§ Al'occasion du premier anniversaire de la mort de Rafic Hariri, mardi 14 février, des centaines de milliers de Libanais se sont rassemblés sur la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth. Dans ce pays d'environ quatre millions d'habitants, ils sont un million à être descendus dans la rue d'après les organisateurs, 500 000 d'après l'agence de presse Reuters. La police libanaise dit ne pas être encore en mesure d'avancer un chiffre. Des Libanais de l'ensemble du pays ont convergé en bus, en voiture et à pied vers le centre-ville. Ils affluent notamment du Liban Sud et de la plaine de la Bekaa, frontalière de la Syrie. § Pour le premier anniversaire de la mort de Rafic Hariri, mardi 14 février, l'ensemble de la presse libanaise a publié des historiques de "l'insurrection" et consacré "l'indépendance écrite en lettres de sang", selon l'expression du quotidien francophone (1)L'Orient-Le Jour. Les médias audiovisuels ne sont pas en reste : la télévision Future TV, propriété des Hariri, consacre des rétrospectives aux années de la tutelle syrienne, avec pour titre : "Plus jamais ça." Elle a diffusé une interview de Jacques Chirac qui rend hommage à Rafic Hariri, qu'il compare au général Charles de Gaulle pour avoir voulu, lui aussi, rendre à son pays le respect qu'on lui doit. Le président français a jugé que Rafic Hariri, dont il était très proche, "a profondément marqué son temps". Il a ajouté que "le Liban a retrouvé, grâce à lui, une certaine fierté" ainsi qu'"un espoir que la démocratie, la paix, la liberté pourront être rétablies". Les Etats-Unis ont également envoyé un message de soutien à la famille Hariri et aux forces antisyriennes. Le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a souhaité "que justice soit faite et que soient démasqués ceux qui sont responsables de l'assassinat du premier ministre Hariri et de 22 autres personnes" mortes avec lui dans l'attentat. "La communauté internationale ne trouvera pas de repos tant qu'elle ne connaîtra pas les responsables et que ces responsables n'auront pas répondu de leurs actes", a ajouté le diplomate. BEYROUTH AU RALENTI Au Liban, les restaurants et hôtels ont avancé de trois jours les soirées de la Saint-Valentin afin qu'elles ne concordent pas avec l'anniversaire de l'attentat. Selon des fleuristes, les commandes de roses ont grimpé en flèche, peut-être plus à cause de l'appel des forces antisyriennes à déposer une rose sur la sépulture du "martyr", qu'en raison de la fête des amoureux. Mardi, les écoliers n'iront pas à l'école et la plupart des magasins resteront fermés. Des milliers de policiers et de soldats, appuyés de véhicules blindés, sont déployés dans les rues de la capitale et dans les principales villes du Liban. Le centre-ville de Beyrouth est fermé à la circulation. Des milliers de Libanais convergent déjà vers le cur de la ville, devant la tombe de l'ancien premier ministre. Au total, on s'attend à un rassemblement de centaines de milliers de personnes. Saad Hariri, fils de Rafic Hariri et chef de la majorité parlementaire, a invité ses compatriotes à participer en masse au rassemblement "au-delà de tous les clivages politiques et religieux". Un moyen aussi d'asseoir son assise politique née du mouvement dit "du 14 mars" en référence au 14 mars 2005, quand près d'un million de Libanais, toutes confessions confondues, s'étaient rassemblés pour dénoncer le meurtre de Rafic Hariri et la tutelle syrienne, et avaient obtenu le départ des soldats de Damas fin avril 2005, avec le soutien de la communauté internationale. La veille de la commémoration, l'actuel premier ministre libanais, Fouad Siniora, a rencontré à Riyad les dirigeants saoudiens qui uvrent à réduire les tensions entre Beyrouth et Damas. La visite diplomatique visait à dissiper le mécontentement des Saoudiens qui ont pris ombrage du rejet par le Liban d'une médiation avec la Syrie. La rencontre avec le chef de gouvernement libanais a permis au chef de la diplomatie saoudienne, Saoud Al-Fayçal, de réaffirmer le poids de l'Arabie saoudite en déclarant que son pays "continuerait à appuyer le Liban (...) pour le bien de (ses) frères libanais".