#alternate alternate IFRAME: https://www.googletagmanager.com/ns.html?id=GTM-P5QKJ5M (BUTTON) + Français (BUTTON) * Lire * Regarder * Société * Life * Tech * Food * Culture * Drogue * Musique * Crime * Environnement * Santé * Sport * Gaming * Store * * * * Lire * Regarder * VICE TV ____________________ (BUTTON) * * * * * * * * Société * Life * Tech * Food * Culture * Drogue * Musique * Crime * Environnement * Santé * Sport * Gaming * Store * About * Partner * Jobs * Shop * VICE TV * Concours * C.G.U. * POLITIQUE DE CONFIDENTIALITÉ * © 2020 VICE MEDIA GROUP Société Des difficultés pour les trans de se faire opérer en France Temps d’attente interminable et rendez-vous inutiles : pourquoi j’ai choisi d’aller en Thaïlande pour ma chirurgie de réattribution sexuelle. Td par Timothée de Rauglaudre 2.8.17 * (BUTTON) Partager * (BUTTON) Tweet * (BUTTON) Snap [ld+json] Photo publiée avec l'aimable autorisation de Chloé « Jʼai lʼimpression dʼavoir perdu des années de ma vie à être quelquʼun que je nʼétais pas vraiment », décrit Chloé Cappellari. Si cette jeune femme de 25 ans a pris conscience de sa transidentité au début de sa puberté, elle a attendu dʼavoir la vingtaine pour faire son coming out auprès de ses proches. « Je lʼai longtemps caché parce que je ne savais pas comment mʼy prendre. » Elle se tourne alors vers la clinique de Lyon-Sud, lʼune des rares en France à être spécialisée dans les parcours transgenres. Du fait de cette renommée, plus de la moitié des personnes transgenres qui souhaitent réaliser des opérations génitales y font appel. Conséquence : les patients sont contraints dʼattendre entre deux et trois ans avant de passer sur le billard. Chloé, elle, a été confrontée à des délais plus longs. Après deux ans de suivi psychiatrique, elle entame son traitement hormonal début 2016. Selon ses observations, le protocole actuel exige dʼassister à cinq rendez-vous avant le début de la thérapie. Pourtant, Chloé multiplie les rendez-vous chez le psychiatre, au point dʼen perdre le compte – ce quʼelle explique par le regard du corps médical sur son propre cas. Sa voix, son apparence trop « masculines » ne passent pas. « Je ne suis pas conforme à leurs attentes, très archaïques. » De Paris à Nice, les équipes médicales qui sʼoccupent de parcours transgenres sont regroupées au sein de la Société française dʼétudes et de prise en charge du transsexualisme (SoFECT). Un groupement mal vu des principales associations transgenres. « Certaines équipes ont une vision très bornée de ce que doit être un parcours de transition, estime Aaron, coprésident dʼOUTrans. Il y a un côté package, tout ou rien. Une fois quʼune personne est engagée dans leur équipe, ils vont avoir tendance à la faire matcher avec ce quʼils considèrent comme étant un parcours de transition. Ils se basent souvent sur lʼapparence, ce qui nʼest ni plus ni moins que de la discrimination pure. » En outre, « ces équipes ont toutes des délais très longs. » Chloé a pu en faire lʼexpérience. Désormais, pour avoir droit à son opération génitale, elle devait passer en septembre devant une commission à la clinique. Après quoi, si sa demande est acceptée, elle aurait dû attendre quatre années supplémentaires avant dʼêtre opérée. Ce qui lui aurait fait, de son entrée à clinique à son opération, huit ans pour son parcours. Pour écourter cette attente, Chloé a décidé de se faire opérer à lʼétranger. Après avoir obtenu un certificat auprès dʼune clinique privée en France, elle a réussi à décrocher un rendez-vous avec un chirurgien à Bangkok, en Thaïlande, le 18 août prochain. « Beaucoup de femmes trans vont en Thaïlande, explique Aaron. Ils ont quelques chirurgiens extrêmement réputés, qui font beaucoup dʼopérations par an. En France, il y a très peu de chirurgiens qui font ces opérations, et encore moins qui les font bien. Dʼautant plus que, légalement, les opérations génitales ne peuvent être faites quʼen hôpital public. » Lʼopération de Chloé coûte 15 000 euros, ce à quoi il faut ajouter 2 000 euros pour ses billets dʼavion – et ceux de sa mère, qui lʼaccompagne – et 1 500 euros pour payer lʼhôtel sur place lors de son mois de repos obligatoire. Sans emploi, Chloé habite encore chez ses parents, en Haute-Savoie, dans les Alpes. Elle a lancé une cagnotte en ligne pour récolter les fonds nécessaires à son voyage et son opération. Elle a réussi à lever plus de 2 000 euros. Grâce à des fonds en main propre de 3 000 euros et à un emprunt bancaire de 10 000 euros, elle