Fichier de travail (INPUT) : ./DUMP-TEXT/utf8_3-29.txt
Encodage utilisé (INPUT) : UTF-8
Forme recherchée : socialmovements|industrialactions|socialmovement|industrialaction|mouvementsocial|mouvementssociaux|社會運動|社会运动
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Ligne n°3 : ... Chronique n°9- Ligne n°4 : Ma chronique précédente (la 8ème) avait pour objet de proposer la création d’un « mouvementsocial clientarien ». Selon moi, celui-ci redonnerait un sens aux luttes de classes d’aujourd’hui, en les adaptant au capitalisme néolibéral. Hélas, c’est plus facile à dire qu’à faire. C’est pourquoi, cette 9ème chronique et la suivante seront consacrées aux conditions de possibilité d’un tel mouvementsocial. Or, nous venons précisément d’avoir sous les yeux un exemple significatif, celui des « Gilets jaunes », qui prouve que ce type d’action est possible. Analysons-le ici, à la lumière de ce que les sociologues savent (ou croient savoir) des mouvementssociaux.
- Ligne n°4 : Ma chronique précédente (la 8ème) avait pour objet de proposer la création d’un « mouvementsocial clientarien ». Selon moi, celui-ci redonnerait un sens aux luttes de classes d’aujourd’hui, en les adaptant au capitalisme néolibéral. Hélas, c’est plus facile à dire qu’à faire. C’est pourquoi, cette 9ème chronique et la suivante seront consacrées aux conditions de possibilité d’un tel mouvementsocial. Or, nous venons précisément d’avoir sous les yeux un exemple significatif, celui des « Gilets jaunes », qui prouve que ce type d’action est possible. Analysons-le ici, à la lumière de ce que les sociologues savent (ou croient savoir) des mouvementssociaux.
- Ligne n°4 : Ma chronique précédente (la 8ème) avait pour objet de proposer la création d’un « mouvementsocial clientarien ». Selon moi, celui-ci redonnerait un sens aux luttes de classes d’aujourd’hui, en les adaptant au capitalisme néolibéral. Hélas, c’est plus facile à dire qu’à faire. C’est pourquoi, cette 9ème chronique et la suivante seront consacrées aux conditions de possibilité d’un tel mouvementsocial. Or, nous venons précisément d’avoir sous les yeux un exemple significatif, celui des « Gilets jaunes », qui prouve que ce type d’action est possible. Analysons-le ici, à la lumière de ce que les sociologues savent (ou croient savoir) des mouvementssociaux.
- Ligne n°6 : Promouvoir un mouvementsocial, c’est toujours construire un « nous » (une solidarité entre des « je »), qui s’engage dans un échange conflictuel contre un « eux » (un adversaire), au nom d’un bien collectif, d’un « enjeu », et qui met en œuvre certaines « méthodes » efficaces de lutte. Exemples classiques : « Nous » (les ouvriers, les femmes, les noirs, les immigrés, les homosexuels, etc.), contre « eux » (les bourgeois, les hommes, les blancs, les Belges, les hétérosexuels, etc.), au nom d’un bien dont « nous » estimons être privés (le bien-être, la liberté, l’égalité des genres, des races, des cultures, etc.), et que nous revendiquons par certaines « méthodes » (la grève, les manifestations de rue, le boycott, etc.)[1]
Ligne n°7 : Construire une telle forme d’action est souvent très difficile, et parfois même impossible, parce que tous ceux qui sont victimes d’une privation (d’un bien quelconque) ne sont pas disposés à s’engager dans une action collective conflictuelle. Et ce, pour trois raisons au moins : ...
Ligne n°8 : ...a) La première raison est que la privation d’un bien n’engendre pas toujours de l’indignation chez ceux qui en sont victimes. Ils sont conscients de la privation, ils en conçoivent même de la frustration, mais pas forcément un sentiment d’injustice. Or, il n’y a d’indignation que si les intéressés estiment que « ce n’est pas juste, pas bien, pas normal » d’être traités comme ils le sont. Mais, la plupart du temps, ils se font une raison : ils se disent que « c’est ainsi depuis toujours », que « c’est naturel et qu’on n’y peut rien » et même que « c’est la fatalité, que c’est Dieu qui l’a voulu » ou, pire encore, que « c’est de notre faute »! Et ils se débrouillent comme ils peuvent : tantôt ils font même preuve d’un plus grand dévouement envers ceux qui les dominent, en espérant être récompensés pour cela ; tantôt, au contraire, ils trichent et profitent du « système » ; ou bien ils font les deux !- Ligne n°9 : b) La seconde raison est que, même ceux qui ressentent de l’indignation ne se mobilisent pas toujours dans un mouvementsocial. Ils cherchent souvent d’autres réponses possibles que de s’engager dans un conflit ouvert et ils se donnent pour cela de bonnes raisons : « Ce n’est pas ça qu’il faut faire, ça ne sert à rien ». Ils préfèrent soit une solution individuelle (« Je fais ma révolution personnelle », « Je fais mon jardinet », « Je trie mes déchets »), soit un projet collectif, mais limité à des petits groupes (« Je participe à un groupe d’achats en commun », « Je place mes économies dans une banque éthique »). Ainsi, les solutions qu’ils adoptent résolvent bien leur propre problème (ils échappent peu ou prou au néolibéralisme), mais ne présentent pas de véritable menace pour le « système » ; parfois même, leurs actions sont « fonctionnelles »[2] par rapport à ce « système ».
