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Politique En parlant de «pays de race blanche», l’élue lorraine Nadine Morano fait des vagues

L’élue lorraine est vivement critiquée à droite après ses propos tenus à la télévision samedi soir.

Par Philippe RIVET : - 29 sept. 2015 à 05:00 - Temps de lecture :
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Leçon de gaullisme de Philippe Richert à Nadine Morano. (Photo Patrice SAUCOURT)

NANCY

Les propos de l’eurodéputée (LR) Nadine Morano, qui a parlé samedi soir sur France 2 de « la France, un pays de race blanche », a suscité une vague de condamnations du côté des responsables républicains et centristes, notamment dans le grand Est, où elle est tête de liste en Meurthe-et-Moselle dans l’équipe conduite par Philippe Richert (LR).

Lors du point de presse hebdomadaire tenu ce lundi matin, les porte-parole des Républicains ont évoqué « une expression malheureuse ». « Les Républicains ne s’y associent pas », a souligné l’un des deux porte-parole, Sébastien Huyghe. « Les propos de Nadine Morano n’engagent qu’elle-même et en aucune façon les Républicains », précise Valérie Debord, secrétaire générale adjointe du parti sarkozyste, élue nancéienne, et candidate aux régionales, après avoir tweeté qu’« être Français, c’est adhérer aux valeurs de la République “sans distinction d’origine, de race ou de religion “ », selon l’article 1er de la constitution de la Ve République. Dont « le père n’est autre que ce grand homme que fut le général de Gaulle », insiste le maire de Nancy, Laurent Hénart, président du parti radical et chef de file de l’UDI pour les régionales.

Une leçon de gaullisme développée dans un communiqué par Philippe Richert qui note que « Nadine Morano s’était exprimée en tant que députée européenne et candidate aux primaires des Républicains. » Selon l’actuel président du Conseil régional d’Alsace, « la politique constante et l’action du général de Gaulle se situent à l’opposé des propos qu’on lui prête ». L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy rappelle que « lorsque le général de Gaulle décora, à titre posthume, Félix Eboué du titre de Compagnon de la Libération, il le décrivit comme “l’un de ces noirs ardemment français “ ».

« Pas acceptable »

Le terme de « race » a fait vivement réagir plusieurs candidats aux primaires : aussi bien Alain Juppé qui juge « la notion pas acceptable » que Bruno Le Maire pour qui « la France n’est pas une race, ni une religion, ni une couleur de peau », ou François Fillon qui, « à l’évidence », n’aurait pas employé le terme de « race ».

Dès dimanche soir, Valérie Pécresse, chef de file des Républicains en Ile-de-France, avait marqué sa différence avec Nadine Morano. « C’est un non-sens pour moi de parler de race », avait-elle déclaré.

« Je ne connais qu’une seule race, la race humaine », réagit, pour sa part, Nathalie Griesbeck, vice-présidente du MoDem et députée européenne grand Est, qui vient de conclure une alliance avec Philippe Richert. « Sauf en Meurthe-et-Moselle. Nous avions peut-être pressenti ces mots inadmissibles, ces propos racistes et discriminants, car nous ne souhaitions pas nous associer à la liste conduite par Nadine Morano », précise Nathalie Griesbeck. « Derrière les propos de Nadine Morano, il y a une stratégie qui vise à courir après le FN en tenant les mêmes propos, en attisant les peurs, stratégie que j’ai toujours contestée », affirme Laurent Hénart. « Les électeurs continueront à préférer l’original à la copie. J’ai fait part à Philippe Richert de la forte dangerosité de cette démarche électorale. »

L’eurodéputée, par qui le scandale arrive, pourra-t-elle rester tête de liste départementale ? Officiellement, la question n’est pas à l’ordre du jour. En coulisses, elle serait ouverte.