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Forme recherchée : socialmovements|industrialactions|socialmovement|industrialaction|mouvementsocial|mouvementssociaux|社會運動|社会运动
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- Ligne n°2 : “Peste brune” ou “mouvementsocial”, les qualificatifs pour nommer la colère des “Gilets Jaunes” ont été nombreux et, souvent, contradictoires. Selon l’adage bien connu que l’on accorde à Nicolas Boileau, ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Un an après, que reste-t-il de la “France des ronds-points”? Les “Gilets jaunes”: de la symbolique à la prise de pouvoir Pied de nez à une partie de la classe “bien-pensante” que l’on retrouve bien lotie dans les ficelles médiatiques et les cabinets de gouvernance, une partie des Français invisibles sur les radars de la précarité et de la mobilité -en somme la catégorie des “pas assez” ou “trop” (pas assez mobile, trop aisé pour être aidé…)- crie son ras-le-bol sur un lieu emblématique: le rond-point. Le rassemblement interpelle à plusieurs égards.Tout d’abord, le poids numérique: le rassemblement est visuellement imposant, les médias sont obligés d’en parler et d’évoquer ce Réel. Ensuite, il vient raviver un Imaginaire, celui de la révolte populaire durant laquelle les paysans (ou “bouseux” et autres “bolosses” d’aujourd’hui, “illettrés” forcément…) réveillent ceux, plus privilégiés, qui jouissent du confort de leurs fonctions. Pour ces derniers, c’est la stupeur. L’historien Gérard Noiriel nous a rappelé à cet égard les similitudes entre ce mouvement et les Jacqueries.Enfin, et surtout, le mouvement résonne sur le plan symbolique. La France des invisibles fait la Une des journaux, en assumant sans le vouloir une certaine beaufitude, pour ne pas dire beauferie, prenant un malin plaisir à arborer ce vêtement dont Karl Lagerfeld disait lui-même: “c’est jaune, c’est moche, ça ne va avec rien…”. Cette “France moche” -expression ravivée par l’historien Pierre Vermeren- c’est celle des ronds-points, dont les stupides décorations-gadgets rappellent un semblant d’histoire et de vécus, restes périmés d’une mondialisation malheureuse.