Chronique de cynthia fleury La chronique de Barbara Romagnan. Peut-on parler de « race » ? Mardi 23 Juin 2020 -- Pendant longtemps, j’ai fait partie de ceux qui refusaient de parler de race autrement que pour parler de la race humaine. Je pensais que donner un nom à quelque chose ou à une idée était une façon de la faire exister et de lui donner corps et légitimité. Être antiraciste c’était notamment s’opposer à cette opinion, fausse et mortifère, de races différentes et hiérarchisées. C’est pourquoi j’étais également opposée aux statistiques ethniques et je me retrouvais dans cette conception dite « universaliste » parce qu’aveugle au genre, à l’origine, à la religion, à la couleur de peau. Sauf que, dans la réalité vécue par les cibles victimes du racisme, c’est aux discriminations que cette conception est aveugle. La « race » n’est bien sûr pas une réalité biologique, mais la race comme construction sociale existe bien. Finalement, en décrétant que le citoyen français n’a ni couleur, ni culture, ni religion, on s’empêche -- racisme. Les personnes racisées le sont en ce qu’on leur rappelle sans cesse qu’elles ne sont pas « blanches » par les discriminations et les violences dont elles sont les cibles. Utiliser la « race » comme construction sociale permet donc de saisir le monde réel, tel qu’il est pensé et vécu, non un monde idéal ou abstrait. S’il m’a fallu du temps