
Appartiennent-elles au passé, ces fins de journée dans un pub de Val-d’Isère plein à craquer d’Anglais eux-mêmes un peu gris, jetant un œil distrait sur un match de Premier League ? Est-ce la fin du tea time au chalet, servi au coin du feu par une jeune étudiante moitié skieuse, moitié maître d’hôtel ? La crise due au Covid-19 prive cet hiver les Alpes de leur première clientèle étrangère quand l’imminence du Brexit avait, déjà, été source d’inquiétudes.
L’idylle entre les Britanniques et les Alpes françaises remonte à loin : on attribue aux explorateurs William Windham et Richard Pococke, en 1741, la découverte de la mer de Glace dans le massif du Mont-Blanc. L’engouement ne s’est jamais démenti, au point que dans certains endroits comme Chamonix on s’est parfois irrité au tournant du siècle de ces Anglais qui faisaient grimper les prix de l’immobilier et servaient le thé avec un nuage de lait.
Mais, dans l’ensemble, les Alpes accueillent à bras ouverts ces quelque 500 000 Britanniques qui viennent skier chaque hiver. Ils représentent 10 % de la clientèle des massifs français et bien davantage dans les grandes stations de la Tarentaise, où leur part peut dépasser les 40 %. Chaque séjour, généralement d’une semaine, génère une dépense de 700 à 800 euros par personne.
Selon une étude du cabinet LHM Conseil pour l’agence touristique Savoie-Mont-Blanc – réunissant les deux Savoies, soit les deux tiers des forfaits de ski vendus en France –, la France demeure le premier marché des skieurs britanniques (36 %), loin devant l’Autriche (17 %) et la Suisse (10 %).
Brouillard
Cette année, le gâteau risque d’être minuscule. Citant la crise liée au Covid-19 et « un marché du voyage difficile », Eurostar a mis fin cette saison à son « ski train », qui convoyait jusqu’à présent 30 000 Britanniques chaque hiver de la gare londonienne de Saint-Pancras à Bourg-Saint-Maurice (Savoie). Les pétitions des élus de la montagne française n’y ont rien fait.
Avant l’apparition d’une souche mutante du SARS-CoV-2, qui a coupé le Royaume-Uni du reste de l’Europe, le nombre de lits réservés par les tour-opérateurs britanniques dans les Alpes françaises était déjà en baisse d’un tiers. Les grandes stations espéraient un rattrapage entre février et avril mais elles ont désormais devant elles un vrai brouillard anglais. Quatre tour-opérateurs spécialisés dans les séjours britanniques à la montagne ont déjà mis la clé sous la porte, selon Atout France.
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