§ Juché sur une estrade au coeur de la ville de Khan Younès, Mohamed Dahlan harangue une dernière fois la foule, lundi 23 janvier. Le candidat du Fatah le plus en vue de la bande de Gaza promet une victoire dédiée aux mânes de Yasser Arafat, aux "martyrs" et aux prisonniers. Des rafales de fusils d'assaut ponctuent cette démonstration de force "fatahouie" dans l'un des bastions islamistes de la bande de Gaza. Chef de la sécurité préventive de Gaza pendant près d'une décennie, ministre des affaires civiles jusqu'à décembre 2005, chargé à ce titre du dossier des contacts avec Israël, M. Dahlan incarne à la fois le bilan d'une Autorité palestinienne identifiée au Fatah et les aspirations au changement d'une partie de ses cadres. Cette posture délicate l'oblige à une campagne acharnée face à la mécanique implacable du Hamas. La veille, sur la chaîne libanaise LBC, un débat très suivi à Khan Younès a mis aux prises M. Dahlan et l'un des principaux dirigeants islamistes, Mahmoud Zahar. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler à son adversaire ses côtes cassées lors d'une arrestation et d'un interrogatoire en 1996. M. Dahlan a répliqué en moquant l'inconstance du Hamas, qui avait boycotté les élections de 1996, et son radicalisme idéologique, qui l'empêcherait, selon lui, de traiter efficacement avec les Israéliens. "Vous allez envoyer comment les travailleurs en Israël, par Internet ? Il est temps pour vous de découvrir les souffrances du gouvernement", a-t-il lancé. La perspective d'une coalition gouvernementale rassemblant les deux principaux mouvements palestiniens fait son chemin dans les esprits. Menacé dans les urnes, le Fatah donne l'impression de courir désespérément derrière le Hamas en reprenant à son compte, le temps de la campagne, les couleurs guerrières de la résistance. Le sigle de son ancienne "armée" Al-Assifa (la tempête), fait de fusils entrecroisés, est omniprésent sur ses affiches. A Khan Younès, les miliciens en armes du Fatah n'ont cessé de parader, lundi, en rappelant que "la première balle, la première pierre" sont venues de leurs rangs. En marge des ballets d'hommes armés et de camions lestés d'énormes haut-parleurs et hérissés d'oriflammes, les électeurs potentiels expriment d'autres préoccupations. Bien qu'il se déclare proche du Fatah, Salim-al-Agha, un ingénieur de 53 ans au chômage, réclame le changement. "On veut la sécurité. Il y a trop d'armes à Khan Younès. La moindre des querelles dégénère en fusillade", assure-t-il en référence aux conflits impliquant les clans familiaux ou des groupuscules issus du Fatah, mais jamais les milices du Hamas. Samira Taoufik, une employée de l'Autorité palestinienne, elle aussi proche du Fatah, n'est pas moins critique : "Il faut en finir avec ce chaos, c'est triste de voir encore le sang couler alors que les occupants sont partis." A l'autre bout de la ville, face à l'ancienne colonie israélienne de Neve Dekalim, la vie suit un cours hasardeux parmi les maisons en partie détruites lors d'incursions israéliennes. "Dahlan est venu nous dire que les gravats allaient être bientôt dégagés, mais je ne crois plus à ses promesses. L'Autorité est là depuis dix ans et elle n'a rien fait pour nous, alors on va essayer le Hamas", lance "Oum Fayez", de son vrai nom Samira Mohamed. Ses soeurs "Oum Shirine" et "Oum Souha" abondent en son sens. "Ici, il n'y a que les gens qui travaillent à l'Autorité qui suivent le Fatah, les autres votent Hamas, pas pour des questions religieuses mais pour changer, pour essayer autre chose", assure la première. "On ne reçoit pas grand-chose d'eux, sauf pour les fêtes, mais, au moins, les gens du Hamas sont proches de nous, ajoute la seconde, les jours de joie comme les jours de