§ Une technologie développée conjointement par plusieurs laboratoires de prestigieuses universités canadienne, américaine et anglaise pourrait arriver à détourner la censure numérique qui sévit dans plusieurs pays du monde, et notamment en Chine. Ce système est en phase d'achèvement au Canada, et pourrait rendre rapidement un peu d' " e-liberté " aux quelques cent-dix millions d'internautes chinois. L'apparition d'Internet en Chine fut immédiatement accompagnée de techniques de filtrage interdisant aux internautes l'accès à certains mots-clés spécifiques et donc à des pans entiers du Web mondial. Le durcissement de la position des autorités chinoises s'est accéléré récemment, puisque Liu Jianchao, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, a justifié l'augmentation des restrictions dans les cybercafés à partir du 1^er mars par cette déclaration : "Avec le développement d'Internet sont apparus des contenus nocifs et illégaux. Le gouvernement chinois met en place certaines mesures afin de limiter l'accès à ce contenu immoral et nocif, particulièrement pour les jeunes". GOOGLE MADE IN CHINA C'est dans ce contexte que Google, après Yahoo! et Microsoft il y a quelques mois, a lancé le 25 janvier dernier son moteur en Chine"google.cn". Mais le géant de la recherche sur Internet n'a pu le faire que sous certaines conditions imposées par la censure d'Etat ( Le Monde du 17 février 2006). Ce filtrage, réalisé à au moins trois niveaux (noms de domaines entiers et adresses url retirés des listes de résultats ou mots-clés renvoyant vers des pages "politiquement correctes" hébergées en Chine) occulte tout ce qui ne convient pas au gouvernement chinois. Pour bien se rendre compte de ces différences, une page comparative des résultats de google.cn et de google.com a été développée par l'OpenNet Initiative (ONI), une entité née d'un partenariat entre le (1)Berkman Center for Internet & Society de l'Université Harvard, le (2)Cambridge Security Programme de l'Université de Cambridge et le (3)Citizen Lab de l'Université de Toronto. L'ONI, en étudiant les relations complexes entre Etats et réseaux, pointe du doigt les dérives et prises de contrôle d'Internet dans certains pays. Les mises en place de filtres et de systèmes de surveillance sont systématiquement analysées et révélées afin d'essayer de les combattre. Et le fer de lance dans ce combat a désormais un nom : Psiphon. PSIPHON SQUATTE LES FLUX FINANCIERS Mais comment fonctionne ce système ? L'internaute chinois n'a pas besoin d'installer quoi que ce soit. Simplement ce système de contournement en ligne permet à l'internaute d'interroger de façon transparente et cryptée par SSL (Secure Sockets Layers) et le port 443 (port sécurisé destiné au transit des données financières) les serveurs "amis" d'un pays censuré. Ces serveurs amis analyseront la demande, et renverront les réponses non censurées mais toujours de façon cryptée et sans traces sur l'ordinateur de l'internaute. Et comme le précise le professeur Ronald Deibert, directeur du Citizen Lab de Toronto, le pays qui souhaite interdire l'accès à ces informations ne pourra le faire que s'il se passe aussi des flux de transactions financières. Le lancement de Psiphon est imminent, et profitera non seulement aux internautes chinois, mais également à tous ceux qui subissent une censure sur le Web comme par exemple les internautes de Corée du nord, d'Iran ou encore d'Arabie saoudite. Détail amusant mais révélateur, si l'on interroge l'outil de comparaison de l'ONI sur le mot "psiphon", c'est, une fois n'est pas coutume, la version chinoise de google qui renvoie le plus de réponses Olivier Dumons § Une technologie développée conjointement par plusieurs laboratoires de prestigieuses universités canadienne, américaine et anglaise pourrait arriver à détourner la censure numérique qui sévit dans plusieurs pays du monde, et notamment en Chine. Ce système est en phase d'achèvement au Canada, et pourrait rendre rapidement un peu d' " e-liberté " aux quelque cent dix millions d'internautes chinois. L'apparition d'Internet en Chine fut immédiatement accompagnée de techniques de filtrage interdisant aux internautes l'accès à certains mots-clés spécifiques et donc à des pans entiers du Web mondial. Le durcissement de la position des autorités chinoises s'est accéléré récemment, puisque Liu Jianchao, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, a justifié l'augmentation des restrictions dans les cybercafés à partir du 1^er mars par cette déclaration : "Avec le développement d'Internet sont apparus des contenus nocifs et illégaux. Le gouvernement chinois met en place certaines mesures afin de limiter l'accès à ce contenu immoral et nocif, particulièrement pour les jeunes." GOOGLE MADE IN CHINA C'est dans ce contexte que Google, après Yahoo! et Microsoft il y a quelques mois, a lancé le 25 janvier dernier son moteur en Chine"google.cn". Mais le géant de la recherche sur Internet n'a pu le faire que sous certaines conditions imposées par la censure d'Etat (Le Monde du 17 février 2006). Ce filtrage, réalisé à au moins trois niveaux (noms de domaines entiers et adresses url retirés des listes de résultats ou mots-clés renvoyant vers des pages "politiquement correctes" hébergées en Chine) occulte tout ce qui ne convient pas au gouvernement chinois. Pour bien se rendre compte de ces différences, une page comparative des résultats de google.cn et de google.com a été développée par l'OpenNet Initiative (ONI), une entité née d'un partenariat entre le (1)Berkman Center for Internet & Society de l'Université Harvard, le (2)Cambridge Security Programme de l'Université de Cambridge et le (3)Citizen Lab de l'Université de Toronto. L'ONI, en étudiant les relations complexes entre Etats et réseaux, pointe du doigt les dérives et prises de contrôle d'Internet dans certains pays. Les mises en place de filtres et de systèmes de surveillance sont systématiquement analysées et révélées afin d'essayer de les combattre. Et le fer de lance dans ce combat a désormais un nom : Psiphon. PSIPHON SQUATTE LES FLUX FINANCIERS Mais comment fonctionne ce système ? L'internaute chinois n'a pas besoin d'installer quoi que ce soit. Simplement ce système de contournement en ligne permet à l'internaute d'interroger de façon transparente et cryptée par SSL (Secure Sockets Layers) et le port 443 (port sécurisé destiné au transit des données financières) les serveurs "amis" d'un pays censuré. Ces serveurs amis analyseront la demande, et renverront les réponses non censurées mais toujours de façon cryptée et sans traces sur l'ordinateur de l'internaute. Et comme le précise le professeur Ronald Deibert, directeur du Citizen Lab de Toronto, le pays qui souhaite interdire l'accès à ces informations ne pourra le faire que s'il se passe aussi des flux de transactions financières. Le lancement de Psiphon est imminent, et profitera non seulement aux internautes chinois, mais également à tous ceux qui subissent une censure sur le Web comme par exemple les internautes de Corée du Nord, d'Iran ou encore d'Arabie saoudite. Détail amusant mais révélateur, si l'on interroge l'outil de comparaison de l'ONI sur le mot "psiphon", c'est, une fois n'est pas coutume, la version chinoise de Google qui renvoie le plus de réponses Olivier Dumons