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    Chronique «A l'heure arabe»

    La revanche du niqab face au masque sanitaire obligatoire

    Par Hala Kodmani

    Toutes les semaines, chronique de la vie quotidienne, sociale et culturelle dans les pays arabes. Ce samedi, les touristes du Golfe qui cachaient déjà leur visage par un masque avant la crise du coronavirus, pour contourner les lois européennes.

    Elles n’ont pas attendu le coronavirus pour adopter le masque sanitaire dans l’espace public. Les touristes des pays du Golfe intégralement voilées avaient trouvé l’astuce ces dernières années. Elles ont remplacé leur niqab en tissu par l’accessoire de protection devenu aujourd’hui obligatoire quasiment dans la plupart de nos lieux publics. Contournant ainsi les lois adoptées en France comme dans plusieurs pays européens interdisant à l’islam rigoriste d’afficher son visage caché dans les rues, beaucoup ont pu continuer de venir en vacances en Europe. Fuyant les étés irrespirables dans leurs climats désertiques, ces touristes arabes fortunés ont préféré souvent le grand air des stations de montagne suisses ou autrichiennes où ils étaient mieux accueillis que sur la Croisette ou les Champs-Elysées.

    «Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage», stipule le texte de la loi adoptée en 2010 en France, pionnière de l’interdiction visant le voile intégral. Pris à la lettre, il devrait inclure le masque sanitaire qui nous couvre aujourd’hui du haut du nez au bas du menton. Mais les touristes saoudiennes ou émiriennes avaient déjà compris, bien avant que l’épidémie ne rende la formule caduque, qu’elles ne seraient pas poursuivies en circulant avec la protection antipollution. Ces traditionnalistes arabes ne se privent pas aujourd’hui de vanter leur clairvoyance ou de moquer comme récemment un article du Washington Post la France «qui rend les masques obligatoires mais interdit la burqa ».

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    «Les femmes peuvent-elles remplacer leur niqab par le masque sanitaire ? Le niqab protège-t-il du coronavirus ?» Ces questions sont désormais au cœur des débats des internautes arabes sur les réseaux sociaux. Les caractéristiques et mérites comparés entre masque anti-Covid et voile intégral suscitent discussions et polémiques aussi sur les plateaux des émissions religieuses qui se multiplient à la télévision pendant le mois sacré du ramadan – qui se termine ce week-end. Enturbannés et barbus de toutes tendances croisent le fer entre eux et avec des scientifiques pour déterminer «les vertus sanitaires du niqab». Un commentateur salafiste a fini par trancher le dilemme : «Le plus sûr pour les femmes est de porter le masque et puis le niqab par-dessus !» Reste qu'il y a peu de chances que les touristes des pays du Golfe puissent revenir dès cet été en vacances en Europe.

    Hala Kodmani
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