peine." § Juché sur une estrade au cur de la ville de Khan Younès, Mohamed Dahlan harangue une dernière fois la foule, lundi 23 janvier. Le candidat du Fatah le plus en vue de la bande de Gaza promet une victoire dédiée aux mânes de Yasser Arafat, aux "martyrs" et aux prisonniers. Des rafales de fusils d'assaut ponctuent cette démonstration de force "fatahouie" dans l'un des bastions islamistes de la bande de Gaza. Chef de la sécurité préventive de Gaza pendant près d'une décennie, ministre des affaires civiles jusqu'à décembre 2005, chargé à ce titre du dossier des contacts avec Israël, M. Dahlan incarne à la fois le bilan d'une Autorité palestinienne identifiée au Fatah et les aspirations au changement d'une partie de ses cadres. Cette posture délicate l'oblige à une campagne acharnée face à la mécanique implacable du Hamas. La veille, sur la chaîne libanaise LBC, un débat très suivi à Khan Younès a mis aux prises M. Dahlan et l'un des principaux dirigeants islamistes, Mahmoud Zahar. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler à son adversaire ses côtes cassées lors d'une arrestation et d'un interrogatoire en 1996. M. Dahlan a répliqué en moquant l'inconstance du Hamas, qui avait boycotté les élections de 1996, et son radicalisme idéologique, qui l'empêcherait, selon lui, de traiter efficacement avec les Israéliens. "Vous allez envoyer comment les travailleurs en Israël, par Internet ? Il est temps pour vous de découvrir les souffrances du gouvernement", a-t-il lancé. La perspective d'une coalition gouvernementale rassemblant les deux principaux mouvements palestiniens fait son chemin dans les esprits. Menacé dans les urnes, le Fatah donne l'impression de courir désespérément derrière le Hamas en reprenant à son compte, le temps de la campagne, les couleurs guerrières de la résistance. Le sigle de son ancienne "armée" Al-Assifa (la tempête), fait de fusils entrecroisés, est omniprésent sur ses affiches. A Khan Younès, les miliciens en armes du Fatah n'ont cessé de parader, lundi, en rappelant que "la première balle, la première pierre" sont venues de leurs rangs. En marge des ballets d'hommes armés et de camions lestés d'énormes haut-parleurs et hérissés d'oriflammes, les électeurs potentiels expriment d'autres préoccupations. Bien qu'il se déclare proche du Fatah, Salim-al-Agha, un ingénieur de 53 ans au chômage, réclame le changement. "On veut la sécurité. Il y a trop d'armes à Khan Younès. La moindre des querelles dégénère en fusillade", assure-t-il en référence aux conflits impliquant les clans familiaux ou des groupuscules issus du Fatah, mais jamais les milices du Hamas. Samira Taoufik, une employée de l'Autorité palestinienne, elle aussi proche du Fatah, n'est pas moins critique : "Il faut en finir avec ce chaos, c'est triste de voir encore le sang couler alors que les occupants sont partis." A l'autre bout de la ville, face à l'ancienne colonie israélienne de Neve Dekalim, la vie suit un cours hasardeux parmi les maisons en partie détruites lors d'incursions israéliennes. "Dahlan est venu nous dire que les gravats allaient être bientôt dégagés, mais je ne crois plus à ses promesses. L'Autorité est là depuis dix ans et elle n'a rien fait pour nous, alors on va essayer le Hamas", lance "Oum Fayez", de son vrai nom Samira Mohamed. Ses surs "Oum Shirine" et "Oum Souha" abondent en son sens. "Ici, il n'y a que les gens qui travaillent à l'Autorité qui suivent le Fatah, les autres votent Hamas, pas pour des questions religieuses mais pour changer, pour essayer autre chose", assure la première. "On ne reçoit pas grand-chose d'eux, sauf pour les fêtes, mais, au moins, les gens du Hamas sont proches de nous, ajoute la seconde, les jours de joie comme les jours de peine."