(BUTTON) Logo leJDD.fr * Lire le journalRecherche * Présidentielle + Election présidentielle + Emmanuel Macron + Christiane Taubira + Anne Hidalgo + Valérie Pécresse + Yannick Jadot + Jean-Luc Mélenchon + Marine Le Pen + Eric Zemmour * Société + Covid-19 + Terrorisme + Faits divers + Education * International + Etats-Unis + Donald Trump + Joe Biden + Vladimir Poutine + Union européenne + Proche-Orient * Eco + Entreprises + Médias * Paris * Culture + Séries + Cinéma + Musique + Livres + Gastronomie * Sport + Football + Tennis + Cyclisme + Rugby + Basket * Sondages JDD * L'Antisèche * Newsletters * Conférences Logo leJDD.fr Se connecter S'abonner La une du journal du dimanche Lire Logo leJDD.fr Présidentielle * Election présidentielle * Emmanuel Macron * Christiane Taubira * Anne Hidalgo * Valérie Pécresse * Yannick Jadot * Jean-Luc Mélenchon * Marine Le Pen * Eric Zemmour Société * Covid-19 * Terrorisme * Faits divers * Education International * Etats-Unis * Donald Trump * Joe Biden * Vladimir Poutine * Union européenne * Proche-Orient Eco * Entreprises * Médias Paris Culture * Séries * Cinéma * Musique * Livres * Gastronomie Sport * Football * Tennis * Cyclisme * Rugby * Basket Sondages JDD L'Antisèche Newsletters Conférences S'abonner (BUTTON) Ouvrir le menu Logo leJDD.fr Se connecter S'abonner * Mon profil Abonné * Mon abonnement * Mon abonnement * Mes newsletters * Lire le journal numérique * Aide & contact * Déconnexion 1. Accueil 2. Politique Eric Zemmour : ce que cache son concept de "séparatisme civilisationnel" 11h26 , le 11 octobre 2021 , modifié à 17h01 , le 1 décembre 2021 * Par * Alain Policar Eric Zemmour combat le concept d'universalisme, vidé de son sens pour servir une idéologie opposée. Explications avec Alain Policar, chercheur associé en science politique au Cevipof de Sciences Po. Eric Zemmour critique l'universalisme. Eric Zemmour critique l'universalisme. (Reuters) Partager sur : * * Pour Éric Zemmour, qui occupe l'actualité médiatique sans que l'on sache toujours s'il est candidat ou non à l'élection présidentielle, la France est menacée par le "séparatisme civilisationnel". Ce terme (séparatisme) n'est sans doute pas le fruit du hasard : se souvient-on qu'il fut utilisé pour parler des luttes décoloniales, notamment celle des Algériens et, bien avant, dans l'Antiquité, qu'il était l'expression d'un reproche classique fait aux Juifs (certains auteurs considèrent qu'il est au fondement de la judéophobie? Notre mode de vie, nos "valeurs" seraient menacés par la montée en puissance de l'islam, à tel point que le "Grand remplacement", dans un horizon annoncé comme trop proche pour ne pas s'en inquiéter, ne manquera pas de se produire. Devant ce supposé danger, il conviendrait de mettre en avant les vertus de l'assimilation. The Conversation Ce faisant, Éric Zemmour ne fait qu'actualiser ce qui a longtemps été la doctrine de la République, doctrine dont seul le "camp national" défendrait l'héritage, tout en se gaussant de ses valeurs. En effet, ces dernières exprimeraient une "vision post-moderne de l'Homme". Passons sur l'absence de définition du concept de post-modernité, et traduisons : désirer l'égalité et la fraternité, ce serait œuvrer pour "l'indifférenciation des peuples et des individus, la négation de leur histoire et leur disparition en tant qu'entités civilisationnelles et politiques". Lire aussi - L'attaquer ou reprendre sa rhétorique? Face à Eric Zemmour, le Rassemblement National hésite sur la réplique Mais alors si l'indifférenciation est un mal, comment vouloir l'assimilation, laquelle a pour ultime objectif d'indifférencier? Comprenne qui pourra. En réalité, Zemmour accepte les différences dès l'instant où ceux qui les incarnent sont placés dans un statut de subordination : selon lui, la grandeur de la France ne