« Race » : l’ignorance conduit à la détestation

La généticienne et conseillère de Paris Dominique Stoppa-Lyonnet explique en quoi la notion de race, concernant l’espèce humaine, est dénuée de sens.

Publié le 05 octobre 2015 à 11h03 - Mis à jour le 06 octobre 2015 à 14h31 Temps de Lecture 5 min.

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Des modèles représentants (à partir de la gauche) une femme de Flores, une Homo Sapiens et une Neanderthal au

« Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche  » : en revendiquant l’appartenance des Européens à une race et en sous-entendant la détestation de ceux qui seraient censés appartenir à une autre, Nadine Morano [députée européenne, Les Républicains] a, comme beaucoup, fait preuve d’ignorance de l’histoire de notre humanité.

La paléoanthropologie, l’hématologie géographique et, plus récemment, l’analyse génomique ­comparée des populations humaines ont maintenant établi qu’Homo sapiens constitue notre humanité et qu’il a progressivement migré depuis l’Afrique de l’Est où il est né il y a 200 000 ans. Il est plus que probable qu’il ait reçu quelques contributions génétiques d’Homoneanderthalensis, entre 50 000 et 100 000 ans au Proche-Orient, avant qu’il ne se répande à travers l’Europe, l’Asie, puis l’Océanie et l’Amérique.

Le même ­patrimoine génétique

Au cours de notre longue préhistoire puis histoire, des groupes humains, ou populations, se sont ensuite constitués sur notre planète au ­hasard des migrations guidées par la géographie des lieux, les événements climatiques et plus tard les grands événements politiques et religieux.

Le séquençage du génome (6 milliards de paires de bases réparties sur nos 23 paires de chromosomes) de nombreux individus appartenant à différentes populations a permis de montrer définitivement que les 7 milliards d’humains que nous sommes aujourd’hui partagent essentiellement le même ­patrimoine génétique.

Il existe pourtant de légères variations entre individus, variations dont seulement un petit nombre contribuent à nos différences. Ainsi, deux personnes, prises au hasard dans la ­population humaine, diffèrent entre elles en moyenne par 3,2 millions de paires de bases, soit par seulement 0,05 % de leur génome : si peu et pourtant beaucoup ! Il existe tout autant de ces différences à l’intérieur d’une même population qu’entre deux populations différentes de taille comparable.

Néanmoins, certains variants sont plus fréquents dans certaines populations, s’étant accumulés parce qu’ils les protègent d’une maladie infectieuse ou parce qu’ils leur ont permis de résister à un environnement délétère (froid, sécheresse, disette…). Agents infectieux, régimes alimentaires ou climats hostiles ont constitué, et constituent toujours, des facteurs de pression de sélection qui sont favorables aux individus porteurs de ces variants protecteurs, ou plutôt, défavorables à ceux qui ne les portent pas.

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