§ Moins d'une semaine après des élections ratées, le 8 février, auxquelles moins de 21 % de la population en âge de voter a participé, le pouvoir royal népalais pourrait être obligé d'évoluer et de se montrer plus ouvert aux revendications de l'opposition politique et de la guérilla maoïste en matière de démocratisation. Lundi 13 février, la Cour suprême népalaise a dissout la commission anti-corruption créée par le roi Gyanendra en 2005 dans le but de contrôler les partis politiques. Soulignant l'incompatibilité de cette commission avec "les normes et l'esprit de la Constitution" démocratique de 1990, les juges népalais ont demandé que ses décisions soit annulées. La première conséquence de cette décision de justice est la libération de l'ancien premier ministre Sher Bahadur Deuba. Chef du gouvernement jusqu'au coup d'Etat royal, le 1^er février 2005, M. Deuba est une des figures principales du Parti du congrès népalais, un des plus importants dans le royaume himalayen. La fin de sa mise en résidence surveillée renforcerait la coalition de partis d'opposition formée en mai 2005 afin de faire pression sur le roi pour obtenir le retour à la démocratie. Le pouvoir absolu exercé par le roi Gyanendra depuis plus d'un an laisse toutefois craindre que la décision de la Cour suprême ait un impact réduit ou ne soit pas appliquée. La décision de la Cour suprême intervient néanmoins au lendemain du dixième anniversaire de la rébellion maoïste qui a vu les guérilleros considérablement renforcés face au pouvoir royal. ANTAGONISMES EXACERBÉS Dans une interview diffusée, lundi 13 février, par la chaîne de télévision britannique BBC, le chef de l'insurrection maoïste, Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda ("le furieux"), estime que le roi du Népal sera "exécuté par un tribunal populaire" ou "peut-être exilé" d'ici à cinq ans car, "dans le Népal actuel, il n'existe aucun avenir pour le roi". Rejetant la responsabilité de la crise actuelle sur le pouvoir, position sur laquelle la plupart des Népalais s'accordent, Prachanda a assuré qu'il se plierait au verdict populaire en cas de maintien du système monarchique approuvé par une Assemblée constituante. Tout en maintenant une pression militaire importante par de nombreuses actions de guérilla, l'insurrection maoïste joue l'apaisement politique et prend résolument position pour la démocratie en proposant la rédaction d'une nouvelle Constitution sous supervision de l'ONU ou d'une autre organisation internationale. Ces déclarations interviennent au moment précis où le roi s'attire l'opprobre de la communauté internationale en rejetant les critiques qu'elle a faites sur la fiabilité des élections en les qualifiant d'"insolentes". Après la fin de la grève générale décidée au lendemain de l'échec des élections, considéré comme une victoire par les rebelles maoïstes, l'insurrection a libéré une vingtaine de prisonniers (des policiers et des militaires) au cours du week-end. Depuis l'arrêt du cessez-le-feu au début du mois de janvier, les maoïstes se sont de plus interdit de perpétrer des attentats contre des civils. C'est peut-être cette évolution récente de la guérilla qui joue le plus contre le roi Gyanendra. § Moins d'une semaine après les élections du 8 février, auxquelles moins de 21 % de la population en âge de voter a participé, le pouvoir royal népalais pourrait être obligé de se montrer plus ouvert aux revendications de l'opposition politique et la guérilla maoïste en matière de démocratisation. Lundi 13 février, la Cour suprême népalaise a dissout la commission anticorruption créée par le roi Gyanendra en 2005 dans le but de contrôler les partis politiques. Soulignant l'incompatibilité de cette commission avec "les normes et l'esprit de la Constitution" démocratique de 1990, les juges népalais ont demandé que ses décisions soit annulées. La première conséquence de cette décision de justice est la libération de l'ancien premier ministre Sher Bahadur Deuba. Chef du gouvernement jusqu'au coup d'Etat royal, le 1^er février 2005, M. Deuba est une des figures principales du Parti du Congrès népalais, un des plus importants dans le royaume himalayen. Incarcéré pour corruption, l'ancien chef de gouvernement a été libéré de la prison de Katmandou aux environs de minuit lundi après qu'un groupe de supporters venu le soutenir s'est dispersé. "Mon but est la restauration de la démocratie et je me consacrerai entièrement à l'acomplissement de cet objectif", a déclaré Sher Bahadur Deuba à sa sortie de prison. Pour l'ancien premier ministre, "par cette décision, la Cour suprême établit l'indépendance du pouvoir judiciaire, l'existence de l'Etat de droit et reconnaît la souveraineté du peuple". La libération du responsable politique renforce la coalition de partis d'opposition formée en mai 2005 pour obtenir le retour à une démocratie multipartite. Pour Dip Kumar Upadhaya, une autre figure centrale du Parti du Congrès népalais, "la Cour suprême nous a finalement donné raison. (...) C'est une défaite pour le gouvernement royaliste. Cette libération va donner une impulsion nouvelle à notre mouvement pour la restauration de la démocratie". DÉCLARATIONS DU CHEF DE LA GUÉRILLA MAOÏSTE Le pouvoir absolu exercé par le roi Gyanendra depuis son coup d'Etat, il y a un peu plus d'un an, semble menacé. Pour tenir le pays d'une main de fer et contenir la guérilla maoïste, le roi s'appuie en effet largement sur la police. La décision de la Cour suprême intervient de plus au lendemain du dixième anniversaire de la rébellion maoïste qui a vu les guérilleros considérablement renforcés face au pouvoir royal. Dans une interview diffusée, lundi 13 février, par la chaîne de télévision britannique BBC, le chef de l'insurrection maoïste, Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda, estime que le roi du Népal sera "exécuté par un tribunal populaire" ou "peut-être exilé" d'ici à cinq ans car, "dans le Népal actuel, il n'existe aucun avenir pour le roi". Rejetant la responsabilité de la crise actuelle sur le pouvoir, position sur laquelle la plupart des Népalais s'accordent, Prachanda a assuré qu'il se plierait au verdict populaire en cas de maintien du système monarchique approuvé par une Assemblée constituante. Tout en maintenant une pression militaire importante par de nombreuses actions de guérilla, l'insurrection maoïste joue l'apaisement politique et prend résolument position pour la démocratie en proposant la rédaction d'une nouvelle Constitution sous supervision de l'ONU ou d'une autre organisation internationale.