Eric Zemmour met le feu aux blogs

INTERNET Sa sortie sur les races, reconnaissables «à la couleur de la peau», a provoqué de vives réactions sur le Net...

Sandrine Cochard

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© L. DENIS / France 2

«Je suis de la race blanche, vous êtes de la race noire!» Ces propos du chroniqueur Eric Zemmour à Rokhaya Diallo, la présidente de l'association «Les indivisibles», n’ont pas fini de déchaîner le Net. Retour sur une polémique.

Diffuser pour mieux condamner


Jeudi 13 novembre, Arte organise un débat intitulé «Bientôt, tous métis?» Au cours de la conversation, Eric Zemmour, qui a l'habitude de tenir des propos litigieux, affirme qu’il existe des races, reconnaissables «à la couleur de la peau». Sa sortie, relayée dans le «Zapping» de Canal + dès le lendemain, provoque un tollé.



Les internautes s’en emparent et retranscrivent les propos de Zemmour, comme le Tirailleur républicain, ou l'association de critique des médias «Acrimed», qui livre l’intégralité de l’échange entre Zemmour et les autres invités. Et de s’indigner, jugeant que «Zemmour a franchi un pas supplémentaire» dans ses «prises de position réactionnaires»: «Sûr de lui et fort de la complaisance d’Isabelle Giordano, l’éditorialiste multicarte (et qui sans doute le restera…) put affirmer sans être contredit par l’animatrice, que Noirs et Blancs appartenaient à deux «races» différentes et qu’il y aurait une «hiérarchie» entre les cultures. Comme si l’ethnocentrisme et le racialisme étaient des «opinions» comme les autres.»



La blogosphère a la fièvre et s’empresse de conserver les propos du chroniqueur (par crainte qu’ils ne disparaissent?) pour qu’ils ne passent pas inaperçus dans le flot médiatique. Avec un impératif: largement diffuser la séquence pour mieux la condamner. Une logique qui pousse les internautes à faire circuler la vidéo. Acrimed et Sébastien Fontenelle, sur son blog «Vive le feu» (hébergé sur le site de Bakchich), la diffusent, comme un besoin compulsif d’en garder la trace.

Analyse

Cette réaction immédiate laisse la place l’analyse. Patrick Lozès, président du Cran, remet les points sur les i: «Rappelons que tous les scientifiques s’accordent depuis des décennies à reconnaître qu’il n’y a qu’une seule espèce humaine et que si, par abus de langage, on peut parler de race humaine, il ne saurait y avoir plusieurs races humaines», écrit-il sur son blog.

Le mot de la fin sera pour le journaliste Bruno Roger-Petit, qui refuse d’entrer dans le débat. «Je n'entre pas dans le fond du débat parce qu'il n'y a pas de débat. Y entrer, c'est reconnaître l'existence même de ce débat, or, il y a belle lurette que les hommes de bonne volonté savent qu'il n'existe sur cette planète qu'une seule "race" humaine appartenant au genre sapiens et que la simple contestation de cette évidence revient à ressusciter des débats qui devraient être clos depuis la disparition du dernier néanderthalien.»

Et de se tourner vers l’avenir, estimant que «le plus passionnant à suivre dans cette histoire, c'est la suite. La suite médiatique, évidemment». «Bigard n'est plus le bienvenu jusqu'à nouvel ordre sur une radio où il a tenu des propos inacceptables sur les attentats du 11 septembre 2001 (...) Qu'en sera-t-il de l'éditorialiste du Figaro? Est-ce que le réseau d'amitiés médiatiques, qui le propulse sur France 2, iTélévision, France 5, Arte etc... va lui permettre d'échapper à son châtiment?» L’avenir le dira.

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