Le franglais en entreprise traduit-il un vide de la pensée ? DÉCRYPTAGE // Les anglicismes ont envahi nos bureaux, alors même que des équivalents français existent. Faut-il y voir un signe de paresse, de snobisme, la domination de la culture anglo-saxonne ou simplement -- Ils sont là tous les jours : benchmarking, networking, booster... Dans les métiers du numérique, du conseil ou encore de la finance, les anglicismes sont légion. Aux Echos START (oui, start, c’est mal) on n’est pas en reste. On ne passe plus d’appels téléphoniques, on fait des calls, on ne fait plus de réunions pour réfléchir, on brainstorme... Et puis bien sûr, ça se retrouve dans nos articles (mea culpa), voire dans nos titres : ici, là, ou encore là. Selon une étude du “Parisien”, neuf Français sur dix utilisent des anglicismes, dont 12% “très souvent” et 48% “de temps en temps”. Jean Maillet, linguiste et auteur des 100 anglicismes à ne plus jamais utiliser !¹ y voit une forme de snobisme. “On pense que c’est mieux d’utiliser un mot étranger, cela vous donne une certaine supériorité. -- langue française au sein des entreprises, en particulier pour les documents de travail. C’est pourtant à cette période que les anglicismes en France prennent leur essor, explique Jérôme Saulière, dans sa thèseAnglais correct exigé : Dynamiques et enjeux de l’anglicisation dans les entreprises françaises², parue en 2014. “A la -- pas toujours pour notre plus grand bonheur. A coup de reporting, team building, coworking et autres business model, certains frisent l’overdose. “On est obligés de subir les anglicismes. Soit tu t'adaptes et tu parles comme les autres, soit tu essayes de garder ta singularité et de parler français, au risque d’être has been”, nous confie Gelson, -- “L’anglais est synonyme de dynamisme, pour être tendance -j’allais dire trendy-, il faut utiliser les anglicismes et montrer qu’on est dans notre temps”, constate Gelson. Avec ses clients, pour la plupart des grands groupes, le franglais est de mise. “Le mot nous est suggéré -- __________________________________________________________________ Quelques conseils pour éviter les anglicismes (si cela vous dit) : - Quand un équivalent français existe, il est préférable de l’utiliser. - Des exemples de traduction ici et là. - Franciser les termes anglais : un scanneur, un YouTubeur, etc. ¹ Jean Maillet, 100 anglicismes à ne plus jamais utiliser - C’est tellement mieux en français, Le Figaro Eds, “Guide Figaro”, 2016, 156 p. 9,90 euros.