réside-t-elle pas dans sa mission civilisatrice, c'est-à-dire dans l'éducation, par la colonisation, des "races inférieures"? Position indifférente aux horreurs du racisme colonial, considérées comme le prix à payer pour l'édification morale des indigènes. L'assimilation, une politique aux fondements raciaux Cette adhésion à l'assimilation ne doit pas surprendre si l'on se souvient qu'elle a été le nom servant à justifier une politique aux fondements raciaux. Politique qui s'exprime avec limpidité dans l'existence de privilèges pour les colons, faisant de ces derniers une sorte d'aristocratie, c'est-à-dire de race à part. D'ailleurs, ainsi que le souligne l'historien américain Tyler Stovall, les colons se désignaient plus volontiers comme Blancs ou Européens que comme Français : "C'est dans les colonies que les conceptions de l'idée nationale française se confondirent d'abord avec l'idée raciale de blancheur." Mais revenons à Éric Zemmour et à ses thèmes de prédilection. L'adhésion à l'assimilationnisme implique, malgré l'apparent paradoxe, l'inassimilabilité de quelques-uns. Le polémiste ne rappelle-il pas régulièrement que l'islam n'est pas compatible avec la République? À cet égard, il est significatif que l'obtention de la citoyenneté pour les femmes musulmanes d'Algérie, en 1958, ait été liée, lors de cérémonies d'inauguration, au retrait de leur voile : comment mieux exprimer l'idée qu'il fallait alors cesser d'être musulmane pour devenir française? C'est clairement l'avis du polémiste. Mais, même s'il envisage une remigration (de qui, exactement?), il dit ne nourrir aucune hostilité envers les musulmans que seuls des esprits étroits confondraient avec l'islam. Lire aussi - Présidentielle 2022 : Le Pen et Zemmour s'affrontent aussi sur les mouvements de jeunesse Mais que serait un homophobe qui n'éprouverait aucune méfiance envers les homosexuels? À travers le cas d'Éric Zemmour, nous comprenons que l'idée ancienne d'une nation française définie en termes raciaux influence durablement les débats contemporains. Et ce ne sont pas les appels incantatoires à l'universalisme qui nous persuaderont du contraire. De quel universalisme parle-t-on? Car, ce qui est proposé aux immigrés est de se plier aux traditions françaises, celles-ci étant supposées universelles par essence. L'universalisme alors n'est plus un humanisme ouvert à la diversité mais un "symbole de résistance du nationalisme français". C'est bien ainsi que le décrit Achille Mbembe dans l'ouvrage collectif de 2005, consacré à La Fracture coloniale : "A force de tenir pendant si longtemps le “modèle républicain” pour le véhicule achevé de l'inclusion et de l'émergence à l'individualité, l'on a fini par faire de la République une institution imaginaire et à en sous-estimer les capacités originaires de brutalité, de discrimination et d'exclusion." Le jugement peut paraître sévère, mais l'histoire française, bien avant d'ailleurs l'instauration de la République, témoigne de cette connotation racialiste. L'universalisme se fourvoie, jusqu'à se vider de sa substance, lorsqu'il fait de l'identité nationale la boussole du combat républicain. En réalité, le modèle assimilationniste est lié à une conception dévoyée de l'universalisme, qu'il est commun de désigner, avec Michael Walzer, comme"de surplomb". Le philosophe américain attire l'attention sur le caractère incertain, quant à ses effets, d'un universalisme, celui du judaïsme des temps prophétiques, qui se proposerait de servir de lumière pour les nations. Lire aussi - Ces Républicains qui auraient voulu qu'Eric Zemmour participe à leur primaire Uniformément éclairées, certes, mais "la lumière étant faible et les nations récalcitrantes", il se peut que l'œuvre civilisatrice prenne beaucoup de temps, voire un temps infini. Les fondements mêmes