Présidentielle 2022 : retour sur les temps forts de la semaine du 11 octobre
Xavier Bertrand qui se rallie au congrès de LR, le pari industriel d'Emmanuel Macron pour la France de 2030, le sujet brûlant de la hausse des carburants ou l'investiture officielle d'Anne Hidalgo... : retour sur ce qui a fait l'actualité de la campagne électorale entre les 11 et 15 octobre 2021.
Par Valérie Mazuir
A six mois de la présidentielle d'avril 2022, la campagne électorale est déjà bien lancée. Chaque vendredi, faites avec notre rendez-vous hebdomadaire le point sur les temps forts de la semaine écoulée et retrouvez les analyses et décryptages des spécialistes du service Politique des « Echos ».
Bertrand se rallie au congrès LR
Entre « deux mauvaises solutions », selon la formule de plusieurs de ses soutiens, il a fini par choisir. Et c'est une surprise. A deux jours de la fin du dépôt officiel des candidatures devant les instances du parti, Xavier Bertrand a changé son fusil d'épaule et annoncé, lundi soir, qu'il prendrait part au congrès des Républicains, qui doivent désigner le 4 décembre leur porte-drapeau pour la présidentielle.
Une annonce qui met fin à des semaines d'incertitudes, car le président des Hauts-de-France, lancé dans la course dès le printemps, répétait jusqu'ici son opposition à toute forme de primaire, convaincu que l'élection présidentielle est la rencontre entre un homme et les Français.
Jeudi soir, Xavier Bertrand a entamé à Oyonnax (Ain) « un nouveau tour de France » qui va le conduire dans 50 départements d'ici à décembre. Avec pour objectif la reconquête des adhérents des Républicains.Bony/SIPA
Ils sont donc bien six à pouvoir briguer l'investiture de la droite : Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin, Denis Payre et Valérie Pécresse. Ils ont désormais jusqu'au 2 novembre 18 heures pour déposer les 250 parrainages requis par LR pour se soumettre au vote des militants réunis en congrès du 1er au 4 décembre.
Les six candidats, de gauche à droite (et par ordre alphabétique) : Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin, Denis Payre et Valérie Pécresse.AFP
Pécresse… et Bertrand de retour chez LR
Valérie Pécresse a annoncé jeudi qu'elle allait adhérer de nouveau aux Républicains, parti qu'elle avait quitté en 2019. Elle a demandé à tous les membres de Libres!, le mouvement qu'elle avait créé en 2017, de faire de même.
Xavier Bertrand, qui avait exclu mardi de reprendre sa carte d'adhérent, aurait, selon Reuters, changé son fusil d'épaule et envisagerait lui aussi de réadhéré au parti dont il avait claqué la porte au lendemain de l'élection de Laurent Wauquiez.
Le congrès de LR du 4 décembre prochain est réservé aux seuls adhérents à jour de cotisation mi-novembre.
Le pari industriel de Macron pour la France de 2030
Emmanuel Macron n'est pas encore officiellement candidat à sa réélection, mais par petites touches, il revêt les habits de candidat. La présentation ce mardi à l'Elysée du plan d'investissement « France 2030 » lui en a donné une belle occasion. Ce nouveau plan d'investissement qui mobilisera 30 milliards d'euros sur cinq ans vise à créer les champions français de demain dans les technologies d'avenir, en particulier en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.
Campagne présidentielle oblige, l'exécutif a veillé à ce que les premiers effets de « France 2030 » se traduisent rapidement en espèces sonnantes et trébuchantes. D'ici un mois, l'exécutif devrait ajouter un amendement au projet de budget pour 2022 , qui prévoira des nouvelles dépenses, notamment pour l'hydrogène et les semi-conducteurs. Autour de 4 milliards d'euros.
Emmanuel Macron, lors de la présentation du plan « France 2030 ».Ludovic Marin/AP/SIPA
Après la présentation de ce plan, les oppositions de droite et de gauche ont dénoncé de concert une « propagande » d'Emmanuel Macron pour « redorer son blason électoral » et son « euphorie dépensière » en période pré-électorale. Marine Le Pen (RN) a ainsi raillé sur Twitter « Le « quoi qu'il en coûte, je veux être réélu ! » ».
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La hausse des carburants, sujet brûlant
L'exécutif est à nouveau sous pression face aux prix de l'énergie . Après l'annonce d' une aide exceptionnelle de 100 euros pour tous les bénéficiaires du chèque énergie puis celle d' un « bouclier tarifaire » pour le gaz et de l'électricité , le gouvernement se dit prêt à des mesures de « protection » face aux prix des carburants qui atteignent actuellement des records . « Il y a une action de court terme (...) d'accompagnement des ménages », a déclaré Emmanuel Macron, jeudi, en marge d'un déplacement en Seine-Saint-Denis sur les chantiers des JO de 2024. « Le gouvernement y travaille et aura dans les prochains jours à compléter sa réponse en fonction de l'évolution afin de ne laisser personne dans le désarroi », a-t-il poursuivi.
