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J’avais une prof qui, quand par exemple je ne rendais pas un devoir, s’amusait à m’appeler par mon « nom mort » (celui que l’on m’a donné à la naissance) plutôt que par mon « prénom d’usage » (celui que j’utilise auprès de mes proches). Les autres étudiants se retournaient et me demandaient : « C’est quoi ton prénom au final ? » « Je te referai ta sale face de trans dégénéré » En ne respectant pas mon genre ni mon prénom, les profs ont donné aux élèves une légitimité pour me harceler. Je suis devenu la cible de cathos royalistes qui se sentaient pousser des ailes. Sur Facebook, dès que je commentais quelque chose, il y avait des commentaires derrière : « De toute façon, le taux de mortalité des trans est darwinien » – sous-entendu, c’est la sélection naturelle. On m’appelait « Mademoiselle », on me disait que j’étais bon à enfermer. J’ai dû porter plainte parce que j’ai été menacé d’agression physique, assez violemment, par un responsable syndical de Lille 3 qui m’a dit sur Facebook : « Demain je suis à Lille 2, te promène pas tout seul, je te referai ta sale face de trans dégénéré. » J’avais 18 ans, je n’étais clairement pas préparé à ça. Quatre tentatives de suicide en un an Il était hors de question que je passe ma deuxième année comme la première. Je me faisais tout petit, j’essayais de ne pas avoir de potes pour ne pas qu’ils se souviennent de mon nom mort. J’ai fini isolé, je pleurais avant et après chaque cours. J’ai fait quatre tentatives de suicide en un an. J’adorais la science politique, mais les profs m’ont fait détester les cours. Jusque-là, je n’avais pas osé contacter l’administration. En L2, j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes. Au mois de septembre, je suis allé voir le président du jury. Il m’a dit qu’il en parlerait à tous mes chargés de TD. Ça s’est plutôt bien passé. Au deuxième semestre, j’ai décidé de le faire tout seul. Je n’allais pas passer ma vie à dépendre d’un prof. J’ai barré moi-même le prénom sur leur fiche de présence, pour écrire « Noah » à la place. Je n’avais pas envie de devoir réexpliquer à chaque cours que j’étais trans. J’ai de nouveau eu des problèmes avec un prof. Il appelait tout le monde par son nom de famille, sauf moi. Il m’appelait « Mademoiselle ». Ensuite, il a réimprimé une fiche de présence pour m’appeler par mon nom mort. En parallèle, j’ai demandé à l’administration de rééditer ma carte d’étudiant. Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas, pour des raisons informatiques et parce que j’étais le seul trans à la fac – donc que j’étais un poids pour eux. Ça me pose plein de problèmes qu’il n’y ait pas mon prénom d’usage écrit dessus, pour emprunter des bouquins ou passer la sécurité à l’entrée de la fac par exemple. Le serpent qui se mord la queue J’ai contacté une asso trans pour leur parler de ma situation. Ils ont appelé l’université. Début mars, l’administration a sorti un document pour dire que maintenant, elle autorise les étudiants à utiliser leur prénom d’usage. Nous, les étudiants trans, on devait remplir un formulaire. Je l’ai rempli dans la journée. Trois semaines plus tard, j’ai reçu un mail : « Pour rééditer votre carte étudiante, il va nous falloir le récépissé de votre demande de changement de prénom à l’état civil. » Mais ce n’est pas si simple. Ça fait un an que je bataille avec la Mairie pour changer mon prénom civil. Ils me demandent en permanence de nouveaux documents, dont ma carte d’étudiant rééditée. C’est le serpent qui se mord la queue. Déprimé par toutes ces démarches, j’ai décidé de redoubler ma L2 pour être avec des profs et des étudiants qui ne sauront pas que je suis trans et ne connaîtront pas mon nom mort. J’espère que mon prénom d’usage aura été changé d’ici la rentrée. Ça leur fera quelque chose de moins sur lequel appuyer. Si j’avais été respecté dans mon genre, j’aurais pu continuer dans ma promo. On a choisi de faire bouger les lignes. Vous validez ? Depuis plus de 10 ans, nous assumons un regard et des engagements. Aujourd’hui, notre mission c’est d’avoir de l’impact. Particulièrement dans la crise actuelle, où les premiers à morfler sont les plus fragiles. Face à la pandémie, au confinement et à la crise économique qui l'accompagne, nous croyons encore plus à la nécessité de ce travail. Forcer le ministre de l’Intérieur à saisir la justice en mettant au jour les messages racistes échangés par des milliers de policiers sur des groupes Facebook. Provoquer une enquête de justice suite à la révélation d’un système de maltraitance et de racisme dans les cellules du tribunal de Paris. Contraindre Franprix à cesser l’usage quasi illégal d'auto entrepreneurs durant le confinement... Nous recevons de plus en plus de pistes sur des sujets brûlants, mais nous manquons encore de moyens pour tout couvrir. L’idée n’est pas de se faire racheter par un milliardaire. Mais simplement de pouvoir faire appel à du renfort, lorsqu’un sujet le nécessite. Pour que cela continue, malgré la crise, nous avons sincèrement besoin de votre soutien. StreetPress doit réunir au moins 27.000€, avant le 4 décembre. Soutenez un média d’impact qui fait bouger les lignes. Je soutiens StreetPress mode payements NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS, ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER (BUTTON) S’abonner ____________________ * * * StreetVox * Trans * transgenre * universités * Lille * Cover StreetVox * A la une Noah Massé Tous ses articles Timothée de Rauglaudre Twitter Tous ses articles A lire aussi (BUTTON) S’abonner ____________________ (BUTTON) Pour continuer d’enquêter StreetPress doit réunir au moins 27.000€, avant le 4 décembre. Soutenez un média qui fait bouger les lignes. 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