Ligne n°10 : c) La troisième raison est que, même, ceux qui se mobilisent ne s’organisent pas toujours : ils peuvent se rebeller, participer à des émeutes, se défouler pendant quelques jours… puis rentrer chez eux et continuer à vivre comme avant ! Ce ne sont pas les exemples qui manquent, de rébellions coûteuses en vies humaines et en dégâts matériels, qui n’ont servi qu’à justifier la répression qui leur a été opposée, mais ont été entièrement inutiles à la résolution du problème qui les avait provoquées. ...
Ligne n°10 : ...c) La troisième raison est que, même, ceux qui se mobilisent ne s’organisent pas toujours : ils peuvent se rebeller, participer à des émeutes, se défouler pendant quelques jours… puis rentrer chez eux et continuer à vivre comme avant ! Ce ne sont pas les exemples qui manquent, de rébellions coûteuses en vies humaines et en dégâts matériels, qui n’ont servi qu’à justifier la répression qui leur a été opposée, mais ont été entièrement inutiles à la résolution du problème qui les avait provoquées.- Ligne n°11 : Bref, la formation d’un mouvementsocial efficace passe par la résolution des trois problèmes que je viens de signaler. Il faut que ceux qui sont privés s’indignent, que les indignés se mobilisent, et que les mobilisés s’organisent. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut que certaines conditions soient réunies : certaines de celles-ci peuvent être créées par l’action du mouvement lui-même, mais d’autres sont indépendantes de son intervention, donc hors de sa portée. Je précise que les conditions que je vais citer ci-après ne sont pas des « conditions nécessaires et suffisantes » comme celles que l’on trouve en physique : « Si cette eau est pure, si elle est soumise à une pression d’une atmosphère et si elle est portée à 100°, alors, toujours, elle bout ! » Non ! Nous avons affaire à des humains, à des êtres dotés de conscience, qui peuvent, tantôt plus, tantôt moins, choisir leurs comportements : ils ne sont donc jamais entièrement soumis à des causes efficientes (à un déterminisme absolu). Chacune des conditions citées ci-dessous est utile, contribue à la formation d’un mouvementsocial, augmente la probabilité de sa survenance, mais celle-ci peut aussi se produire si certaines d’entre elles manquent à l’appel. C’est pourquoi les mouvementssociaux sont le plus souvent imprévisibles : qui avait prévu le mouvement des Gilets jaunes ?
- Ligne n°11 : Bref, la formation d’un mouvementsocial efficace passe par la résolution des trois problèmes que je viens de signaler. Il faut que ceux qui sont privés s’indignent, que les indignés se mobilisent, et que les mobilisés s’organisent. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut que certaines conditions soient réunies : certaines de celles-ci peuvent être créées par l’action du mouvement lui-même, mais d’autres sont indépendantes de son intervention, donc hors de sa portée. Je précise que les conditions que je vais citer ci-après ne sont pas des « conditions nécessaires et suffisantes » comme celles que l’on trouve en physique : « Si cette eau est pure, si elle est soumise à une pression d’une atmosphère et si elle est portée à 100°, alors, toujours, elle bout ! » Non ! Nous avons affaire à des humains, à des êtres dotés de conscience, qui peuvent, tantôt plus, tantôt moins, choisir leurs comportements : ils ne sont donc jamais entièrement soumis à des causes efficientes (à un déterminisme absolu). Chacune des conditions citées ci-dessous est utile, contribue à la formation d’un mouvementsocial, augmente la probabilité de sa survenance, mais celle-ci peut aussi se produire si certaines d’entre elles manquent à l’appel. C’est pourquoi les mouvementssociaux sont le plus souvent imprévisibles : qui avait prévu le mouvement des Gilets jaunes ?
- Ligne n°11 : Bref, la formation d’un mouvementsocial efficace passe par la résolution des trois problèmes que je viens de signaler. Il faut que ceux qui sont privés s’indignent, que les indignés se mobilisent, et que les mobilisés s’organisent. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut que certaines conditions soient réunies : certaines de celles-ci peuvent être créées par l’action du mouvement lui-même, mais d’autres sont indépendantes de son intervention, donc hors de sa portée. Je précise que les conditions que je vais citer ci-après ne sont pas des « conditions nécessaires et suffisantes » comme celles que l’on trouve en physique : « Si cette eau est pure, si elle est soumise à une pression d’une atmosphère et si elle est portée à 100°, alors, toujours, elle bout ! » Non ! Nous avons affaire à des humains, à des êtres dotés de conscience, qui peuvent, tantôt plus, tantôt moins, choisir leurs comportements : ils ne sont donc jamais entièrement soumis à des causes efficientes (à un déterminisme absolu). Chacune des conditions citées ci-dessous est utile, contribue à la formation d’un mouvementsocial, augmente la probabilité de sa survenance, mais celle-ci peut aussi se produire si certaines d’entre elles manquent à l’appel. C’est pourquoi les mouvementssociaux sont le plus souvent imprévisibles : qui avait prévu le mouvement des Gilets jaunes ?
- Ligne n°33 : [1] On aura reconnu les trois principes constitutifs d’un mouvementsocial selon Alain Touraine : l’identité (« nous »), l’opposition (« eux ») et la totalité (« l’enjeu »), auxquels j’en ajoute un quatrième (« les méthodes »).
Ligne n°34 : [2] Comme l’explique bien Philippe De Leener : « Viva for Life : une alternative dérisoire à la solidarité » (voir sa chronique sur le site de POUR). ...