L’idée de race est vraiment une belle saloperie

LA BOÎTE À BOUQUINS DE FORESTIER. Romans non traduits, nanars introuvables, bizarreries oubliées… Cette semaine, la parole est à la science, la vraie.

Temps de lecture 3 min
Angela Saini. (Global Media Group/Sipa USA/SIPA / Global Media Group/Sipa USA/SIPA)
Angela Saini. (Global Media Group/Sipa USA/SIPA / Global Media Group/Sipa USA/SIPA)

Angela Saini est d’origine indienne, avec de la famille là-bas, du côté de Calcutta. Mais, née à Londres, elle était souvent pointée du doigt à l’école, pour son teint bistre. Sa mère la disait d’ascendance italienne, pour camoufler... Trente ans plus tard, Angela Saini, devenue journaliste, a pris un coup de sang, et a cherché à comprendre ce que recouvrait le mot de « race ». Son livre, « Superior, The Return of race science », l’a conduite à interviewer les scientifiques les plus pointus, les généticiens les plus avancés, les biologistes les plus affutés. Elle a fait le tour du monde pour creuser la question. Bilan : rien, zéro, bernique, macache, nib, peau de balle et balai de crin. Le concept de race n’existe pas. La désignation de race « blanche, noire ou jaune » est tombé en désuétude. Et – elle n’avait pas besoin de le dire, mais ça fait du bien quand même – les racistes sont des gros cons.

Au XIXe siècle, la notion de race était... scientifique. Il y avait, pensaient les grands cerveaux, des différences marquées entre les peuples. La race blanche était évidemment supérieure, et si les Noirs étaient esclaves, c’était parce que leur intellect ne leur permettait pas d’être autre chose. Kant lui-même notait, en 1764, que son interlocuteur « était noir de la tête aux pieds, preuve évidente que ce qu’il disait était stupide ». Les Aborigènes d’Australie ne se livraient pas à la culture ni à l’élevage ? Des êtres primaires, donc, selon les critères européens.

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Et, après la guerre et la terrible utilisation de « la race pure » par les nazis, d’autres questions se posèrent : l’intolérance au lait, la prédisposition à l’hypertension, l’anémie falsiforme n’étaient-elles pas preuve d’un héritage racial ? D’une transmission due à des gènes raciaux ? D’une malédiction gravée dans l’ADN ? Réponse unanime : non. Il y a plus de points communs entre un Bantou et un Allemand, au niveau génétique, qu’entre Laurel et Hardy. Nous sommes tous issus de l’Afrique, berceau de l’humanité. Madonna et Rudolf Hess, Mao Tsé Toung et Maurice Chevalier, la Grande Eugène et la princesse Mathilde, tous Africains. La preuve par le séquençage du génome.

« L’idée des races est le produit du colonialisme »

Des... nègres dans l’arbre généalogique ? Pas question, disent les Russes (« On était là avant »). Pas question, insistent les Chinois (« On était là énormément avant »). Angela Saini analyse, découd, gratte, martèle : « L’idée des races est le produit du colonialisme. » Oui mais, disent les « evangelicals » américains, la Bible nous indique qu’après le Déluge, les enfants de Noé se sont répartis dans le monde entier, et donc ces populations ont évolué différemment, donnant des « races » éloignées les unes des autres.

C’est ce que pensaient les organisateurs de l’Exposition de 1904 à Saint Louis, qui placèrent Oto Benga, leur pygmée congolais, dans un zoo. (Celui-ci se suicida d’une balle dans la tête.) C’est ce que pensait Winston Churchill, vice-président du premier Congrès International d’Eugénisme, en 1912. C’est ce que pensait le docteur Mengele, de sinistre mémoire. C’est ce que pensaient les techniciens d’IBM, qui fournirent à Hitler la technologie nécessaire pour transporter des millions de victimes vers les camps de concentration. Fin de l’histoire ?

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Hélas non. Le poison est encore là, et la saloperie renaît de ses cendres. De Trump à Bolsonaro, combien de chefs d’États démontrent, chaque jour, leur insondable bêtise ? En 2012, il se trouva même un professeur canadien, John Philippe Rushton, pour affirmer que la taille du cerveau et celle des organes sexuels étaient en rapport inversé. Les Blancs, selon lui, avaient l’avantage de l’intelligence sur le service trois-pièces des Noirs. Page après page, Angela Saini démonte le mythe, toujours prévalent. Et constate, avec amertume : « La vérité, c’est que le mot race est raciste. »

Superior. The Return of Race Science, par Angela Saini, 4th Estate éditeur, Londres, 14,99 £.

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Commentaires 14 commentaires
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    et pour cause Photini c'est moi!