du colonialisme et les raisons de son refus sont énoncés avec une impressionnante sobriété par le philosophe américain : "Les serviteurs de Dieu se tiennent au centre de l'histoire […], tandis que les histoires des autres sont autant de chroniques de l'ignorance et de conflits dépourvus de sens." Une haine de l'universel Il n'est pas sans signification de noter que la position de surplomb peut se vêtir d'autres habits, notamment ceux de l'anti-cosmopolitisme, lequel vilipende utopistes invétérés et belles âmes aveuglées. N'est-ce pas exactement sur ce registre que se situe Éric Zemmour? Si bien qu'il est permis de faire l'hypothèse que derrière ce faux universalisme se dissimule en réalité une haine de l'universel qui puise ses racines dans la pensée contre-révolutionnaire telle que l'exemplifie la fameuse phrase de Joseph de Maistre dans ses Considérations sur la France (1796) : "J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu'on peut être Persan, mais quant à l'homme je déclare ne l'avoir jamais rencontré de ma vie." De la même façon, Zemmour décrit un monde fragmenté au sein duquel doit prévaloir l'obsession de la pureté, c'est-à-dire la haine du mélange, l'angoisse d'indistinction. Il y a trois ans environ, nous écrivions ici même, à propos de sa place dans l'espace public, qu'il nous fallait résister à la "sémantique du crépuscule", celle que décrit Orwell dans 1984, instrument d'assujettissement des individus par l'intermédiaire d'un langage appauvri et manichéen. Peut-être est-il encore temps ? L'auteur publie L'universalisme en procès, Le Bord de l'eau, 5 novembre 2021. Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original. Les plus lus * "L'Enfer" : la prestation de Stromae au JT de TF1 saluée par l'OMS "L'Enfer" : la prestation de Stromae au JT de TF1 saluée par l'OMS * Magistrat, essayiste, référence à l'extrême droite... Charles Prats, "orateur national" de Valérie Pécresse Magistrat, essayiste, référence à l'extrême droite... Charles Prats, "orateur national" de Valérie Pécresse * Troisième dose de Covid-19 : votre passe sanitaire sera-t-il désactivé samedi? Troisième dose de Covid-19 : votre passe sanitaire sera-t-il désactivé samedi? * TRIBUNE. L'appel de Français de l'étranger pour "une alternative républicaine et sociale" à Macron en 2022 TRIBUNE. L'appel de Français de l'étranger pour "une alternative républicaine et sociale" à Macron en 2022 * Avec "Un barrage contre l'Atlantique", l'écrivain Frédéric Beigbeder prend le pas sur le publicitaire Avec "Un barrage contre l'Atlantique", l'écrivain Frédéric Beigbeder prend le pas sur le publicitaire * Présidentielle : déjà un trou d'air dans les sondages pour Valérie Pécresse? Présidentielle : déjà un trou d'air dans les sondages pour Valérie Pécresse? * Covid-19 : Masque sous le nez, les raisons d'une transgression Covid-19 : Masque sous le nez, les raisons d'une transgression * Pourquoi le Belize fait partie des destinations les plus excitantes de 2022 Pourquoi le Belize fait partie des destinations les plus excitantes de 2022 * Abonnez-vous * Suivez-nous Couverture du dernier JDD S'abonnerLire le Journal Logo leJDD.fr Découvrez nos offres d'abonnement ! Teaser abonnement Je m'abonne * Contacts * Charte Données Personnelles et Cookies * Gestion des cookies * CGV - Articles Premium * Charte Vie Privée des articles « Premium » * CGU * Mentions légales * Publicité Suivez-nous sur * * * 2022 © Le Journal du Dimanche. Le JDD est un journal hebdomadaire français d'actualité fondé en 1948. Suivez l'actualité politique, internationale et toute l'info société avec le LeJDD.fr. Découvrez tous nos décryptages d'actu. Le Site LeJDD.fr est édité par Lagardère Média News La fréquentation du JDD.fr est certifiée par l'ACPM (BUTTON) ×Rechercher sur Le JDD ____________________ Rechercher