Après le Brexit, de nombreux résidents européens risquent de vivre dans l’illégalité au Royaume-Uni

Les Européens installés outre-Manche doivent s’enregistrer pour conserver leurs droits, mais ces démarches sont parfois compliquées.

Par

Publié le 29 décembre 2020 à 11h10

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Un policier français vérifie les passeports et les véhicules à l’entrée du tunnel sous la Manche à Calais, le 31 janvier 2020.

Le compte à rebours est presque terminé. Jusqu’au 31 décembre à minuit, un citoyen de l’Union européenne qui s’installerait au Royaume-Uni aura le droit automatique d’y vivre et d’y travailler. Le lendemain, il sera trop tard et un permis de travail sera requis.

Avec l’entrée en vigueur des accords post-Brexit, les Européens vivant au Royaume-Uni vont donc se diviser en deux groupes distincts, selon leur date d’arrivée dans le pays. Mais comment les distinguer ? Dans un pays qui n’a ni carte d’identité ni base de données centralisée de la population, les autorités britanniques ont dû se lancer dans un immense exercice d’enregistrement des quelque 3,7 millions d’Européens résidant outre-Manche. Ceux-ci ont jusqu’au 30 juin 2021 pour s’y inscrire. Au-delà, ils tomberont dans l’illégalité.

De nombreuses associations tirent la sonnette d’alarme, craignant que des dizaines de milliers de personnes, peut-être plus, soient en train de passer entre les mailles du filet. « A terme, il va y avoir beaucoup de tragédies individuelles », s’inquiète Monique Hawkins, de l’association The 3 million, qui représente les Européens vivant au Royaume-Uni.

De nombreux cas compliqués

Le « settled status » (permis de résident permanent), créé spécialement pour ces Européens, est attribué relativement facilement. Il suffit de prouver sa résidence au Royaume-Uni. Si celle-ci date de moins de cinq ans, un statut temporaire (« pre-settled status ») est accordé ; plus de cinq ans, et le statut devient permanent. Pour quelqu’un qui dispose d’un contrat de travail, par exemple, c’est simple.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « J’ai l’impression d’être un citoyen de seconde zone qui doit justifier son existence » : au Royaume-Uni, des Européens en colère

Mais de très nombreux cas se révèlent compliqués. Peu avant la pandémie, le journaliste Jakub Krupa, qui est volontaire au Centre polonais de Londres, a vu débarquer un Polonais présent au Royaume-Uni depuis quatorze ans. « Il n’avait pas de compte en banque, parce qu’il ne faisait que des boulots payés de la main à la main. Il n’avait pas de contrat de travail. Il n’avait pas de contrat de location de sa chambre, qu’il sous-louait. Et il n’avait plus ses billets d’avion ou de car montrant son arrivée au Royaume-Uni. A la fin, on a fini par soumettre sa carte d’abonnement au métro de Londres comme preuve de résidence. »

Barbara Drozdowicz, directrice du East European Resource Center (EERC), voit passer de nombreux cas similaires. « Beaucoup des gens qui viennent dans notre centre lisent mal, et ne sont pas capables d’assimiler un document administratif complexe. » Il faut les accompagner pas à pas dans leur démarche, en espérant trouver des documents en ordre. « Il y a aussi les personnes âgées qui sont venues au Royaume-Uni pour s’occuper de leurs petits-enfants, pendant que leurs enfants travaillent ici », continue-t-elle. Ces dernières n’ont généralement ni bail ni contrat de travail. Mais si elles veulent rester légalement au Royaume-Uni au-delà du 30 juin, elles devront obtenir le « settled status ». Au total, l’EERC a aidé 8 500 personnes à s’enregistrer.

Il vous reste 50.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.