Le litre de gazole n'a jamais été aussi cher en France. Le prix moyen à la pompe a atteint 1,5354 euro en moyenne la semaine dernière, selon les données du ministère de la Transition écologique publiées lundi.ALLILI MOURAD/SIPA
Il s'agit d'un sujet très sensible pour l'exécutif encore traumatisé par la crise des « gilets jaunes », dont l'étincelle avait justement été la hausse des prix à la pompe. Plusieurs candidats à la présidentielle se sont également emparés de ce thème et ont avancé des propositions. Marine Le Pen (RN), Anne Hidalgo (PS) ou Arnaud Montebourg (ex-PS) ont réclamé une baisse de la TVA. Yannick Jadot (EELV) et Fabien Roussel (PCF) ont défendu une fiscalité « flottante », qui s'adapte en fonction des cours du brut. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon (LFI), Alexis Corbière, a, lui, demandé le blocage immédiat des prix.
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Hidalgo désignée candidate du PS
C'est un second départ pour Anne Hidalgo. Jeudi soir, la maire de Paris a été investie par les militants du Parti socialiste. Une étape importante pour l'édile, qui cherche à redynamiser une campagne jusqu'ici laborieuse et pourra désormais s'appuyer sur la force militante du PS. Dès ce week-end, ceux-ci seront mobilisés pour distribuer des tracts et coller des affiches à l'effigie de leur championne, avec comme nom de code « Tous sur le pont ! ». Viendra ensuite la « grande convention pour une République sociale et écologique » organisée à Lille le 23 octobre. Entourée de sa « famille socialiste » et de son « équipe des maires de France » , la candidate devrait y lancer pour de bon sa campagne via un grand meeting, avec l'espoir de ne pas connaître un second faux départ.
Et aussi...
« Horizons », le nouveau parti d'Edouard Philippe. Il y a ceux, nombreux, qui pensent à la présidentielle de 2022. Et ceux, un peu moins nombreux, qui ont déjà un oeil sur celle de 2027 . Quinze mois après sa sortie de Matignon, Edouard Philippe a franchi une étape décisive le week-end dernier en lançant sa propre formation politique, baptisée « Horizons ».
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Jean-Luc Mélenchon veut relancer la recherche et l'enseignement professionnel. Dans un entretien à « L'Obs » paru jeudi, le candidat de LFI à la présidentielle explique qu'il veut supprimer le contrôle continu au baccalauréat ainsi que Parcoursup, et relancer l'enseignement professionnel avec une allocation mensuelle de « 1.063 euros » pour chacun de ses lycéens. S'il juge intenable la proposition d'Anne Hidalgo de doubler le salaire des enseignants , il propose de leur attribuer « 15% de rattrapage » et ce « dès l'élection », puis « 15 % de plus à négocier avec les syndicats d'enseignants ». Selon lui, « cela représente 17 milliards d'euros. On peut le tenir ».
Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs annoncé qu'il cédait le temps de la campagne électorale la présidence du groupe LFI à l'Assemblée à Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne.
Marine Le Pen « continuera à faire de la politique » même en cas d'échec. La candidate du RN a déclaré jeudi sur RTL être « convaincue d'être la mieux placée » dans la course à l'Elysée. « Je peux et je vais gagner », a-t-elle assuré. Marine Le Pen a par ailleurs affirmé qu'elle « continuerait à faire de la politique » même si elle n'était pas élue à la présidence en avril 2022. Elle a expliqué qu'elle « ne préparait pas (sa) reconversion » après avoir passé un diplôme d'éleveuse de chats, sa « passion ». L'ancienne avocate a aussi précisé être toujours « en capacité de (se) réinscrire au barreau si (elle) le souhaitait ».
Le vote de la « Primaire populaire » aura lieu du 13 au 16 janvier 2022, ont annoncé mercredi les organisateurs de ce mouvement citoyen qui ont pour objectif de désigner un candidat commun à la gauche. Au total, « plus de 130.000 personnes » se sont inscrites sur la plateforme et ont voté pour faire émerger cinq hommes et cinq femmes. Les dix personnalités sélectionnées ont jusqu'au 30 novembre pour annoncer s'ils souhaitent ou non participer à ce scrutin.
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Valérie Mazuir, avec AFP