§ Le livre Place Beauvau, rédigé par trois journalistes du Point, n'a pas fini de faire parler de lui. A peine était-il sur les rayons des librairies, jeudi 9 février, que l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) était saisie du dossier par le directeur général de la police nationale, Michel Gaudin. Depuis, dix-huit policiers ont déjà été entendus par l'IGPN, a indiqué, dimanche 12 février, la direction générale de la police nationale (DGPN). Dans Place Beauvau, les auteurs citent les témoignages anonymes de cinq fonctionnaires de la police judiciaire selon lesquels plusieurs suspects dans les enquêtes sur les attentats de 1995 auraient été victimes de sévices. Les faits se seraient déroulés, selon les trois journalistes du Point, tant à Paris, dans les locaux de la 6^e division où un des suspects aurait notamment été suspendu à une fenêtre, que dans les locaux du service régional de police judiciaire (SRPJ) de Lyon. Dans un cas comme dans l'autre, des suspects auraient reçu des décharges électriques. DES INCOHÉRENCES SELON DES POLICIERS AUDITIONNÉS Selon la DGPN, tous les policiers entendus se sont déclarés choqués et "scandalisés" par ces accusations. Il s'agit de policiers qui étaient en poste au SRPJ de Lyon pour huit d'entre eux et à la 6^e division de la direction centrale de la police judiciaire (ancêtre de la DNAT), à l'époque, comme l'indique le Journal du dimanche. Roger Marion (actuel préfet délégué à la sécurité auprès du préfet de la région Nord-Pas-de-Calais) et Bernard Trenque, qui étaient à l'époque respectivement chef de la 6^e division et chef du SRPJ de Lyon, figurent parmi les policiers déjà auditionnés par l'IGPN. Certains policiers entendus, en poste à l'époque à la 6^e division antiterroriste à Paris, ont invoqué des "incohérences" dans les faits évoqués par le livre. Ainsi, ils soulignent le fait que les locaux où l'un des suspects aurait été suspendu à une fenêtre donnent d'un côté sur la rue des Saussaies, très passante, et que de l'autre n'existent que des "Velux" qui ne se prêtent techniquement pas à une telle chose. L'IGPN doit encore entendre plusieurs policiers, aujourd'hui retraités, mais à l'époque eux aussi membres de la 6^e division ou du SRPJ lyonnais. "Cela prendra un peu de temps, car il faut consulter les dossiers de l'administration de la police nationale pour retrouver leurs traces et les convoquer", a-t-on relevé dimanche à la direction générale. PUBLICATION DES RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE De son côté, Claude Guéant, directeur général de la police à l'époque et aujourd'hui directeur du cabinet du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, s'est déclaré samedi "stupéfait". "Tout le monde l'a été, moi le premier. Ni à l'époque ni depuis, jamais nous n'avons entendu parler de ça", a-t-il encore assuré. Il a souligné que cela ne signifiait pas qu'il démentait ces allégations, mais qu'il souhaitait savoir : "Jamais depuis dix ans, aucune rumeur n'est parvenue à mes oreilles, mais nous avons le devoir d'en avoir le cur net." "Tous (les policiers entendus) démentent et clament leur indignation", a-t-il ajouté. Place Beauvau, on reste prudent sur ces accusations."Soit les faits sont avérés et, dans ce cas-là, il y aura des sanctions, a déclaré, lundi 13 février, Nicolas Sarkozy. Soit il s'agit de calomnies et, dans ce cas-là, je me réserve de déposer plainte pour protéger l'honneur de gens qui ont fait un travail qui a permis de sauver des vies." "Nous sommes onze ans après, personne n'en a jamais entendu parler. Les témoignages cités sont parfaitement anonymes", a souligné le ministre de l'intérieur, qui s'est par ailleurs engagé à publier les résultats de l'enquête. "Dès que j'ai été saisi de ces faits, j'ai déclenché une enquête de l'IGPN. Cette enquête est en cours, je publierai tous les éléments de cette enquête", a-t-il précisé. § Le livre Place Beauvau, rédigé par trois journalistes du Point, n'a pas fini de faire parler de lui. A peine était-il sur les rayons des librairies, jeudi 9 février, que l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) était saisie du dossier par le directeur général de la police nationale, Michel Gaudin. Depuis, dix-huit policiers ont déjà été entendus par l'IGPN, a indiqué, dimanche 12 février, la direction générale de la police nationale (DGPN).