va pouvoir réaliser son voyage. Mais ces coûts demeurent exorbitants et ne sont pas à la portée de tous. « Quand on est opéré à lʼétranger, il nʼy a pas de prise en charge qui marche, souligne Aaron. Il faut être capable dʼassumer financièrement ce choix-là. » Les associations demandent alors une prise en charge publique pour remédier à cette inégalité. « Une opération génitale faite par un chirurgien français et prise en charge par la Sécurité sociale coûte deux à trois fois plus cher que la même opération pratiquée en Thaïlande. On ne comprend pas pourquoi la Sécurité sociale nʼaccepterait pas de rembourser un acte fait à lʼétranger, qui lui coûterait beaucoup moins cher. » Lʼattente imposée à Chloé lʼa déjà beaucoup fait souffrir. « Je nʼai jamais travaillé. Jʼai eu beaucoup de soucis, je suis tombée dans la dépression et dans lʼalcoolisme quand jʼétais adolescente. » Depuis le mois dʼavril, elle touche une allocation de personne handicapée de 800 euros par mois au titre de sa dépression et de son anxiété. Les séquelles psychologiques sont fréquentes chez les personnes transgenres qui rencontrent des obstacles lors de leur transition, notamment lorsquʼelles sont isolées ou précaires. « Au bout dʼun moment, cela détruit une personne », déplore Karine Espineira, sociologue franco-chilienne spécialisée dans la construction médiatique des transidentités. « Ce nʼest pas sa transidentité qui la rend mal. Cʼest ce quʼon lui fait vivre socialement, ce quʼon lui fait payer. » Les associations pointent la responsabilité des équipes médicales et des pouvoirs publics. « La seule solution de santé publique proposée, ce sont ces équipes hospitalières qui ont plutôt tendance à pousser les gens à aller mal quʼà les aider vraiment, juge Aaron dʼOUTrans. Ils les poussent dans leurs derniers retranchements. Aujourdʼhui, les réponses apportées par lʼÉtat français génèrent ces situations-là. » Parmi les revendications dʼOUTrans figure le démantèlement des équipes réunies sous la bannière de la SoFECT. À plusieurs reprises, Chloé a essayé de se plaindre auprès des responsables de la clinique de la « lenteur du protocole », sans succès. (Contactés par VICE, aucun représentant de la clinique nʼa été en mesure de répondre à nos questions.) Selon Chloé, lʼexcuse avancée est systématiquement la même : lʼétablissement ne veut pas prendre le risque de mener à bien la transition sans être tout à fait sûr de la transidentité du patient, de peur de voir celui-ci lʼattaquer en justice par la suite. « Ils font exprès de faire patienter en plus, pour prendre moins de responsabilités, pour éviter dʼavoir des soucis. » Un argument absurde pour Aaron. « Cʼest le grand épouvantail des médecins qui voient des personnes trans. Il y a ce fantasme que, finalement, la personne ne va pas être trans et quʼelle va porter plainte. Quand bien même une personne qui a pris des hormones ou fait une opération le regretterait, à partir du moment où quelquʼun a signé un consentement éclairé, il ne peut pas attaquer en justice. » Chloé impute cette attitude à un manque dʼinformation du corps médical sur la transidentité. « Il nʼy aurait pas autant de délais si on connaissait mieux la transidentité. Cʼest beaucoup plus évident que ça à décerner, et cela devrait être beaucoup plus facile à mettre en place. Les erreurs sont très rares. » Encore aujourd'hui, aucune loi française n'encadre les transitions de genre – à l'exception du changement d'état civil. Il faut dire que la société française demeure relativement ignorante sur les questions transgenres. « Je suis moi-même tombée dessus sur Internet, au milieu de mon adolescence. Avant ça, je nʼavais aucune idée que ça existait. Cʼest vrai que cʼest un peu la source dʼinformation la plus complète, avec la représentation des personnes elles-mêmes, plutôt quʼune représentation externe qui voit les personnes transgenres comme un phénomène. » Le parcours de Chloé illustre parfaitement bien la psychiatrisation et la judiciarisation qui touche les personnes transgenres en France et complexifie leur transition. Quatre ans après son entrée à la clinique de Lyon-Sud, elle est toujours suivie par un psychiatre. « Pour moi cʼest vraiment une barrière, un test », confie-t-elle. « Le milieu médical reste ancré dans certains idéaux qui datent des années 1950, qui sont très normatifs. » Maud-Yeuse Thomas, intellectuelle et militante transféministe, fait remonter cette normativité à plus loin encore. « Les psychiatres eux-mêmes sont