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REPORTAGE. Brexit Day : à Édimbourg, les Européens vivent « le matin le plus déprimant du monde »

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photo  sarah lachhab, jeune française, guide touristique à édimbourg. 3

Sarah Lachhab, jeune française, guide touristique à Édimbourg. © Thierry Creux / Ouest-France

Ce vendredi 31 janvier, à minuit, le Royaume-Uni sortira officiellement de l’Union européenne. Un crève-cœur pour beaucoup de citoyens de l’Union européenne. Reportage à Édimbourg, la capitale d’une Écosse qui rechigne à quitter l’Union.

Le matin le plus déprimant du monde. L’Alsacienne Sarah Lachhab, 29 ans, hausse les yeux en évoquant le 24 juin 2016. À 5 h, mon colocataire écossais est venu frapper à ma porte pour m’annoncer que le « oui » au Brexit l’avait emporté. On était atterrés… C’était comme une gueule de bois puissance mille ! Comme elle, près de 3,2 millions d’Européens installés outre-Manche vivent aujourd’hui, en direct, le  « Brexit Day » (« Jour du Brexit ») . À 23 h ce vendredi 31 janvier au soir (minuit en France), le Royaume-Uni sortira officiellement de l’Union européenne.

Stress, tristesse, insomnies…

Concrètement, cela ne va pas changer notre vie du jour au lendemain, mais émotionnellement, l’impact du Brexit est très violent, observe Lorena Georgiadou, psychothérapeute. Du jour au lendemain, les ressortissants de l’Union européenne (UE) installés ici ont eu le sentiment de ne plus être les bienvenus. C’est très perturbant. Tous mes collègues constatent que le Brexit s’impose dans chacune de leurs consultations, à un moment ou à un autre. Leurs patients font état de stress, de tristesse, de dépit… Beaucoup évoquent aussi des problèmes d’insomnies ».

À l’Université d’Édimbourg, où elle enseigne, Lorena Georgiadou vient de mettre sur pied des ateliers artistiques pour permettre aux gens d’exprimer leur ressenti face au Brexit. À sa grande surprise, des Britanniques ont rejoint spontanément ces rencontres, d’abord organisées pour les Européens. Tous sont plutôt hostiles au Brexit : Ils sont aussi déboussolés que les citoyens de l’UE… 

photo lorena georgiadou, professeure de psychothérapie et sciences sociales à l’université d’édimbourg, étudie l’impact du brexit sur la santé mentale des britanniques.  ©  thierry creux / ouest-france

Lorena Georgiadou, professeure de psychothérapie et sciences sociales à l’Université d’Édimbourg, étudie l’impact du Brexit sur la santé mentale des Britanniques. © Thierry Creux / Ouest-France

« Ce pays ne veut plus vraiment de nous »

Lorena Georgiadou, 35 ans, est bien placée pour le savoir. De nationalité grecque, elle a vécu un an en Italie avant de s’installer en Écosse il y a 12 ans, avec son compagnon, lui aussi grec. Ils ont obtenu sans difficulté leur settled status (résidence permanente), mais rechignent à demander la double nationalité dans ce pays qui ne veut plus vraiment de nous. Tout juste songent-ils à faire la demande pour leur fillette de 2 ans, née ici.

Avec une moue boudeuse, la Française Sarah Lachhab avoue n’avoir pas encore engagé les démarches pour le décrocher ce précieux settled status, au grand dam de son boy friend écossais : C’est psychologique, je repousse toujours le moment de le faire… Elle a jusqu’au 30 juin 2021 pour s’y résoudre. Selon le ministère britannique de l’Intérieur, deux Européens sur trois ont déjà obtenu leur « droit de résidence » temporaire ou permanent.

« Je me sens chez moi ici »

Sarah n’a pourtant aucune intention de repartir. Ex-journaliste, un temps employée dans une auberge de jeunesse d’Édimbourg, elle a créé un savoureux blog, French kilt, pour distiller ses petits conseils aux touristes français. En avril, elle se lancera à son compte et recrutera une salariée pour l’aider dans ses activités de guide. Je me sens chez moi ici. J’ai grandi à la frontière suisse (État non-membre de l’UE), alors même si le Brexit me mine, je suis convaincue que ça peut se passer sans trop de dégâts.

La Polonaise Alicia Swoboda, 24 ans, refuse aussi de craindre le pire. Employée dans la boutique de vêtements Tweeds of Scotland , rue Canongate, elle vit également avec un Écossais. Nous sommes confiants. J’ai attendu six semaines pour obtenir mon droit de résidence temporaire : j’ai dû envoyer mon passeport aux services du ministère de l’Intérieur, par courrier, mais tout s’est bien passé. Au bout de cinq ans dans le pays, si tout va bien, j’obtiendrai le droit de rester définitivement ici. 

photo la pétillante mireille pouget, française installée en écosse depuis 1976, milite désormais pour l’indépendance au sein du parti national écossais.  ©  thierry creux / ouest-france

La pétillante Mireille Pouget, française installée en Écosse depuis 1976, milite désormais pour l’indépendance au sein du Parti national écossais. © Thierry Creux / Ouest-France

Ces démarches ont pourtant totalement stressé Mireille Pouget, membre active du mouvement de citoyens européens The3Million, apparu au lendemain du référendum du Brexit. Auvergnate d’origine, cette retraitée, mariée à un Britannique, est arrivée en Écosse en 1976. Enseignante, conseillère d’éducation puis en insertion, elle a multiplié les emplois, a déménagé plusieurs fois en Écosse et a eu la mauvaise idée de repartir vivre cinq ans en France, avant de revenir. Cela a invalidé mon permis de résidence ; j’ai dû refaire les démarches, retrouver mille et un papiers… 

« On a l’intention de revenir très vite dans l’UE »

Très engagée politiquement, Mireille a toujours vécu le cœur à gauche. Longtemps proche du Parti d’opposition travailliste, elle milite aujourd’hui au sein du SNP, le Parti national écossais (centre-gauche). Un parti nationaliste mais pas à la mode Front national, insiste-t-elle. Mireille dit se retrouver dans ses valeurs féministes, europhiles et pro-immigration.

Ce vendredi soir, près de Stirling où elle vit (au nord d’Édimbourg), Mireille a prévu de se joindre aux mobilisations en faveur de l’indépendance de l’Écosse. En novembre, elle s’était déjà levée à l’aube pour rallier la grande manifestation anti-Brexit, à Londres. J’avais collé le drapeau unioniste écossais sur le drapeau européen, raconte-t-elle. Dans le reste du pays, très peu se rendent compte de ce qui se passe en Écosse. Ici, on a vraiment l’intention de tout faire pour revenir très vite dans l’Union européenne.

 
À Édimbourg, Cécile RÉTO (textes) et Thierry CREUX (photos).    Ouest-France  

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