
SONDAGE - Elle s'impose désormais en tête des intentions de vote dans toutes les franges de l'électorat français. Selon notre sondage exclusif Harris Interactive-Challenges, Marine Le Pen incarne un nouveau vote utile contre le président sortant qu'aucun autre opposant ne semble pouvoir défier pour le moment.
Lorsque Nicolas Sarkozy au sommet de sa popularité, en 2007, avait obtenu 31,2% des voix au premier tour, il se vantait d’avoir "siphonné" les voix de Jean-Marie Le Pen, relégué à 10,4%. Selon notre sondage exclusif Harris Interactive-Challenges* publié ce mercredi 19 mai, à un an de l’échéance présidentielle de 2022, le même phénomène se profile ... avec inversion des rôles. Dans l’hypothèse d’une candidature LR portée par l’ex-eurocommissaire Michel Barnier, Marine Le Pen est créditée de 29%, un record. La candidate de l’extrême-droite décomplexée, qui capte 34% des électeurs de François Fillon, terrasse le Joe Biden français. Avec 6%, le grand sage aux yeux bleus, négociateur du Brexit, fait bâiller l’opinion, à quelques seniors près...
Ce rejet personnel, toutefois, n’épargne pas le candidat naturel déclaré de la droite, Xavier Bertrand. Malgré la fermeté affichée par ce dernier sur le sujet brûlant du moment, la sécurité, l’effet "siphon" est à peine moins spectaculaire: 27% pour Le Pen et 14% pour le président des Hauts-de-France, qui recule d’un point par rapport à notre précédente étude. Incapable de capter les déçus du macronisme -8% seulement des électeurs Macron de 2007 voteraient en sa faveur- il ne grignote que 3% des anciens électeurs de Marine Le Pen. "Jusqu’à présent, Xavier Bertrand ne tire aucun bénéfice de son émancipation des Républicains", complète Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d’Harris interactive.

Dans l'hypothèse Bertrand ou Barnier à droite, Marine Le Pen s'impose à respectivement 27% et 29% des intentions de vote. Barnier n'agrège même que 6% des intentions de vote.
La stratégie de Xavier Bertrand -dépouiller le président au 1er tour pour éliminer Marine Le Pen au second tour- s’articule mal avec une campagne régionale protectionniste, sociale et autoritaire. Même la place de "troisième homme" ne lui est pas acquise puisque Jean-Luc Mélenchon, avec ses 12%, le talonne... Les perspectives d’un renversement de tendance se heurtent en outre à la détermination exprimée par les électeurs: la moitié des soutiens d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Xavier Bertrand sont sûrs de leur choix, à comparer aux 79% des mélenchonistes et aux 90% des électeurs lepénistes...
Une incompétente comme les autres
Vidéo: Élection présidentielle 2022 : une victoire de Marine Le Pen est-elle possible ? (France 24)
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La puissance de Marine Le Pen s’affirme dans presque toutes les composantes de l’électorat. Dans l’hypothèse Bertrand qui lui est la moins favorable au 1er tour, elle domine le vote féminin (28%), celui des 18-24 ans (24%), des 25-34 ans (28%), des 35-49 ans (37%) et des 50-64 ans (28%). Dans les zones rurales, elle sur-performe (35%) et ne sous-performe que dans la catégorie supérieure à Bac+2 (18%, contre 32% pour Macron). Ecrasant le président-candidat dans les catégories populaires (36% contre 19% à Macron), elle fait jeu presque égal avec l’inspecteur des Finances et ex-ministre de l’Economie dans les catégories aisées (26% en sa faveur contre 27%).
"A première vue, son absence de crédibilité économique relevée par 6 Français sur 10 peut paraître énorme, mais la comparaison avec Emmanuel Macron ou Anne Hidalgo relativise ce résultat", signale encore Jean-Daniel Lévy. Cinq ans après son piteux face-à-face d’entre-deux-tours, Marine Le Pen est désormais une incompétente comme les autres. Qui plus est, la députée du Pas-de-Calais est plus en phase que ses concurrents avec une opinion qui juge qu’il y a "trop d’immigrés" en France...
Macron inspire plus de haine que Sarkozy
Dans ce contexte, la structure du vote Macron est celle d’un président qui inspire plus de haine que Nicolas Sarkozy et davantage de respect que François Hollande. Au premier tour, son score progresse par rapport à 2017 (25 ou 27%, selon les hypothèses au lieu de 24%), camouflant de curieux transferts: 10% de la gauche hamoniste et 14% de la droite filloniste le rejoint tandis que 8% de son électorat file vers Bertrand et 9% chez Hidalgo. Au second tour, sa réélection ric-rac (53-47% au lieu de 66,1-33,9%) s’accompagne d’une poussée sans précédent du virus de l’abstention et du vote nul.

Marine Le Pen écrase le président-candidat dans les catégories populaires.
Malgré le "quoi qu’il en coûte", l’électorat qui se reconnait encore dans les candidats de gauche n’est pas enclin à aider Macron, pour la seconde fois, à défaire Le Pen. Ainsi, 52% des électeurs de Mélenchon annoncent qu’ils s’abstiendraient au second tour, 33% votant Macron et 15% Le Pen. Une proportion identique se retrouve côté Jadot (respectivement 45, 40 et 15%) et, à peine atténué, dans le camp Hidalgo (47, 46 et 7%). A défaut d’une "réinvention" qui créerait une dynamique positive, Emmanuel Macron cherche à réveiller un réflexe républicain qui parait de plus en plus grippé à gauche, sans précipiter l’électorat de droite dans les bras de Marine Le Pen. Dans cet esprit, les deux pétitions des militaires alertant contre les risques de "guerre civile", publiées par Valeurs actuelles, ont été l’occasion de dénoncer la rechute de l’incorrigible fille de Jean-Marie Le Pen. Toute la macronie, d’un seule voix, a reproché à la cheffe du RN son soutien à un prurit anti-républicain, sans toutefois faire bouger les lignes.
*Méthodologie: Enquête réalisée du 14 au 17 mai auprès d’un échantillon de 1236 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La marge d’erreur des résultats d’ensemble s’établit, selon le score visé, entre plus ou moins 1,8 et 3,8 points.