
Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a appelé l’Iran, mercredi 1er septembre, à reprendre sans délai les négociations sur son programme nucléaire. Un mois après l’investiture du président ultraconservateur Ebrahim Raïssi, la stratégie de Téhéran quant à l’avenir de l’accord de 2015 est très attendue par la communauté internationale.
« Le ministre a souligné l’importance et l’urgence d’une reprise immédiate des négociations, interrompues par l’Iran depuis le mois de juin, afin de permettre un retour à la pleine mise en œuvre de l’accord [de Vienne sur le nucléaire] », a dit à l’Agence France-Presse (AFP) un porte-parole du Quai d’Orsay à l’issue d’un entretien téléphonique entre M. Le Drian et son nouvel homologue iranien, Hossein Amir Abdollahian. Le ministre français a également fait part de son inquiétude « vis-à-vis de l’ensemble des activités nucléaires conduites par l’Iran en violation de cet accord », a ajouté le porte-parole.
Des discussions pour sauver l’accord au printemps
L’accord conclu en 2015 offrait à l’Iran un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme atomique et d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle des Nations unies. Téhéran s’engageait ainsi à ne pas produire d’uranium enrichi.
L’Iran a cependant affirmé, plus tôt cette année, avoir entrepris la recherche d’uranium métal afin de fournir du combustible pour un réacteur nucléaire de recherche ; un sujet sensible, car cette matière peut être utilisée dans la fabrication d’armes nucléaires. L’annonce était entrée dans le cadre d’une série de mesures prises en violation de l’accord de 2015 après la décision du président Donald Trump, en 2018, du retrait des Etats-Unis de cet accord.
Six cycles de négociations entre l’Iran et les puissances internationales, dont la France, ont eu lieu à Vienne entre avril et juin, pour tenter de sauver l’accord. Ces pourparlers visent à réintégrer les Etats-Unis dans l’accord et à ramener l’Iran au respect intégral de ses engagements internationaux concernant son programme nucléaire.
Pour l’Iran, « un processus de deux ou trois mois est nécessaire »
Mardi, M. Amir Abdollahian a laissé entendre que ces discussions, interrompues depuis le 20 juin, c’est-à-dire deux jours après la victoire de M. Raïssi à la présidentielle, risquaient de ne pas reprendre avant deux ou trois mois. « L’autre partie sait pertinemment qu’un processus de deux ou trois mois est nécessaire pour que le nouveau gouvernement se mette en place et prenne la moindre décision », a-t-il dit.
Le nouveau ministre des affaires étrangères iranien a affirmé avoir été invité à Paris par Emmanuel Macron, qui, selon lui, cherche « à se rapprocher » de l’Iran. Ni l’Elysée ni le ministère des affaires étrangères n’ont confirmé cette invitation. M. Le Drian a « souhaité que le dialogue entre la France et l’Iran puisse contribuer à la reprise et à la conclusion de ces négociations », a simplement relevé le ministère, sans plus de précisions.
« M. Macron (…) est venu me voir à deux reprises », a raconté M. Amir Abdollahian, qui a participé samedi, au côté du président français, à un sommet régional à Bagdad consacré à la lutte contre le terrorisme. « Il a appelé son ministre des affaires étrangères et a dit “J’ai invité [M. Amir Abdollahian] (…), nous devons revoir les relations bilatérales” », a-t-il assuré, cité par le site de la chaîne de télévision d’Etat iranienne.
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