
Son refus il y a une semaine d’appeler la population de la Guyane, dont elle est originaire, à se faire vacciner contre le Covid-19, a soulevé une polémique qualifiée d’« obscène » par l’ancienne ministre de la justice, qui réagissait sur France 5, mercredi 29 septembre.
Le ministre de la santé, Olivier Véran, avait fustigé mercredi matin sur France Inter la position de Christine Taubira, accusant cette dernière d’une « forme de lâcheté ». « Quand on aime profondément la Guyane et les Guyanais, on prend ses responsabilités », avait-il affirmé. « C’est la première fois qu’on m’accole un tel vice », a répondu l’intéressée, appelant à « arrêter de faire diversion » pour se concentrer sur la résolution de la crise du Covid-19 en Guyane.
Le territoire de 300 000 habitants est fortement frappé par l’épidémie de Covid-19 où la vaccination est toujours à la peine avec « 30,5 % » de personnes présentant un schéma vaccinal complet chez les plus de 12 ans, selon les données officielles. C’est la couverture vaccinale la plus basse des régions françaises, avec la Guadeloupe.
Selon Mme Taubira, « la question n’est pas d’appeler une population largement réticente à la vaccination, mais de mettre un terme à la guerre de tranchées sur le territoire [guyanais] », qui oppose la haute fonction publique, « qui varie dans ses consignes », et les protestataires, « qui ont perdu tout sens de la mesure ». « Je ne veux pas prendre parti dans la guerre de tranchées, (…) j’ai des griefs contre les deux », a précisé l’ex-ministre de François Hollande, qui réclame une « médiation ».
« Il y aurait, n’importe où sur le territoire français, les mêmes paramètres sanitaires et vaccinaux et les mêmes blocages, il y a longtemps qu’on aurait cherché une solution spécifique », a estimé encore l’ex-ministre. Evoquant le « sous-équipement » en Guyane, elle a déploré « une situation désastreuse ».
« Les arguments antivax sont un tissu d’imbécillités »
Interrogée sur RTL le 23 septembre sur les raisons pour lesquelles elle ne leur a pas lancé d’appel à se faire vacciner massivement, Christiane Taubira a estimé qu’elle n’avait « pas vocation » à le faire. « Je suis un responsable politique qui n’est pas en exercice et qui, par conséquent, ne dispose pas des éléments d’information qui lui permettraient formellement soit de donner consigne, soit de considérer qu’au vu de ces éléments d’information je considère que je tiens un propos responsable », a-t-elle dit.
Alors qu’on lui faisait remarquer que cette position était « facile » pour l’ex-députée de Guyane, dont la parole est pourtant considérée comme forte, elle a fait valoir que c’était justement « parce que cette parole [était] forte » qu’elle « ne la décrédibilise[rait] pas ». « La question du poids, de la légitimité, de la crédibilité de la parole publique est une vraie question », a-t-elle ajouté.
L’ex-ministre a « clarifié » son propos dans un tweet en répétant que « les arguments antivax sont un tissu d’imbécillités ». Elle a rappelé qu’elle était elle-même « vaccinée, en Guyane, depuis quatre mois, sans en faire mystère ».
Faut-il clarifier, pour les personnes de bonne foi et celles de mauvaise foi: Je répète mes propos sur #CaVous : le… https://t.co/kQegrMhhZQ
— ChTaubira (@Christiane Taubira)
Interrogée lundi dans l’émission « C à vous » de France 5 sur la violence des antivax, elle l’avait jugée « intolérable ». « En plus, c’est un ramassis d’imbécillités, d’asocialité, d’antisocialité… Cela laisse sans voix », avait-elle dit.
Contribuer