§ C'est une vente historique qui s'annonce. Les 14 et 15 février, Sotheby's devrait mettre aux enchères, à New York, cent trente photographies d'une qualité exceptionnelle, qui viennent directement des collections du Metropolitan Museum de New York. "C'est simple, résume Denise Bethel, directrice de la photographie chez Sotheby's, en vingt-six ans de carrière, je n'ai jamais vu une telle sélection. Nous avons là un ensemble de photographies majeures, qui va du pictorialisme américain avec Stieglitz et Steichen, au modernisme avec Weston ou Evans." La maison de vente, qui espère tirer 4 à 6 millions de dollars de ces enchères, a exposé les photos en Europe avant la vente une première pour mettre l'eau à la bouche des collectionneurs et des institutions. Les estimations donnent le ton, avec des prix qui atteignent le million de dollars. Il faut dire que ces images arrivent précédées d'une réputation prestigieuse : une centaine d'entre elles viennent de la collection Gilman, considérée comme le plus bel ensemble privé du monde. Achetée par le Met en 2005, cette collection de huit mille cinq cents photos a été rassemblée en vingt ans par Howard Gilman, magnat du papier, et son conseiller Pierre Apraxine, à partir de la fin des années 1970 : une époque où la photographie attirait bien moins de collectionneurs. "Le marché était naissant, indique M. Apraxine. Des pièces apparaissaient dont on ne savait pas qu'elles étaient rares." Les intuitions du conservateur et la fortune du collectionneur ont permis de réunir des oeuvres qui racontent toute l'histoire de la photographie, surtout son premier siècle, de 1839 à 1939. "Nous avons acheté des chefs-d'oeuvre, mais aussi des pièces plus secondaires, afin d'éclairer le contexte", souligne Pierre Apraxine. Dès les années 1990, le Met et la collection Gilman se sont rapprochés, le musée proposant à la collection, dans les salles de peinture ancienne, une grande exposition qui a fait date. "The Waking Dream", en 1993, n'a pas peu contribué à changer la perception de la photographie aux yeux du public. Par la suite, les échanges se sont approfondis : Pierre Apraxine est devenu consultant pour le Met, tandis qu'Howard Gilman a offert au musée sa première galerie permanente dédiée à la photographie. "Nous avons orienté nos achats pour que les deux collections soient complémentaires et s'imbriquent comme les pièces d'un puzzle, indique le responsable de la photographie au Met, Malcolm Daniel. Avec l'espoir d'une donation." DES DOUBLONS OU DES VARIANTES Mais la mort soudaine d'Howard Gilman, en 1998, et le règlement difficile de sa succession ont bouleversé ces plans. Il a fallu attendre 2005 pour que le Met acquière la collection Gilman, une partie lui étant donnée et l'autre vendue, pour un montant secret sur le marché, la valeur de l'ensemble est estimée à 100 millions de dollars. "Nos mécènes ont été généreux, dit Malcolm Daniel, conservateur chargé de la photographie au Met. Mais cela reste l'une des plus grosses acquisitions de toute l'histoire du Met." Pour boucler la transaction, le musée a dû s'engager à vendre une partie des images. "Ce sacrifice nous permet d'acquérir une collection qui transforme totalement notre patrimoine et nous hisse aux premiers rangs mondiaux." Il souligne d'ailleurs que les images exceptionnelles en vente sont toutes des doublons ou des variantes. Ainsi le Met se sépare de Pond-Moonlight, un paysage d'Edward Steichen de 1904 estimé 700 000 dollars. Il n'existe que deux autres tirages connus : le Met en a un, le MoMa détient l'autre. C'est en général la version Gilman qui est proposée, même quand elle est meilleure : "Certaines donations nous interdisent, par leur statut, de les revendre", précise Malcolm Daniel. C'est le cas des photos offertes par le photographe Stieglitz au musée en 1928. Parmi elles, un beau nu de Georgia O'Keeffe signé de lui. "Nous devons garder celui offert par Stieglitz, alors que le tirage de Gilman est plus ancien." Ce dernier est estimé à 300 000 dollars. § C'est une vente historique qui s'annonce. Les 14 et 15 février, Sotheby's devrait mettre aux enchères, à New York, cent trente photographies d'une qualité exceptionnelle, qui viennent directement des collections du Metropolitan Museum de New York. "C'est simple, résume Denise Bethel, directrice de la photographie chez Sotheby's, en vingt-six ans de carrière, je n'ai jamais vu une telle sélection. Nous avons là un ensemble de photographies majeures, qui va du pictorialisme américain avec Stieglitz et Steichen, au modernisme avec Weston ou Evans."