Distanciation sociale : des chercheurs britanniques remettent en question la distance d’1 mètre

Garder une distance d’un mètre entre deux personnes une allégation scientifique dépassée, selon des chercheurs britanniques. Dans une analyse, ils détaillent pourquoi cette vision de la transmission du virus est trop simpliste.

Un mètre de distanciation, une allégation dépassée selon une étude © istock

La lutte contre la Covid-19 est plus que jamais d’actualité alors qu’une seconde vague de contaminations semble arriver en France. Le Premier Ministre Jean Castex a ainsi fait état ce jeudi 27 août d’une “phase incontestable de recrudescence de l’épidémie”, avec “plus de 3 000 nouveaux cas par jour”.

Se laver les mains très régulièrement, porter un masque, tousser dans son coude...Ou encore garder une distance d’au moins un mètre entre soi et autrui sont les principaux gestes barrière à respecter plus que jamais pour limiter la propagation du nouveau coronavirus Sars-CoV-2. 

Pourtant, il est une de ces règles qui serait particulièrement dépassée, si l’on en croit des chercheurs britanniques de l’Université d’Oxford. Dans une analyse publiée le 25 août dans leBritish Medical Journal (BMJ), ils estiment que cette règle d’un ou deux mètres entre deux personnes pour réduire la propagation du coronavirus est scientifiquement “dépassée”, et basée sur des connaissances liées à d’autres virus et donc non spécifiques.

La distanciation sociale d’un mètre est en effet basée sur le fait que le virus se transmettrait via de grosses gouttelettes (ou postillons) ou un peu plus petites gouttelettes présentes en suspension dans l’air lorsque l’on parle, éternue ou tousse. Pour les auteurs de l’analyse, cette règle exclut donc le rôle non négligeable de l’air expiré, qui, peut être chargé de particules virales même s’il ne contient pas de grosses gouttelettes de salive.

De plus, plusieurs travaux scientifiques suggèrent que le Sars-CoV-2 peut parcourir :

Par ailleurs, les systèmes de ventilation et de renouvellement de l’air ont également un rôle à jouer dans la propagation ou non des particules virales.

En d’autres termes, décréter une distance d'un mètre entre deux personnes est trop simpliste voire insuffisant selon les circonstances. La charge virale de la personne qui émet les microgouttelettes, la durée de l’exposition à son air expiré, le port ou non du masque, le type d’activité exercé et les niveaux de ventilation sont autant de facteurs qui influent sur la transmission virale et qui sont à prendre en considération, estiment les chercheurs. Idéalement, il faudrait ainsi offrir “une plus grande protection dans les contextes les plus risqués, mais aussi une plus grande liberté dans les contextes à faible risque, permettant potentiellement un retour à la normalité dans certains aspects de la vie sociale et économique”, écrivent-ils.

Les chercheurs ont notamment mis au point un tableau où le risque d’infection est notifié en vert (faible), jaune (moyen) et rouge (fort) selon le niveau d’occupation d’un lieu (faible ou élevé), le fait qu’il s’agisse d’un lieu extérieur, intérieur bien ventilé ou encore intérieur mal ventilé, et selon la durée de contact avec autrui, le port ou non d’un masque et le fait de parler, chanter ou rester silencieux.

© BMJ

Ainsi, dans un lieu mal ventilé et très fréquenté, on est pratiquement toujours à haut risque d’être contaminé par un individu atteint, peu importe si l'on parle ou non, tandis que dans un lieu peu fréquenté et en extérieur, le risque est presque toujours faible.

Les auteurs de l’analyse estiment en fait que la distanciation physique s’inscrit dans un ensemble de mesures sanitaires visant à enrayer l’épidémie de Covid-19 : lavage des mains, nettoyage des surfaces, assainissement de l’air, port d’équipements de protection tels que le masque, isolement des personnes infectées… En somme, à elle seule, la distanciation physique est largement insuffisante dans certaines circonstances, tandis qu’elle peut être exagérée dans d’autres cas.

Source : MedicalXpress

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