§ Le docteur Frédéric Chaussoy et Marie Humbert, mère du jeune tétraplégique Vincent Humbert, ne seront pas jugés pour l'avoir aidé à mourir en 2003, comme il le réclamait. Une ordonnance de non-lieu a été délivrée par la juge d'instruction Anne Morvant, a-t-on appris, lundi 27 février, de source judiciaire. Cette ordonnance, prise par la juge Anne Morvant, est "conforme à ce que j'avais requis, avec évidemment une motivation qui est propre au magistrat instructeur", a déclaré le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Gérald Lesigne, précisant qu'elle s'appuie sur la notion de "contrainte". Vincent Humbert, jeune homme de 22 ans devenu tétraplégique et presque aveugle à la suite d'un accident de voiture en 2000, avait réclamé "le droit de mourir" au président de la République, en novembre 2002. Sa mère, après avoir annoncé à la télévision qu'elle allait "aider son fils à se suicider", lui avait injecté une dose de barbituriques, le 24 septembre 2003. Plongé dans un coma profond, Vincent Humbert avait été transféré au service de réanimation du docteur Chaussoy. Avec l'accord de l'équipe médicale et de la famille, le médecin avait décidé de débrancher le respirateur artificiel du jeune homme puis d'injecter du chlorure de potassium, un produit létal qui entraîne un arrêt cardiaque. "PRESSION PSYCHOLOGIQUE ET MÉDIATIQUE" Le docteur Chaussoy avait été mis en examen en janvier 2004 pour "empoisonnement avec préméditation", un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité, et M^me Humbert pour "administration de substances toxiques", délit passible de cinq ans d'emprisonnement. Tous deux avaient été laissés en liberté. En requérant un non-lieu général le 2 janvier, M. Lesigne avait expliqué que "les gestes" commis par Marie Humbert et le docteur Chaussoy étaient "prohibés", mais que la notion de "contrainte" pouvait être retenue pour les expliquer. "Il y a des conditions qui n'étaient pas celles de la sérénité. On peut considérer qu'une contrainte s'est exercée dans cette affaire", avait-il dit, évoquant "la pression psychologique et médiatique à laquelle ont été confrontés sa mère et le médecin". Il précisait que "ces réquisitions se fondent sur l'élément moral de l'infraction et non pas sur l'élément matériel et légal". "ON A TRAHI MON FILS" "C'est un grand moment de bonheur. On attendait cette décision depuis très longtemps, elle a longtemps été repoussée (...). Nous sommes libérés !" a confié à la presse, à Lille, le docteur Chaussoy, disant avoir"rencontré une justice humaine". "J'ai fait mon boulot, ni plus ni moins, a-t-il déclaré à propos de son geste. Quelque part, je ne regrette rien (...). Demain, je referais exactement la même chose. On est là pour aider, pour apaiser, pour soulager la souffrance". De son côté, Marie Humbert s'est déclarée "contente pour le docteur Chaussoy", mais "très déçue" pour elle-même. "Ça signifie qu'on va enterrer l'histoire comme si mon fils n'avait pas existé, comme si son combat n'avait pas existé", a-t-elle réagi. "On a trahi mon fils. Ça n'a servi à rien", a-t-elle ajouté, déplorant que la justice ait retenu l'idée de "contrainte morale" à son égard, "une hypocrisie" et un "manque de courage". Son avocat, M^e Hugues Vigier, a déploré qu'"on (ait) utilisé un subterfuge juridique, la contrainte morale, ce qui revient à dire qu'elle ne savait pas ce qu'elle faisait. C'est indigne d'elle (qui) voulait que ce combat puisse servir aux autres". M^e Vigier aurait "souhaité qu'on dise qu'elle doit être renvoyée devant une juridiction eu égard à son geste, mais qu'au nom de l'intérêt général, il n'y a pas lieu de la poursuivre". Marie Humbert a promis de se "battre encore plus maintenant pour une 'loi Vincent Humbert'", qui autoriserait une "aide active à mourir" dans certains cas. La loi sur "l'accompagnement de la fin de vie" suscitée par son histoire et adoptée en avril 2005 institue un droit à"laisser mourir", sans