les produits de la société occidentale qui a fabriqué lʼidée que ces personnes étaient atteintes dʼun trouble mental. Cette vision nous vient directement du XIX e siècle. Même si notre société a évolué techniquement, elle est restée sur la même norme naturaliste, avec la croyance selon laquelle le sexe fonde le genre et non lʼinverse. Comme cette vision nʼa pas changé, on est resté sur un modèle psychopathologique de la transidentité. » Aujourdʼhui encore, les psychiatres sont « à la fois juges et parties » des parcours transgenres, « consommateurs de leur propre protocole », dont ils détiennent toutes les clés, « sans contrôle extérieur ». En effet, en France, à lʼexception du changement dʼétat civil, aucune loi nʼencadre les transitions de genre. Lʼan dernier, Chloé a entamé une procédure pour changer de nom et de sexe à lʼétat civil. Elle attend les résultats, qui doivent lui parvenir fin juillet. Si, depuis la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle adoptée en octobre 2016, lʼopération génitale nʼest plus un préalable au changement dʼétat civil, le demandeur doit toujours passer devant un tribunal, assisté ou non par un avocat. « Ils peuvent refuser suivant le manque de preuves, dʼéléments, déroule Chloé. Ils demandent des preuves cliniques, médicales. Ils mʼont demandé des preuves que je me présentais en tant que fille dans ma vie courante. Il faut avoir des justificatifs signés par des personnes qui me connaissent, des amis, pas de la famille, ils disent que ça ne compte pas assez. » « Qui dit juge dit procédure judiciaire, souligne Karine Espineira. Le juge ou le procureur peut émettre des réserves. Dans ce cas-là, cela peut demander une procédure beaucoup plus lourde, et on revient à lʼancien système. » Or, le changement dʼétat civil facilite lʼaccès des personnes transgenres au travail, au logement, à la santé. __________________________________________________________________ Vidéo associée – Le chauffeur de taxi transgenre qui voulait partir sur Mars [55e0dee4ca0b0b2c784ce5b8-1452543115704.jpg?crop=0.9016587677725119xw:0 .8183556405353728xh;0.08886255924170616xw,0.13001912045889102xh] __________________________________________________________________ Certains pays ont pris en compte ces difficultés et font désormais figure de précurseurs en la matière. LʼArgentine en est un exemple éloquent. En 2012, le Parlement a adopté une loi visant à démédicaliser et déjudiciariser la procédure. « Cʼest un changement dʼétat civil déclaratif, devant un officier dʼétat civil, qui nʼest soumis à aucune condition, développe Karine Espineira. Les gens nʼont pas besoin dʼêtre suivis par un psychiatre, de prendre un traitement hormonal, de justifier dʼune opération. » De même, passer devant un psychiatre avant de commencer une hormonothérapie ou une opération génitale nʼest plus obligatoire. Cette législation avant-gardiste sʼest faite à la faveur dʼune culture du changement post-dictature et dʼune culture associative particulière. « Les lois sur le mariage gay, lʼadoption et le changement dʼétat civil nʼont pas été considérées comme des lois pour les minorités, mais comme des lois sociales. Le milieu associatif a connu un essor depuis la fin des années 1990, il sʼest mobilisé rapidement et puissamment, dʼune façon beaucoup plus solidaire que dans nos pays à nous. Il y a moins de conflits entre groupes, les mouvements trans sont solidaires du mouvement des femmes, des mouvements gays et lesbiens. » Au-delà de la législation se pose la question des normes sur lesquelles repose la société. « Si notre société était une société à dominante queer, les individus mèneraient des formes de transition beaucoup plus fluides, estime Maud-Yeuse Thomas. On est dans une société binaire parce quʼon croit à lʼexistence de deux identités et seulement deux identités, lʼhomme et la femme. Il existerait toujours, dans une société queer, des hommes et des femmes. Lʼidée selon laquelle cela détruirait la société est entièrement fausse. » Tagged:FRANCEtransgenretransitionadministration françaisechirurgie de réattribution sexuelledysphorie de genre Dernière étape pour t'abonner à la newsletter VICE... ____________________ (BUTTON) Je m'inscris En vous abonnant à la newsletter de VICE, vous acceptez de recevoir des courriers électroniques qui peuvent contenir de la publicité ou du contenu sponsorisé. Publicité * About * Partner * Jobs * Shop * VICE TV * Concours * C.G.U. * POLITIQUE DE CONFIDENTIALITÉ * © 2020 VICE MEDIA GROUP