    Combien de temps encore allons nous pérorer sur ce thème en nous désignant comme seuls racistes et, pour donner plus de poids à la démonstration, qu'on veut scientifique, en remontant aux Australopithèques, il y a des millions d'années? Le mot race ne me dérange pas car il est une facilité de langage. Si ce mot gène, je veux bien qu'on en trouve un autre et qu'on cesse avec ces accusations-condamnations qui cherchent à culpabiliser. Cela dit, il est vrai que nous appartenons tous à la race humaine car il n'y a aucun obstacle biologique à la reproduction entre blancs, noirs, jaunes, rouges. Un chien ne fait pas des chats et des chats ne font pas des chiens. Mais noirs et blancs peuvent se reproduire entre eux. Ils donneront naissance à un enfant qui ne sera différent d'un enfant de couple non-mixte que par sa couleur. Mais une fois qu'on a dit cela, quand je me promène dans la rue, ou quand je regarde la télé, je vois des blancs et des noirs. C'est un fait observable et je m'interdit de m'interdire de le voir. Je ne peux quand même pas dire qu'un noir est un blanc ou l'inverse. Si nous devons faire notre psychanalyse, et je crois qu'on la fait depuis longtemps, il faudrait aussi qu'elle soit faite dans les deux sens. Il y a la race, il y a l'histoire et la vie des hommes qui, bien que vivants à la même époque, n'ont pas tous le même âge. Je suis désolée de le dire mais il y a une différence de savoirs entre un occidental et un bushmen au XIXe siècle. Si c'est raciste de le dire, il faut se guérir de ça. Puis, je lis dans l'article: "Kant lui-même notait, en 1764, que son interlocuteur « était noir de la tête aux pieds, preuve évidente que ce qu’il disait était stupide ». Mais qu'est-ce que cela a à voir avec le racisme surtout que Kant n'avait probablement pas vu un noir de sa vie. Dans cette phrase, le mot "noir" fait référence à l'obscurité, à la nuit, à une pensée sans clarté et probablement pas à l'Africain. La phrase est datée 1764, et l'on nous dit également que «L’idée des races est le produit du colonialisme ». Je ne suis pas certaine que, à cette date, les Allemands, qui n'étaient pas encore une nation, avaient des colonies en Afrique pour cultiver un racisme colonial. "La race blanche était évidemment supérieure, et si les Noirs étaient esclaves, c’était parce que leur intellect ne leur permettait pas d’être autre chose." On n'a plus le droit de dire que "les blancs" étaient supérieurs aux autres "races" mais on doit s'extasier sur l'occupation de l'Espagne par les Arabes qui nous ont apporté la civilisation alors que nous étions des barbares.

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      Maltis

      Excellent commentaire, je pense exactement comme vous, tout simplement parce que c'est la réalité et la Vérité, je veux juste ajouter que si on voit tant de noirs et d'Arabes à la télé, dans toutes les PUBS, dans les séries Françaises, dans les gens qui passent dans les sujets de toute l'actualité, n'est pas le reflet exact de la société Française, mais fait parti d'une stratégie communautariste qui veut faire fondre la culture Française et même pour en faire une simple fraction de ce brassage organisé.

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    Dentsdesabre

    Ce qu'oublie de dire cet article qui semble dater d'un demi siècle c'est que la notion de "race" est aujourd'hui surtout portée par les suprémacistes noirs, l'extrême droite indigéniste, les intersectionnels afro-américains comme N.Irving Painter. Cet article n'en parle pas comme s'il datait des années 1950 ou 1960 tout au plus !

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    59b5805a78d77

    Oui, c'est une saloperie ! Mais, le problème encore plus "salaud" c'est que certains à gauche le reprennent à leur compte avec le concept de "racisé" et autres échanges "interdits aux blancs" ! L'être humain est universel. Point !

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    Maltis

    Si le mot "race" ne doit pas être utilisé pour les humains, on doit accepter qu'il existe dans la nature des similitudes que l'on nomme " espèces", comme pour le lion et le tigre qui sont géographiquement éloignés, mais qui font parti de la même espèce des félins, ils peuvent même se reproduire en captivité, ils ont le même ADN.( presque), pour les humains on devrait parler d'espèces et pas de "races", mais l'idéologie humaniste ne peut accepter cette précision, on comprend bien pourquoi.

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    occitan

    OH que vous avez raison Chère Angéla !!!! Depuis toujours, j'ai su, qu'il n'y avait que 2 races sur notre Planète : La race Humaine, et la race animale , point barre ! Mais, face à cette Vérité, il y aura toujours des racistes . Ils vous expliqueront, que les Noirs, sont d'une race différente des Blancs, ou des Asiatiques . Vous remarquerez, que cette Vérité, ne fait jamais l'objet d'un débat intelligent et constructif ? Parlons d'Ethnies . Oui, il y a des milliers d'Ethnies dans le Monde, mais rien à voir avec la race . Mais bon, c'est comme si on pissait dans un violon , avec certains Quant aux religions, elles ont toujours brandies, le postulat des races .

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