INTERVIEW - Le linguiste et père du Petit Robert publie une version augmentée de son Dictionnaire historique. Il analyse l’évolution de la langue menacée par les anglicismes. Par Alice Develey et Claire Conruyt Publié le 03/11/2019 à 07:00, Mis à jour le 03/11/2019 à 09:15 -- version augmentée. Il revient pour Le Figaro sur son écriture et explique pourquoi la langue française, bien que tourmentée par les anglicismes et une certaine paresse de ses locuteurs, n’a pas encore dit son dernier mot. -- ambigu. Si elle contribue à l’enrichissement de la langue, elle méprise également les usages du passé et se laisser entraîner par la facilité, en usant d’anglicismes. Le problème n’est donc pas d’employer des anglicismes mais de n’avoir que ça à la bouche? -- s’appauvrit pas. L’apport des régionalismes quelque enrichissant qu’il soit ne suffit pas à contrebalancer l’invasion grandissante des anglicismes indésirables. Certains anglicismes peuvent légitimement intégrer notre lexique : ce sont ceux qui désignent des objets et concepts venus des pays anglophones, objets et concepts pour lesquels notre langue ne dispose pas des mots adéquats. Mais il n’en va pas de même des anglicismes usurpateurs qui viennent remplacer des mots français existant, colonisant notre langue pour mieux la phagocyter et préparer l’avènement de ce tout-anglais, vecteur linguistique du capitalisme libéral que l’on est en droit de ne pas vouloir comme modèle de société. Ces anglicismes sont lexicophages car chacun d’eux ne se satisfait pas de remplacer un seul mot français, il lui faut aussi avaler tous les synonymes. Ainsi le mot « coach » que l’on préfère à entraîneur, mentor, tuteur, conseiller ou guide. Alors, en toute franchise, Alain Rey est-il fondé à prétendre que les anglicismes n’appauvrissent pas la langue française ? Comment ose-t-il dire qu’il s’agit là d’un contresens complet ? Quelles sont donc ses