France Franglais et anglicismes: quand le français se met à parler anglais Temps de lecture : 12 min -- Empruntés à l’anglais et, de plus en plus, à l’anglo-américain, les anglicismes se sont incrustés dans de nombreuses langues, dont la nôtre. -- en vacancelle avec un bon roman à succès?!) Trois types d’anglicismes Distinguons trois sortes d’anglicismes, qui ont tous pour point commun d’être «empruntés-adaptés»: -- même titre que les vocables purement français, ont souvent vu leur orthographe légèrement modifiée en français: «week-end», comme un certain nombre de ses cousins-anglicismes, prend un trait d’union en français, contrairement à l’anglais, où il s’écrit en un seul mot. De la même manière, qui (à moins de se livrer à une folle expérience de -- prononciation du français. «Campement» et «campisme», les substituts proposés et un temps utilisés (dans les années 1950), n’ont pas résisté à la force de l’anglicisme. D’autres syntagmes ou mots anglais, tels que «prime time» ou «scoop» -- 3. «Djeuns» et hype On trouve enfin les purs anglicismes employés «parce que ça fait cool». Relevant presque d’un jargon, ils peuvent être associés au monde d’aujourd’hui, aux cadres branchés du monde moderne: -- pourraient exister. C’est une question de volonté politique mais aussi publique. Prévenir l’arrivée en grand nombre et la fixation des anglicismes et des emprunts en français est l’une des missions de l’Académie française ainsi que des instances gouvernementales. -- On parle aussi facilement de l’«entraîneur» d’une équipe sportive que de son «coach» (malgré une nuance entre les deux), n’est-ce pas? Ainsi, donc, l’élimination des anglicismes en français –si tant est que cela fasse partie d’une certaine volonté– relève d’une responsabilité collective. -- 1995, a fait voter une loi (héritière de la loi Bas-Lauriol) visant notamment à «assurer la primauté de l’usage de termes francophones traditionnels face aux anglicismes». Dans le cadre de ce dispositif, l’Académie française s’est vu attribuer -- La présence de l’anglais dans la pub et le commerce en France (car il ne s’agit souvent plus de simples anglicismes) peut vraisemblablement s’expliquer par l’effet vendeur supposé. Seulement voilà, à en juger par la longue liste d’anglicismes que compte le français (voir la liste [raccourcie] en fin d’article), il faut croire que leur emploi reflète aussi une souplesse générale –ou -- incompatible avec un parler «international». Invasion des anglicismes? L’Académie répond «non» Selon l’académicien Patrick Vanier, le terme «invasion» s’agissant des anglicismes en français, est exagéré. «Il est excessif de parler d’une invasion de la langue française par -- permissif, pesticide.» Pourquoi ces anglicismes? «Cette extension des emprunts à l’anglais, qui a connu une -- nationale était en danger. Qu’en est-il vraiment? Un Dictionnaire des anglicismes de 1990 en enregistre moins de 3.000, dont près de la moitié sont d’ores et déjà vieillis. Les anglicismes d’usage, donc, représenteraient environ 2,5 % du vocabulaire courant qui comprend 60.000 mots. Un Dictionnaire des mots anglais du français de 1998, plus vaste, évalue les emprunts de l’anglais à 4% ou 5% du lexique français courant. Si l’on considère les fréquences d’emploi de ces anglicismes, on constate que beaucoup appartiennent à des domaines spécialisés ou semi-spécialisés et sont donc assez peu fréquents dans la langue courante. Quant aux termes -- pourcentage est du même ordre.» Peu d’anglicismes, vraiment? Cette position est à mon sens contestable. Certes, beaucoup d’anglicismes peuvent appartenir à des domaines spécialisés. Mais les nouvelles technologies et l’informatique font partie du -- Mais c’était en 1994! Même son de cloche dans cet article d’un journaliste québécois, qui nous dit que les anglicismes et l’anglais seraient rares dans le secteur de la publicité. Il s’appuie sur une étude publiée en 2009. -- Mais je ne veux pas non plus passer pour le traducteur vieux jeu… Car refuser d’employer des anglicismes «entrés dans l’usage», au niveau des mots ou de la structure, c’est aussi refuser d’évoluer avec sa langue! Toujours est-il que les exemples de ce type en français de France -- partageais mes soirées, utilisaient à l’envi les néologismes “cancellé” pour “annuler”, “switcher” pour “changer”… et légion d’autres d’anglicismes (kicker, puncher…) dans leur langage courant. Notamment quand ils défendaient dans des débats endiablés l’indépendantisme de la Belle Province. Faut-il y voir une ardeur à -- C’est exactement ça, à mon avis, le paradoxe québécois. Le joual, en particulier, est truffé d’anglicismes. Sur le plan terminologique d’abord. -- Ci-dessous, un florilège (pour ne pas dire «best-of», bien sûr) des anglicismes que j’ai répertoriés dans différents domaines de la vie. Dans cette liste, beaucoup de termes ont déjà des équivalents français, mais ils ne sont pas toujours privilégiés par rapport au mot anglais de -- Merci à l’équipe de terminologie et de néologie de l’Académie française, en particulier à MM. Patrick Vannier et Dominique Fernandez pour leurs éclairages sur les anglicismes et le comportement à adopter face à leur présence. Merci aussi à Betty Cohen, Associée déléguée chez PwC Canada, pour ses précisions sur ce que j’appelle le «paradoxe linguistique» québécois. 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