
Xavier Bertrand, ancien ministre et candidat réélu à sa succession à la présidence de la région Hauts-de-France
FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Si l'expression "déjouer les pronostics" avait un visage, ce serait celui de Xavier Bertrand, ce lundi, au JT de TF1. L'ensemble du camp Les Républicains était installé devant sa télévision, éructant d'avance contre "le mauvais joueur qui allait partir en solo", "celui qui a refusé de jouer collectif". Répondant au téléphone une heure avant l'interview du président de la région Hauts-de-France, les cadres du parti raillaient celui qui choisissait de faire cavalier seul pour ne pas prendre le risque "de se faire taper au congrès". Mais, contre toute attente, Xavier Bertrand, tout sourire, a répondu d'un simple "oui" à la question de Gilles Bouleau : "Allez-vous passer par le congrès de LR qui aura lieu le 4 décembre ?".
"Les Républicains ont écarté la primaire, qui était source de division et à laquelle j'avais dit mon opposition", a justifié le candidat à la présidentielle, qui affirme sa volonté d'avoir "le plus vite possible un seul candidat de la droite et du centre." "Divisés on est sûrs de perdre, rassemblés on peut gagner et je veux gagner parce que j'ai la conviction que ce sont les solutions de la droite et du centre qui permettront de remettre notre pays sur pied", a ajouté Xavier Bertrand, revêtant le costume du candidat rassembleur, fidèle à la famille politique qu'il avait pourtant décidé de quitter.
Depuis plusieurs semaines, les avertissements se succédaient chez Les Républicains. Ce matin encore, invité de RMC et BFM TV, Michel Barnier, candidat LR au congrès a prévenu : "Tous ceux qui veulent le soutien de notre famille doivent être loyaux." Message reçu, indique ce soir le camp Bertrand. "La solution de facilité était de faire cavalier seul, rappelle tout de même le président de région. Mais je n'ai pas voulu faire ce choix, car dans mon ADN, il y a le rassemblement et l'union, il faut que je commence par ma famille politique. Y aller en solitaire signifie aussi gouverner en solitaire, mais je veux le faire en équipe." Dans les rangs des Républicains, la décision surprend, mais les lieutenants de tous bords soufflent. "Enfin une décision salutaire qui prône l'unité, salue-t-on dans le camp Pécresse. Tout le monde a trop payé les tergiversations du mois de septembre qui ont totalement éclipsé les propositions sur le fond. Ça y est, la campagne peut commencer !"
Mais pour d'autres, une bonne action n'efface pas les précédentes, et la décision de Xavier Bertrand ne fait pas table rase de ses antécédents politiques. "C'est une surprise, certes, mais ça ne change pas le fait qu'une rancune persiste. Les adhérents pourraient bien voir là l'opportunité de régler leurs comptes", prévient-on en interne. Certains voient même dans la décision du président de région un "aveu de faiblesse". "Il change son fusil d'épaule, parce qu'aujourd'hui il est trop isolé. Il ne pouvait pas se permettre de mener une campagne en solo qui rivaliserait avec la campagne collective de LR. Il sait pourtant que ses chances de gagner au congrès sont minimes, mais il est tellement seul aujourd'hui, qu'il prend le risque de la défaite." Et si Xavier Bertrand a su surprendre l'intégralité de son camp ce lundi soir, nombreux sont ceux qui doutent de sa capacité à le faire le 4 décembre.