coupe de France Est Médias, groupe de L'Est républicain, le quotidien de Nancy, allié au Crédit mutuel. Le groupe élargit ainsi son assise de l'Alsace aux Alpes. L'annonce officielle du rachat du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse a eu lieu au cours d'un comité d'entreprise extraordinaire, lundi 6 février, à Nancy dans les locaux de l'acquéreur. C'est finalement le groupe France Est Médias qui l'a emporté sur les deux autres candidats en lice, l'éditeur espagnol Vocento, associé à Sud Ouest, et le fonds britannique Mecom, dont les offres financières étaient pourtant supérieures. France Est Médias aurait déboursé environ de 270 à 285 millions d'euros pour cette opération, annonce le site Internet des Echos. "Le fait que ce soit une offre franco-française a pesé dans la décision", faisait valoir ce week-end un observateur. Au sein des divers journaux concernés et de la chaîne Télévision Lyon Métropole (TLM), l'inquiétude est vive, les syndicats dénonçant cette nouvelle opération de concentration. Les salariés ont appris la cession de leur groupe par Dassault dans la presse, mais ignorent encore les modalités de la vente. Des syndicats devaient être reçus par la direction du Progrès, lundi 6 février. "Les salariés sont mis devant le fait accompli sans jamais avoir été entendus par l'un ou l'autre des candidats. Nous aimerions savoir ce que le nouvel actionnaire va faire de ce groupe démesuré", dénonce un journaliste du Progrès. Dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes (SNJ) s'inquiète des dangers de "cette transaction qui débouche sur la constitution d'un des premiers groupes de presse du pays", et souligne que l'empire de L'Est républicain, adossé au Crédit mutuel et à France-Antilles (propriété de Philippe Hersant) s'étendra de manière continue sur tout l'est de la France, de la frontière belge à la frontière italienne. Le groupe France Est Médias a l'intention de rapprocher Les Dernières Nouvelles d'Alsace et L'Alsace, contrôlé par le Crédit mutuel. Les trois syndicats des Dernières Nouvelles d'Alsace redoutent la formation d'un ensemble détenant un quasi-monopole de la presse quotidienne régionale sur tout l'est de la France, avec 1,3 million d'exemplaires par jour. VASTE RESTRUCTURATION Le SNJ craint que cette concentration ne se traduise par la mutualisation des reportages et la généralisation des échanges de contenus, qui permettrait à l'acquéreur de réaliser des économies. Le syndicat s'interroge aussi sur la dimension politique de cette cession. Plus largement, les salariés s'inquiètent des moyens financiers du groupe lorrain. Le SNJ rappelle que le groupe de L'Est républicain est endetté à hauteur de 45 millions d'euros. Or il acquiert un groupe dont l'endettement se monte à 200 millions d'euros. Le pôle Rhône-Alpes emploie environ 2 500 salariés et totalise un chiffre d'affaires d'environ 350 millions d'euros. Dans tous les cas, selon plusieurs professionnels, l'acquéreur ne pourra éviter une vaste restructuration. "Ce que nous craignons, explique un journaliste du Progrès, c'est une nouvelle casse sociale. On a vécu il y a deux ans le rachat de Dassault, où la clause de cession avait masqué un plan social déguisé. Résultat : 50 départs n'ont jamais été remplacés." La rédaction lyonnaise note, avec une certaine ironie, le retour en Rhône-Alpes, à travers France-Antilles, de la famille Hersant qui avait dominé le paysage de la presse, en 1986, en rachetant Le Progrès. France-Antilles, propriétaire de L'Union de Reims, détient 48 % dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace et environ 28 % de L'Est républicain. Cette opération devra obtenir l'avis des autorités de la concurrence. Le groupe Dassault, qui a acheté la Socpresse en juin 2004, poursuit son désengagement. Une fois l'opération Rhône-Alpes bouclée, le groupe industriel se sera séparé de l'ensemble de ses quotidiens régionaux. La vente des journaux de Rhône-Alpes était prévue depuis longtemps. Peu de temps après le rachat de la Socpresse, Serge Dassault avait déclaré : "La première chose à faire est de réduire les déficits ou de vendre les journaux qui perdent de l'argent." Il s'est délesté du pôle des journaux de l'Ouest (Le Courrier de l'Ouest, Presse Océan et Le Maine libre), vendu à Ouest France, et du pôle de La Voix du Nord cédé au Belge Rossel. Par ailleurs, le groupe de presse belge Roularta a acquis 35 % de L'Express Expansion (groupe Socpresse) fin novembre, l'idée de Roularta étant d'en prendre le contrôle. Un rendez-vous est pris en 2007 avec Dassault. Par ailleurs, le groupe vient de céder Valmonde à Pierre Fabre. Dassault va pouvoir concentrer ses efforts sur Le Figaro, ce dont Serge Dassault rêvait. Il aura récupéré environ 500 millions d'euros, tandis qu'il a payé un peu plus de 1 milliard d'euros pour acquérir la Socpresse en 2004.