#La langue française et ses caprices » Flux La langue française et ses caprices » Flux des commentaires La langue française et ses caprices » Les anglicismes Flux des commentaires alternate alternate La langue française et ses caprices WordPress.com -- Révision ou Revision / Révoir ou Revoir → Les anglicismes Publié le 1 mars 2019 par rouleaum « L’anglicisme, voilà l’ennemi… » (J.-P. Tardivel, 1879) -- plus haut point. Et ce, pour une raison fort simple : au cours de mes études en traduction, j’ai été conditionné [comme un bon chien de Pavlov] à éviter à tout prix les anglicismes (1) et voilà que j’en rencontre à tout bout de champ dans des textes écrits dans un français qui se veut le modèle à suivre. Il y a là, je crois, matière à revoir -- journaliste. Il se démarquera, entre autres, par ses articles consacrés à la promotion de la langue française. Sa causerie de 1879, où il tire à boulets rouges sur les anglicismes, est un bon exemple de son militantisme. Pour Tardivel, « La langue, c’est l’âme d’une nation. » Il faut donc tout faire pour la conserver intacte, à commencer par faire disparaître ces anglicismes qui, selon lui, « dénaturent la langue parlée au Québec ». (2) -- Ce qui alimente ses craintes, vous le savez déjà, c’est l’emploi de trop nombreux anglicismes. Des anglicismes! Il y en a partout, disait-il, au barreau, dans les journaux, dans les livres les mieux écrits et jusque dans la chaire sacrée. Personne n’en est entièrement exempt, personne n’a le droit -- ouvre bien l’oreille constatera que le phénomène ne se limite pas à la mode. Il est généralisé, même au Québec! Faudrait-il, comme Tardivel l’a fait, se mettre à tirer à boulets rouges sur les anglicismes? La « bonne » langue française [qui ne peut être que celle qui se parle en France] est-elle devenue insensible à cette pratique? On pourrait le penser, même si, dans les années 1960, le discours était différent. À preuve, ce qu’en disait Josette Rey-Debove, dans son Dictionnaires des anglicismes (Les usuels du Robert, 1980, page V) : Voici déjà une vingtaine d’années que fut tiré le signal d’alarme -- dit chez nous! Mais ça, c’est une autre histoire. Qu’est-ce donc qu’un anglicisme? La question se pose, car il n’est pas question de tirer sur tout, à l’aveuglette. Comme vous pouvez facilement l’imaginer, tous ne voient pas l’anglicisme du même œil. Voyons d’abord ce que Tardivel appelle ainsi (c’est moi qui souligne, -- de propos. Je veux signaler une tendance inconsciente à adopter des tournures étrangères au génie de notre langue, des expressions et des mots impropres; je veux parler des anglicismes. Il faut bien s’entendre sur la véritable signification de ce mot. On croit trop généralement que les seuls anglicismes que l’on ait à nous reprocher sont ces mots anglais qui s’emploient plus souvent en France qu’au Canada, tels que « steamer,» «fair-play,» «leader,» «bill,» «meeting,» «square,» «dock,» etc. A vrai dire ce ne sont pas là des anglicismes, et il n’y a que très peu de danger à faire usage de ces expressions, surtout lorsque le mot français correspondant manque. On peut, sans inconvénient, emprunter à une langue ce qu’il nous -- sang-froid, sans-gêne, &c. Voici comment je définis le véritable anglicisme : « Une signification anglaise donnée à un mot français ». Un exemple fera mieux comprendre ma pensée. Ainsi on entend dire tous les jours -- application for a place. Voilà l’anglicisme proprement dit qui nous envahit et qu’il faut combattre à tout prix si nous voulons que notre langue reste véritablement française. Cette habitude, que nous avons -- français est un crime de lèse-nationalité. A mes yeux les barbarismes, les néologismes, les pléonasmes, les fautes de syntaxe et d’orthographe sont des peccadilles en comparaison des anglicismes qui sont pour ainsi dire des péchés contre nature. Tardivel voit l’anglicisme de façon plutôt restrictive. Les mots anglais qui s’emploient plus souvent en France qu’au Canada, ce ne sont pas, nous dit-il, des anglicismes! (3) Voilà qui est clair. Lui, n’en veut qu’aux véritables anglicismes, ces mots français auxquels on attribue un sens anglais. Et à eux seuls! C’est dire que la surabondance des mots anglais employés de nos jours dans le domaine de la mode le laisserait de glace! Que ma susceptibilité à cet égard n’aurait pas d’égal chez lui. Mais, pour lui comme pour moi, l’emploi d’anglicismes (quel que soit le sens qu’on veuille bien attribuer à ce mot) est un péché! Un péché tantôt mortel (un péché contre nature), tantôt véniel (une peccadille). C’est selon. Au Québec, cette idée de péché est accrochée à la notion d’anglicisme comme une ancre à un navire. Elle y prend presque toute la place. Un anglicisme, c’est quelque chose à éviter à tout prix. Et rien d’autre. Sans doute peut-on, à tort ou à raison, en attribuer