Ne dites plus best of, mais florilège

Face aux anglicismes, une armée d'érudits de la Commission générale de terminologie et de néologie se creuse les méninges pour trouver, dès qu'un terme anglais fait du « forcing », la parade française. Comme « florilège » pour « best of », « sonal » pour « jingle », ou « mot-dièse » pour « hashtag » (un terme utilisé par les utilisateurs de Twitter). « C'est très difficile de faire accepter un équivalent à un anglicisme », explique Alain Rey, lexicographe, linguiste, conseiller éditorial auprès des Editions Les Dictionnaires Le Robert, mais aussi membre de la Commission.

Trouver une traduction le plus vite possible

« Avant, le français savait naturellement adapter les mots, comme riding coat devenu redingote, explique Alain Rey. Mais, aujourd'hui, on a malheureusement tendance à être bêtement respectueux de la langue d'origine », donc à garder des anglicismes. Or, dès qu'un mot anglais fait irruption dans notre langue, si l'on ne trouve pas tout de suite le bon néologisme français correspondant, c'est fichuâ?¦ Ainsi, « courriel » est entré in extremis dans le langage courant (et encoreâ?¦). L'expert enfonce le clou : « Le problème aussi, c'est que les Français sont nuls en langues, alors ils préfèrent garder les mots anglais pour se donner un genre, avoir l'air anglophone et à la mode, comme des gamins qui vont hurler deux phrases d'une chanson en anglais. Il y a là quelque chose de comique et de ridicule. » L'érudit signale toutefois que, sur la centaine de nouveaux mots ajoutés cette année au dictionnaire pour lequel il travaille, la moitié des termes viennent du monde anglo-saxon.