Les migrants touchent-ils plus que les retraités français, comme l'affirme Marine Le Pen ?
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Marine Le Pen en pleine campagne des européennes.
Une simple phrase démagogique mais fausse peut suffire pour convaincre en politique. La preuve avec la dernière en date de la présidente du Rassemblement national (RN).
"Est-il normal qu'un migrant fraîchement débarqué puisse toucher davantage qu'un retraité modeste qui a travaillé et cotisé toute sa vie ?"
En glissant cette petite phrase (anodine ?) dans un de ses meetings pour les élections européennes dimanche 24 février, Marine Le Pen a voulu faire un coup de marketing. Peu importe la véracité du propos s'il est convaincant, une vieille astuce politique. Mais cette déclaration est purement fausse.
"Est-il normal qu'un #migrant fraîchement débarqué touche plus qu'un retraité français qui a travaillé toute sa vie ?" #Caudry #OnArrive pic.twitter.com/nXVyjNggrm
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) February 24, 2019
Alors combien touche exactement un migrant en France ? Et un retraité ? Le point en quelques données.
Migrant, demandeur d'asile, réfugié...
Il faut tout d'abord donner une définition de migrant, même si juridiquement aucune n'a été émise officiellement. Pour ne pas rentrer dans des détails de statuts un peu compliqués voici une liste non exhaustive :
Pour l'Unesco, un migrant est une personne qui vit de façon temporaire ou permanente dans un pays dans lequel il n’est pas né.
- Demandeur d'asile est selon la Cimade une personne qui a quitté son pays d’origine et souhaite obtenir le statut de réfugié.
- Un réfugié est un étranger qui a obtenu une réponse favorable à sa demande d'asile et qui de ce fait est autorisé à séjourner en France.
- Travailleur migrant est une personne qui exerce une activité rémunérée dans un pays dont elle n'est pas ressortissante. Cette personne est donc salariée, donc elle touche une rémunération de son travail.
- Un sans-papiers est une personne dont le visa a expiré et qui continue à vivre dans le pays où elle se trouve. Soit elle pas pu obtenir le droit d’y séjourner durablement, soit sa demande d'asile a été rejetée.
L'allocation pour les demandeurs d'asile de 210 à 440 euros par mois
Il faut savoir qu'un demandeur d'asile n'a pas l'autorisation de travailler sur le territoire français. En attendant que sa demande pour obtenir le statut de réfugié soit examinée, le demandeur d'asile touche une aide : l'allocation pour demandeur d'asile, l'ADA qui est censée "garantir un niveau de vie digne" selon la directive européenne.
Soit 6,80 € par jour, ce qui équivaut à 210,80 € par mois (pour les mois à 31 jours). Pour obtenir cette allocation, il faut obtenir une attestation de demande d'asile - qui nécessite une démarche longue et difficile et avoir demandé un hébergement, entre autres.
Si l'Etat ne peut obtenir au demandeur d'asile une place dans un centre d'accueil - ce qui est fréquent, l'allocation est majorée de 7,40 € par jour, soit 229,40 € pour un mois à 31 jours.
Un demandeur d'asile peut donc toucher au maximum 14,20 € par jour soit 440,20 €. Bien entendu, il faut plusieurs semaines pour constituer un dossier et toucher l'allocation pour se nourrir, se loger et s'habiller.
L'allocation de solidarité aux personnes âgées à 868 € par mois
L'allocation de solidarité aux personnes âgées s'élève quant à elle à 868 € par mois. Chaque retraité français de plus de 65 ans qui ne touche aucun revenu ou qui touche moins de 868 € touchera cette allocation.
Un retraité touche au minimum le double de ce que touche aumaximum un demandeur d'asile
Au maximum un demandeur d'asile peut toucher 440 €, un retraité 868 € donc un retraité touche au minimum le double de ce que touche au maximum un demandeur d'asile.
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