la paternité à Gérard Dagenais, qui, en 1967, dans son Dictionnaire des difficultés de -- écrivait : Les dictionnaires donnent du mot anglicisme la définition suivante à peu près dans les mêmes termes : « Mot, expression, tournure, construction propre à la langue anglaise et qu’il est par conséquent -- de même son grain de sel (en bleu). Et son point de vue été bien reçu par tous les langagiers du pays. Au point que l’on disait de tout anglicisme : « Pas touche! » Il ajoute tout de même : […] qu’un mot d’origine anglaise entré dans l’usage d’une autre langue n’est pas un anglicisme, car il a cessé d’être un mot propre à l’anglais. -- l’imaginez sans peine, à bien des dérapages. Comment voit-on l’anglicisme de nos jours? Pour le savoir, rien de mieux, paraît-il, que de consulter son -- Tout lecteur attentif y verra deux acceptions : on précise d’abord ce qu’est un anglicisme pour un anglophone (sa façon particulière de dire une chose, une façon qui n’a pas son pareil dans une autre langue, par ex. : I missed you / Tu me manques); puis ce qu’est un anglicisme pour un allophone : un emprunt (Mot, tour syntaxique ou sens de la langue anglaise introduit dans une autre langue). On oppose donc la nature de -- des termes, signes conventionnels et abréviations, le sens suivant : Anglicisme : mot anglais employé en français et critiqué comme emprunt abusif ou inutile (les mots anglais employés depuis longtemps et normalement, en français, ne sont pas précédés de cette -- la même époque que le mot cocktail : 1872 vs 1860) voit, lui, ses différentes acceptions précédées de la marque ANGLIC. Ce mot n’est donc pas encore « naturalisé » français! C’est un anglicisme… dans toute la force du terme, à savoir un « mot anglais employé en français et critiqué comme emprunt abusif ou inutile ». Autrement dit, il vaudrait -- Peut-on vraiment parler, dans le cas de la quatrième acception, d’un anglicisme? J’en doute, car il ne s’agit ni d’une façon de s’exprimer propre à la langue anglaise, ni d’un emprunt direct à l’anglais (forme et sens). Ce n’est même pas un « véritable » anglicisme au sens que Tardivel lui donnait, à savoir une « signification anglaise donnée à un mot français ». C’est exactement l’inverse : « signification française -- Mais comment expliquer qu’il n’y en ait pas dans le cas de rush, et de bien d’autres anglicismes? Différentes explications peuvent être avancées, mais aucune n’est « officielle ». On pourrait envisager que les « Commissions ministérielles de terminologie » n’ont pas été -- C’est à se demander si ce n’est pas peine perdue que d’espérer voir la France mener une lutte contre cette invasion massive d’anglicismes. La question se pose. -- (1) J’ai dû apprendre, au cours de mes études en traduction, « toutes les formes d’emprunt à l’anglais qu’on rencontre au Québec : anglicismes de sens, expressions calquées de l’anglais, termes anglais ou dérivés de l’anglais; anglicismes de syntaxe, de morphologie, de prononciation, de graphie […] (Dictionnaire des anglicismes, G. Colpron, Libraire Beauchemin, Montréal, 1882). -- malheureusement pas suffisamment connue. Il s’est attelé à une tâche gigantesque mais irréalisable au complet : « déboulonner » toutes les inepties relatives aux anglicismes qu’on enseignait alors. (Voir ICI) Et ce, dans un style qui ne peut que ravir les amateurs de textes bien écrits. L’exemple qui me vient en tête (c’en est qu’un parmi tant d’autres) est comme étant que l’on m’a, erronément, appris à éviter, sous prétexte qu’en anglais on dit as being! Ce ne pouvait donc être qu’un anglicisme. Quelle connerie! André Goose donne d’ailleurs raison à Frèdelin Leroux. Il écrit dans -- souci de remédier aux « fautes », des usagers considèrent comme incorrect un emploi qui, en fait, est irréprochable. Par ex. au Québec, la crainte des anglicismes fait que l’on prend pour tels des tours qui ont sans doute leur équivalent en anglais, mais qui sont tout à fait normaux en français. » (R2, Art. # 14) -- France a intérêt à s’inspirer du Québec pour promouvoir le français. » (3) J’imagine qu’il en dirait autant des pseudo-anglicismes, ceux que les Français ont eux-mêmes inventés de toutes pièces! Ceux qui, comme le dit Josette Rey-Debove, « ont le double défaut d’avoir une forme -- J'aime chargement… Cet article a été publié dans Anglicisme. Ajoutez ce permalien à vos favoris. ← Usage et Norme Révision ou Revision / Révoir ou Revoir → 8 commentaires pour Les anglicismes 1. MICHEL ARCHAMBAULT dit : -- Bonjour Monsieur Rouleau. Je viens de lire avec grand intérêt… comme toujours ! votre dernier article « Prononciation vs Orthographe ». Mais c’est sur les anglicismes… ou plutôt les emprunts à l’anglais, que je voudrais revenir à l’occasion de l’actualité. -- + accord grammatical + Adverbe + Anglicisme + Étymologie + Choix des mots