aborder le suicide assisté tenté par Marie Humbert ni autoriser les médecins à injecter un produit létal comme l'avait fait le docteur Chaussoy. § Marie Humbert ne voulait pas de ce non-lieu. C'est cependant le sens de l'ordonnance que vient de délivrer la juge d'instruction Anne Morvant, deux ans et demi après la mort du jeune Vincent Humbert, tétraplégique, que sa mère et un médecin - le docteur Chaussoy - avaient aidé à mourir à sa demande, un geste qui avait relancé le débat sur l'euthanasie. "Ça signifie qu'on va enterrer l'histoire comme si mon fils n'avait pas existé, comme si son combat n'avait pas existé", a réagi Marie Humbert après l'annonce de la décision du juge, lundi 27 février. "On a trahi mon fils. Ça n'a servi à rien", a-t-elle ajouté. Vincent Humbert, jeune homme de 22 ans devenu tétraplégique et presque aveugle à la suite d'un accident de voiture en 2000, avait réclamé "le droit de mourir" au président de la République, en novembre 2002. Sa mère, après avoir annoncé à la télévision qu'elle allait "aider son fils à se suicider", lui avait injecté une dose de barbituriques, le 24 septembre 2003. Plongé dans un coma profond, Vincent Humbert avait été transféré au service de réanimation du docteur Chaussoy. Avec l'accord de l'équipe médicale et de la famille, le médecin avait décidé de débrancher le respirateur artificiel du jeune homme puis d'injecter du chlorure de potassium, un produit létal qui entraîne un arrêt cardiaque. Le docteur Chaussoy avait été mis en examen en janvier 2004 pour "empoisonnement avec préméditation", un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité, et Mme Humbert pour "administration de substances toxiques", délit passible de cinq ans d'emprisonnement. Tous deux avaient été laissés en liberté. Le 2 janvier 2006, le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Gérald Lesigne avait requis un non-lieu général, expliquant que "les gestes" commis par Marie Humbert et le docteur Chaussoy étaient "prohibés", mais que la notion de "contrainte" pouvait être retenue pour les expliquer. "Il y a des conditions qui n'étaient pas celles de la sérénité. On peut considérer qu'une contrainte s'est exercée dans cette affaire", avait-il dit, évoquant "la pression psychologique et médiatique à laquelle ont été confrontés sa mère et le médecin". "C'EST INDIGNE D'ELLE" Lundi, la justice a suici les réquisitions du procureur. Mais pour Marie Humbert l'idée de "contrainte morale" à son égard relève d'"une hypocrisie" et d'un "manque de courage". Son avocat, M^e Hugues Vigier, a déploré qu'"on (ait) utilisé un subterfuge juridique, la contrainte morale, ce qui revient à dire qu'elle ne savait pas ce qu'elle faisait. C'est indigne d'elle (qui) voulait que ce combat puisse servir aux autres". M^e Vigier aurait "souhaité qu'on dise qu'elle doit être renvoyée devant une juridiction eu égard à son geste, mais qu'au nom de l'intérêt général, il n'y a pas lieu de la poursuivre". Marie Humbert a promis de se "battre encore plus maintenant pour une 'loi Vincent Humbert'", qui autoriserait une "aide active à mourir" dans certains cas. La loi sur "l'accompagnement de la fin de vie" suscitée par son histoire et adoptée en avril 2005 institue un droit à "laisser mourir", sans aborder le suicide assisté tenté par Marie Humbert ni autoriser les médecins à injecter un produit létal comme l'avait fait le docteur Chaussoy. Celui-ci a également réagi à l'annonce du non-lieu : "C'est un grand moment de bonheur. On attendait cette décision depuis très longtemps, elle a longtemps été repoussée (...). Nous sommes libérés !" a confié à la presse, à Lille, le docteur Chaussoy, disant avoir"rencontré une justice humaine". "J'ai fait mon boulot, ni plus ni moins, a-t-il déclaré à propos de son geste. Quelque part, je ne regrette rien (...). Demain, je referais exactement la même chose. On est là pour aider, pour apaiser, pour soulager la souffrance".