Antivax : menacés, certains soignants sont sous protection
En première ligne contre le Covid-19, de nombreux soignants subissent des menaces des antivax. Jusqu’à devoir s’en protéger, rapporte « Le Parisien ».

Les menaces sont si fortes qu’ils ont dû faire appel à des gardes du corps. De plus en plus de soignants engagés dans la campagne de vaccination contre le Covid-19 engagent du personnel pour assurer leur sécurité. La raison : les menaces toujours plus vindicatives des antivax, aussi bien par mail, courrier, téléphone que sur les réseaux sociaux. Et la tendance s’est particulièrement accélérée depuis l’extension du pass sanitaire, rapporte Le Parisien.
« C’est la première fois que je suis le garde du corps d’un docteur », admet Christian (son nom a été changé) à nos confrères. Cet agent pour une société privée travaille désormais pour Jérôme Marty, un médecin généraliste à Fronton, en Haute-Garonne, également président du syndicat L’Union française pour une médecine libre. Particulièrement visible en raison de son implication sur les plateaux de télévision pour prôner la vaccination, le médecin reçoit de nombreuses menaces. « C’est la corde qui t’attend », l’a déjà averti un antivax. Mais Jérôme Marty reste impassible et porte plainte.
« C’est extrêmement tendu, cette crise rend les gens fous »
Deux événements vont toutefois l’ébranler et le décider à se protéger. Lors d’une manifestation à Marseille, son visage est floqué sur une banderole, à côté d’autres personnes désignées comme responsables de la crise sanitaire. Il va également être pointé du doigt dans une tribune publiée sur France-Soir, le quotidien national en ligne, fréquemment critiqué pour sa ligne éditoriale jugée complotiste,. « On ne peut pas attendre que des antivaccins ou des déséquilibrés passent à l’action », estime son garde du corps.
Jérôme Marty n’est pas le seul dans cette situation. Julia Fidry, médecin de famille dans le Gard, est anonyme du grand public. Mais, dans son village, cette référente d’un centre de vaccination est connue de tous. Alors, comme partout en France, les antivax la prennent pour cible. « C’est extrêmement tendu, cette crise rend les gens fous », confie-t-elle au Parisien. Après un vol de matériel et de flacons dans le centre où elle travaille, deux policiers sont désignés pour surveiller le lieu. Dans le centre de vaccination, les accidents se multiplient. Jusqu’au jour où Julia Fidry reçoit une gifle d’un patient mécontent. Les policiers interpellent l’homme et le menottent. « Sinon, je pense qu’il m’aurait tuée », a-t-elle précisé à nos confrères.
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Face aux violences subies par les soignants, Olivier Véran avait affirmé à l’Assemblée nationale, après avoir été interpellé par la députée LREM Stéphanie Rist mardi 7 septembre : « Il y a des gens qui veulent faire peur. » Et de les avertir : « À vous qui menacez derrière votre écran, vous qui proférez des menaces à l’égard des blouses blanches, à des directeurs d’hôpitaux, vous qui ne manifestez pas dans la rue pour exprimer votre peur, mais pour taguer les appartements des directeurs d’hôpitaux ou pour briser des stands de pharmacies (…), vous ne passerez pas. Vous ne passerez pas. »