Coronavirus : ne pas porter de masque, une «grande erreur», met en garde un expert chinois

Le directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies George Gao estime que les Etats-Unis et l’Europe ont tort de limiter le port du masque aux soignants et aux malades.

 Selon le directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, les Français font une « erreur » en ne portant pas de masque (Photo d’illustration)
Selon le directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, les Français font une « erreur » en ne portant pas de masque (Photo d’illustration) LP/Aurélie Audureau

On se souvient avoir trouvé la pratique presque farfelue, en croisant dans l'Hexagone des touristes asiatiques portant des masques. Ou s'être étonné d'en trouver à la vente hors pharmacie, au milieu de robes et autres articles de mode, sur des sites de e-commerce populaires venus de Chine, à l'instar de SheIn ou Aliexpress. Et pourtant, porter un masque serait aujourd'hui le souhait de bien des Français, qui doivent toutefois faire face à une pénurie en pleine crise de coronavirus.

Faute de stock illimité, les autorités préconisent en effet de laisser ces protections aux personnes les plus exposées, comme les soignants. Voire d'en faire le don. Plus encore, le ministère de la Santé a martelé, au début de l'épidémie, que le port du masque était inutile lorsqu'on ne présentait pas de symptôme.

VIDÉO. Macron annonce la fabrication de 10 000 respirateurs d'ici mi-mai

Une aberration pour les Chinois, qui ont bien du mal à comprendre les réticences françaises. Il faut dire que traumatisés par l'épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) qui a balayé le continent en 2002-2003, et habitués à la pollution de l'air, les Asiatiques sont très loin de nos pudeurs sur le port du masque.

« Le simple fait de parler peut transmettre le virus »

Ce mercredi, le directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies George Gao met en garde : « La grande erreur aux Etats-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque. » Et de développer, dans un article de la revue Science repéré par Le Monde : « Ce virus se transmet par les gouttelettes respiratoires, de personne à personne. Les gouttelettes jouent un rôle très important, d'où la nécessité du masque – le simple fait de parler peut transmettre le virus. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s'échapper et d'infecter les autres », résume l'expert, qui accorde d'ordinaire peu d'interviews hors de son pays.

Par ailleurs, « partout où vous allez en Chine, il y a des thermomètres », confirme-t-il. « La prise de température généralisée permet de ne pas laisser entrer quiconque présente de la fièvre. Car la stabilité de ce virus dans l'environnement est une question-clé, qui reste à ce jour sans réponse. »

Risque d'un effet contre-productif ?

En effet, aucun scientifique n'a à ce jour déterminé avec exactitude le temps d'existence du virus sur une table, un paquet de riz ou un légume. « S'agissant d'un virus à enveloppe, on est tenté de penser qu'il est fragile et particulièrement sensible à la température ou à l'humidité des surfaces. Cependant, des résultats obtenus aux Etats-Unis et des études chinoises laissent penser qu'il serait très difficile à détruire sur certaines surfaces. Il pourrait être capable de survivre dans de nombreux environnements. Sur ce point, nous attendons des réponses scientifiques », indique encore George Gao. Ainsi, en attendant, il s'agit selon lui de généraliser les masques et bien respecter la distanciation sociale.

Appelez la population à ne pas porter de masques, sauf en cas de symptômes, n'est toutefois pas une lubie française. Les autorités suivent en effet les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Selon l'organisation onusienne, porter un masque pourrait en effet être contre-productif car les règles d'utilisation et d'élimination très strictes seraient difficilement respectées par le grand public.

Newsletter L'essentiel du matin
Un tour de l'actualité pour commencer la journée
Toutes les newsletters

Par exemple, se pensant protégées, les personnes munies d'un masque feraient moins attention à ne pas porter leurs mains au visage… notamment pour arranger le masque ! Il est donc important d'avoir d'abord bien intégré les « gestes barrières » dans ce pays peu habitué à de telles précautions.